【SEGA❤︎SATURN】30 ans d’espace-mémoire inclus dedans

:birthday:03/30 GHOST in the SHELL Kōkakukidōtai Premium Photo•CD

La Saturn est souvent mécomprise par les badauds comme une « mauvaise version de la PlayStation » mais c’est parce que les gens oublient trop souvent les grandes aspirations multimédia de la console de Sega, qui est finalement beaucoup plus comparable dans l’esprit avec ce que Sony a tenté de faire plus tard avec la PSP et la PS3 : des machines ne se contentant pas de proposer du jeu vidéo mais carrément la plate-forme centrale de tous les loisirs du salon.

Preuve en est l’OS bien plus avancé de la Saturn (sans doute le plus complexe pour une console de salon jusqu’à la génération Xbox360 / Wii / PS3), ses deux modems (14.4kbps au Japon & 28.8kbps en Occident), mais surtout la sortie le 23 juin 1995 de trois solutions média additionnelles vendues séparément : la Video Movie Card (pour améliorer le décodage vidéo et lire les disques Video CD), le Photo CD Operator (pour lire des disques au format Kodak Photo CD) et le Denshi Book Operator (pour lire des fichiers EB, EB-G ou EB-XA – la préhistoire du livre électronique).

Vous seriez donc courtois d’admettre que la Saturn du petit Sega a bien mieux réussi cette « promesse multimédia totale » permise par le format CD-ROM là où diverses plateformes de géants de l’électronique ont échoué : le CD-I (de Philips), le PC-FX (de NEC), la 3DO (soutenue par Panasonic), le LaserActive (de Pioneer), la Pippin (Apple et Bandai), l’Envision (Olivetti) etc.

Le problème, c’est évidemment que la révolution multimédia ne s’est pas exactement déroulée comme tout ce beau monde l’anticipait circa 1992〜1993. C’est Windows 95 qui a finalement remporté la timbale du virage multimédia en imposant le PC compatible IBM, au nez et à barbe d’Apple notamment, comme la machine multimédia unifiant la famille autour du réseau Internet balbutiant et des premiers Codecs évolutifs. Ni le Photo CD, ni le Video CD (sauf en Asie sinophone), ni l’EB-CD n’ont réussi à s’imposer dans les salons.

Mais soumettons l’hypothèse que vous ayez cru à cette vision du futur multimédia, et que vous ayez par exemple acheté un :jp:Photo CD Operator ou son équivalent :us::eu: Photo CD Operating System avec la console autour de l’automne 1995. À quel univers multimédia parallèle privilégié auriez-vous pu goûter ?

Eh bien, par exemple, le film Ghost in the Shell, donc Kōkakukidōtai sur place, est sorti le 18 novembre 1995 au Japon – j’ai même failli caler la sortie du post exprès mais ne prenons pas de risque – et les premiers pamphlets produits pour le film avaient eu le chic avant-gardiste de sortir sous la forme d’un simple fascicule avec la majorité de son contenu numérisé dans un Photo CD.

J’ai ce disque, car ❶ c’est GiTS ❷ ça m’a coûté une paille et surtout ❸ je n’ai malheureusement pas trouvé beaucoup d’autres exemples de Photo CD un peu cools justifiant les valeureux efforts de Sega avec cette console décidément maudite, le Photo CD ayant été un four pour Kodak.

Mais le contenu du disque est franchement assez fascinant, surtout remis dans le contexte de l’époque, avant la démocratisation de l’Internet et l’arrivée de solutions de transfert de données suffisamment rapides comme le 56k ou le câble. C’est une grande archive numérique de Ghost in the Shell, divisée en deux grandes sections : le manga de Shirow, et le film de Production I.G. ; il y a une petite centaine d’images en tout, tirées de pages finales du manga, de travaux préparatoires, de layouts, de storyboards… C’est très éclectique.

























Pour accéder à ces images (et convertir leur format .PCD en .JPG) en 2024, on peut par exemple passer par un plugin d’IrfanView sur Windows. Mais comprenez bien que cela ne retranscrit pas fidèlement l’impression des images sur un écran cathodique contemporain du format Photo CD. En plus de leur résolution native évidemment dérisoire sur un écran moderne (768*512) mais totalement appropriée pour le mode haute résolution dont était capable la Saturn, les images ont une sharpness et une vibrance pensées pour le rafraîchissement cathodique sur du S-video ou du RGB21. Dans son état naturel, le rendu est franchement assez épatant et on comprend pourquoi Kodak comme Sega ou Philips y croyaient à l’époque.

D’un point de vue logiciel, le Photo CD Operator a pour avantage d’être plus performant et mieux foutu que la plupart de ses concurrents, avec une barre d’options assez complète pour naviguer dans le contenu et un affichage des photos assez réactif. On a vraiment l’impression de naviguer dans un menu bonus de DVD, ou de visiter la galerie d’une shrine sur le Web au tournant du siècle.

Je voulais conclure avec le contenu le plus intéressant de ce disque, qui m’aurait sans doute rendu complètement marteau si je l’avais réellement découvert en 1995〜1997. Le disque détaille la conception de trois plans spécifiques du film et c’est absolument génial ; une expo ne pourrait pas faire mieux (d’ailleurs ça me rappelle l’expo Akira qui avait tourné au Japon à peine réouvert du COVID il y a quelques années, cc. @GinTo ).














People love machines in 2024 A.D.

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