【SEGA❤︎SATURN】30 ans d’espace-mémoire inclus dedans

:birthday:19/30 【Play F to pay respects】monte dans la Saturn, Shinji !

On va essayer de conserver le rythme segasatakhanoviste de deux posts par jour en mettant aujourd’hui à l’honneur un titre qui a eu l’audace de sortir en deux parties, à une époque où ce genre de commercialisation fragmentée était encore bien peu commune et avait d’ailleurs fait jaser.

Super Robot Taisen F, ou Super Robot Wars F, est le meilleur jeu Saturn de 1997, un des meilleurs jeux de la console, un des meilleurs jeux tactiques jamais sortis et un des meilleurs jeux de robots de l’Histoire des jeux vidéo. Le jeu a été un des rares succès commerciaux de la Saturn post-1996, c’est l’un des titres les plus plébiscités de la console dans les sondages de popularité nippons, un des rares jeux Saturn dont beaucoup de Japonais (et notamment des développeurs) parlent encore avec émotion, et un des jeux Saturn qui a le mieux vieilli techniquement et esthétiquement, grâce à sa 2D modeste mais efficace, ses temps de chargement (du coup) très courts, ses sprites expressifs et ses charmantes reprises chiptune de grands classiques de l’animation japonaise.

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Eh bien, on a du bol, car ce jeu a failli ne jamais exister.

En 1996, Banpresto avait fait son choix. Sa nouvelle série-vedette, Super Robot Taisen, allait déménager de la Super Famicom vers la PlayStation. Pour rappel, le concept de base de Super Robot Taisen est de réunir toutes les franchises de super robots dans un gigantesque crossover tactique, avec un scénario original faisant toutefois constamment référence dans ses bastons ou ses dialogues aux scènes cultes de chaque série, et surtout permettant aux fans de découvrir des interactions marrantes entre personnages et robots de séries différentes.

Vous rêvez – comme Anno Hideaki – de voir (enfin, de lire) la fameuse scène de Gundam avec Bright Noah qui file une claque à Amuro, mais avec Shinji d’Evangelion à la place d’Amuro ? Dans Super Robot Taisen F, c’est possible !

Suite à Dai-4-Ji Super Robot Taisen (1995), qui concluait plus ou moins la saga entière des épisodes Super Famicom, Banpresto avait décidé de quitter les sprites en SD sur la nouvelle génération de consoles. Le public était prêt pour une nouvelle saga utilisant des robots à taille réelle. Ce jeu allait être Shin Super Robot Taisen. Pour accélérer la transition, Banpresto avait d’abord sorti un rapide portage du jeu précédant, Dai-4-Ji Super Robot Taisen S (1996), corrigeant quelques bugs et rajoutant des voix à certaines attaques. Shin Super Robot Taisen allait lui sortir pour Noël 1996. Et bider, en partie parce que lui manquait la nouvelle série-phare du moment, Shinseiki Evangelion.

En 1996, Bandai avait fait son choix. Confronté à des ventes de jouets en chute libre et à l’échec monumental de la Pippin, le fabricant allait fusionner avec Sega, une boîte qui semblait mieux piger les États-Unis, mieux piger les jeux vidéo (ils venaient même de battre Nintendo et Sony au Japon en 1995 !), et possédait un réseau impressionnant de salles d’arcade.

Encore plus fou : alors que Bandai avait connu un bide retentissant avec les figurines de cette nouvelle série chelou Evangelion, incapable d’attirer les fans habituels de plastic models, Sega venait de cartonner avec le premier jeu Shinseiki Evangelion sur Saturn, en rupture de stock immédiate (suite justement à la méfiance des détaillants échaudés par l’échec de Bandai et qui n’avaient pas cru dans le jeu).

Cela faisait déjà plusieurs fois que Sega avait investi dans un comité de production de dessin animé, mais Evangelion fut leur coup le plus retentissant. La bonne IP, explosant au meilleur moment (juste après le Noël de Virtua Fighter 2), avec le bon produit : plutôt qu’une maquette, un dessin animé interactif tirant partie des capacités multimédia de la console, racontant un épisode inédit (et interactif, donc un peu le Bandersnatch de son époque). Décidément, Sega avait tout du gendre idéal… Avant que le Tamagotchi ne sauve Bandai et qu’ils se rendent compte qu’ils pouvaient faire sans les gars qui venaient tout juste de se faire marav’ par Sony et FF7 au tournant de la nouvelle année.

Mais bref, fut une courte parenthèse enchantée où c’était Sega qui avait les droits de la série de robots la plus populaire du moment, et non Bandai ou même ses rivaux habituels, Takara et Tomy. Je vous renvoie à cette bonne rétrospective des différentes adaptations vidéoludiques d’Evangelion si vous voulez en savoir plus sur les sept (!) jeux Saturn en rapport direct avec le phénomène Evangelion.

C’est dans ce contexte que Banpresto, filiale de Bandai, est allé toquer à la porte de Sega pour leur proposer un nouveau portage de Dai-4-Ji Super Robot Taisen, mais avec Shinji et ses copines.

Et devant l’enthousiasme commun de Sega trop contét d’avoir son SRT, de Terada Takanobu (le cerveau de la série SRT) trop content d’avoir Eva dans son jeu, et même d’Anno Hideaki tellement fan de SRT qu’il a tordu le bras de Gainax pour accepter, cette troisième version de SRT4 est finalement devenue un jeu assez différent de SRT4, quasiment un remake effaçant et remplaçant les évènements de SRT4 pour devenir Super Robot Taisen F. (F pour Final, supposément.)

Comme Gainax était dans le coup, Banpresto en a profité pour rajouter le Gunbuster, ainsi que la nouvelle série Gundam du moment, Gundam Wing. Mais la série-star du jeu, c’est évidemment Evangelion. Même le F violet du logo ressemble d’avantage au design pseudo-organique de l’EVA Unit-01 qu’aux robots traditionnels de la série.

Un des charmes de Super Robot Taisen, c’est la malléabilité de son scénario et de ses cartes de combats, en fonction qu’on choisisse plutôt la « route » Real Robot (les petits robots agiles des années 80/90 comme Gundam) ou Super Robot (les gros bourrins venus des années 70 comme Grendizer alias Goldorak, qui fait d’ailleurs partie des rares robots de SRT4 sacrifiés dans SRTF).

Le contenu Evangelion se trouve donc essentiellement du côté Real Robot avec les bolosses de Gundam. Dans le premier jeu, l’intégration d’Evangelion est un peu superficielle, et les trois robots d’Eva sont (de mon point de vue) plus relous qu’autre chose ; surtout que, fidèles à la série, ils peuvent devenir berserk et ruiner la partie. Pis encore, les Anges font partie des ennemis les plus relous du jeu.

Mais Super Robot Taisen F fut tellement ambitieux que Banpresto s’est vu obligé de couper le jeu et sa centaine de cartes de combat en deux parties. Et dans la deuxième partie, on se rend compte que le jeu possède encore plus d’embranchements, dont un chouette payoff pour les fans d’Eva « jouant roleplay » avec une route et une (mauvaise ?) fin cachées si l’on parvient à rendre Shinji berserk cinq fois avant la carte 61 du scénario. Omedetō!

Voici une partie complète de Super Robot Taisen F en mode speedrun :

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