22/30 Piège à Hong Kong
On y est ! (De justesse, pfiou.) La SEGA🪐SATURN fête ses 30 ans ce 22 novembre 2024 et, comme le veut désormais notre tradition, je vais embêter @tam et @Cara pour leur demander de changer le titre ma foi pas très malin de ce topic. (Merci !)
Plutôt que de célébrer ça avec un sujet ou un jeu spécifique, je voulais vous raconter une anecdote perso sur un de mes premiers contacts directs avec la Saturn. Très honnêtement, je ne vous garantis pas que les dates ou les jeux spécifiques soient 100% justes, mais l’essentiel de l’anecdote est correct. Ça concerne aussi Panzer Dragoon, et c’est ce qui m’a donné l’idée de commencer par vous parler de l’OVA tirée du jeu.
Début 1995, à la lecture des articles et des previews dans magazines, j’avais d’abord choisi la PlayStation. Je n’étais manifestement pas le pré-ado le plus perspicace à l’époque car c’était le trio Crime Crackers, Arc The Lad et King’s Field – ainsi (je crois) qu’un des premiers articles sur GensōSuikoden et ses 108 persos – qui m’avaient convaincu.
Mais après un été 1995 passé à perdre des pièces de 5 francs sur Virtua Fighter 2 et Sega Rally, et devant l’annonce de Shining Wisdom qui préfigurait donc un inévitable Shining Force III, j’avais fini par retrouver la raison. (Bon, Shining Force III, il a fallu attendre presque trois ans…)
Et comme nombre de mes potes semblaient plutôt aller vers la PlayStation, et qu’on avait pour habitude de traîner les uns chez les autres et de se prêter nos consoles pour jouer à tout, un rééquilibrage des équipements arrangeait un peu tout le monde. Reste que j’étais encore trop jeune (ou immature) et économiquement dépendant pour acheter une console avec mes propres thunes en 1995, a fortiori au tarif import. Le but était donc à terme de convaincre mes parents.
Quelques semaines plus tard, je me suis retrouvé à Hong Kong avec mes parents (qui bossaient alors fréquemment dans le coin), et il me semble que c’est là que j’ai touché pour la première fois à la console. Le modèle gris ; cela devait être peu après les sorties de Shin Shinobi Den et de la carte MPEG pour lire des Video CDs, car ce sont, avec Clockwork Knight, les trois démos dont je me souviens dans le magasin.
J’ai donc essayé de convaincre ma mère qu’il fallait absolument qu’on ramène ce truc. C’était une occasion en or ! Ce n’était pas encore sorti en France ! (Info non contractuelle.) Ça allait coûter plus cher en France ! (Bis.) Ce n’est pas qu’une console ! Ça lit des films et des CD audio ! Bien sûr que le Video CD va remplacer le format VHS !
Bref, j’ai dû l’avoir à l’usure, ou faire des promesses électorales intenables du genre « j’aurais des bonnes notes en maths l’année prochaine », car elle a au moins accepté de progresser jusqu’à l’étape suivante de la négociation : OK mais, si on en ramène une maintenant, tu veux acheter quoi avec ? On ne va quand même pas ramener des films en chinois ?
C’est là que j’ai vu, comme un signe du destin…
… L’incroyable illustration de Moebius. Ce n’était pas un véritable exemplaire du jeu, juste un bout de carton SAMPLE avec la jaquette imprimée dessus. Je ne crois pas que j’avais déjà vu tourner Panzer Dragoon en magasin sur Paris, mais le jeu avait l’air absolument génial selon les impressions des magazines. Et moi donc d’expliquer à la pauvre femme qui m’a accouchée qu’il faut absolument qu’on reparte de Hong Kong avec une Saturn et Panzer Dragoon, c’est le turfu, ce sera un souvenir indélébile et permanent dans le salon de ce voyage réussi à Hong Kong.
Et là, si près du but, Kolo Muani tout seul devant le gardien argentin, c’est le drame, c’est la terrible erreur du joueur français.
Ma mère pose une dernière question: OK, mais c’est quoi, comme genre de jeu, Panzer Dragoon ? Un jeu de tir ? Un jeu de rôle ? Y a une histoire ?
Mon calcul est alors le suivant : si je dis la vérité, que c’est un jeu de tir à la limite de la démo technique qu’on plie en six heures, elle va se dire que la console va servir un week-end puis croupir dans le salon en attendant que quelqu’un repasse (à la caisse) à Hong Kong ou au Japon. Je réponds donc que c’est un jeu de rôle, oh la la, énorme univers ! Sans dec’, j’ai dû décrire Panzer Dragoon comme si c’était Daggerfall.
Et elle de me répondre un truc du genre : « ah nan, bon sang, t’as passé toutes tes vacances dans le noir avec ton foutu jeu [Shining Force II], ras-le-bol des jeux de rôle… On rentre à l’hôtel. » (sans la Saturn.) Trahi par Shining Force II, bon sang, y a pas de justice en ce bas monde.
J’espérais faire un truc pas trop compliqué pour cet anniversaire, mais finalement cette série de petits posts quotidiens (lancée franchement sans dec’ au pire moment question taf’) aura été plus complexe à gérer que n’importe quel sujet plus approfondi que j’aurais pu préparer pour une journée… Ma foi, je rends un bel hommage involontaire aux nombreuses fausses bonnes idées du hardware débile qui fait tourner tous ces jeux formidables. Je l’aime quand même.