27/30 Qu’est-ce qui s’est passé avec DDD, alias D-Xhird ?
Le jeu de baston D-Xhird est fréquemment décrit comme un jeu de seconde zone, médiocre et cabossé. Voici une critique assez représentative de l’avis général autour du jeu (et qui m’épargne une longue introduction).
Tout le monde est à jour ? Bien ! Il est maintenant temps de corriger cette grave injustice : D-Xhird ne mérite absolument pas d’être considéré comme un jeu médiocre. D-Xhird mérite d’être considéré comme une catastrophe industrielle. Car transpire du développement de ce jeu un melon pas possible ; c’est un projet ambitieux développé par de véritables cadors de l’animation, qui ont réellement sué sang et eau pour pondre un truc aussi pas terrible.
Voici d’abord la première apparition du mystérieux projet DDD dans les médias japonais, juste après son annonce au TGS 1996.
Comme vous le pouvez sans doute le saisir sans même parler japonais, gros focus sur l’histoire torturée et sanguinolente du protagoniste, BØY, sans un seul mot ni screenshot sur le contenu du jeu. Les premières previews dans la presse française croyaient même que c’était un jeu d’aventure façon Enemy Zero ou Torico.
Quelques mois plus tard, des interviews expliqueront les motivations et priorités de l’équipe derrière le jeu. On y apprend par exemple que le jeu sera plus technique et complexe que Tōshinden car Tōshinden a été conçu avec les nazes d’en face les « débutants » en tête alors que vous, les possesseurs de Saturn, êtes des vrais joueurs qu’il faut respecter. Le numéro de charme est donc fort subtil.
Ce qu’on y découvre surtout, c’est que quasiment tous les gens importants qui ont bossé sur Dxhird étaient à l’origine des gens brillants venus de l’animation. Le producteur chez Nextech était un des principaux lieutenants de l’animation sur Akira par exemple ! C’est lui qui a insisté pour utiliser de la motion capture dans D-Xhird, et j’aimerais bien les scènes backstage car cela a dû être difficile de tous leur enfiler un balai dans le cul.
Le lead artistique du jeu, Minowa Yūtaka, était le charadesigner des films de Kawajiri (Ninja Scroll, Vampire Hunter D etc.), un des principaux animateurs de Lodoss, et avait aussi bossé sur l’adaptation animée du X de Clamp. On ressent d’ailleurs une immense influence de X sur le charadesign, les motifs et les profils scénaristiques des persos.
Parenthèse : X qui au final connaîtra un jeu PS1 développé par Taito pour Bandai en 2002, et je le mentionne juste parce que le Wikipedia américain propose une page très complète sur le jeu mais réussit l’exploit de ne jamais mentionner une seule fois (à l’heure où j’écris ce post) Psychic Force, dont ce jeu est pourtant pratiquement une simple reskin, ou un troisième épisode furtif, et cette omission m’estomaque.
Pas que je sois le plus apte à juger mais D-Xhird tout entier me semble projeter un queer coding bizarre « à la Clamp mais pensé par un mec hétéro » qui semble manquer le coche auprès des différents publics potentiellement visés par le BL. Du coup, je ne suis pas convaincu qu’il puisse même être tardivement réhabilité comme une icône yaoi par un nouveau public en 2024. À ce titre, le seul perso qui semble avoir un tant soit peu percé dans les dōjin est Karen, la Sakura en mousse du jeu. Ça ne trompe pas.