Question : est-il encore besoin de mettre des balises spoiler, vu qu’on n’est plus que deux à se tirer la bourre dans le premier tiers du jeu, et qu’Ono, pour le dire poliment, a Windows 8 ?
Du reste j’imagine que ça commence à devenir ultra lointain pour la plupart d’entre vous, donc je vais faire vite : je suis au nord-ouest nord-ouest (j’étais déjà le plus au nord possible, mais un peu plus à l’est). Si vous me dites que le donjon avec des mains qui courent à l’entrée ne correspond pas au point le plus au nord-ouest, à quelques couloirs près, je démissionne.
Je vais bientôt sur ma quarantième heure de jeu, j’oscille toujours entre émerveillement, sentiment qu’on m’a jeté un gant à la figure, et parfois une petite once peut-être pas d’ennui, mais, disons, d’habitude. J’ai l’impression que je peux formuler à Elden Ring la même formule qu’à Breath of the Wild, en plus prononcé encore : ce monde est incroyablement vaste, vivant, ludique, et en même temps, un peu vide et vain. Les ficelles commencent à devenir assez voyantes, ok les falaises qui bordent une plaine avec l’ascenseur aérien quelque part, ok la carte du coin à chopper sur la route et les points de grâce à valider, ok les petits forts gardés et les arbres mineurs avec leur bossounet… C’est pas tant que le sud est une vertical slic du jeu que les 4-5 grandes régions que je connais désormais sont toutes structurées de la même façon, et on m’objectera sans doute à raison que cette structure procédurale est inhérente à un jeu en open world, mais c’est précisément le fait de jouer pendant vingt heures+ à un jeu en open world ne reprenant pas les conventions d’un open world qui m’ont rendu la découvertante d’Elden Ring si grisante. Arrive le moment où pour son propre bien, j’aimerais bien que l’aventure rompe avec sa propre structure, introduise de nouveaux codes, ou a minima des points d’intérêt qui écrasent suffisamment le reste pour relancer l’équilibre de la découverte. Arrivé à un moment dans Breath of the Wild, j’avais juste l’impression de faire du hiking en vacances, la varape en moins, j’ai un peu le même sentiment de désœuvrement qui gonfle. C’est d’autant plus marqué que quitte à faire sursauter Yowamusha, le jeu ne me fait plus vraiment peur. Même à Caelid, les streums les plus méchants ne paraissent plus absolument invulnérables, juste durs. J’ai d’ailleurs rencontré mon moment le plus anticlimatique possible en buttant un dragon géant assoupi qui n’a fucking pas bougé pendant tout le « combat ». J’avais l’impression d’être un moustique sur un humain endormi, limite en pleine crise de culpabilité. J’ai bien mis 10 minutes parce que c’était un sacré sac à PV, mais à part ça, rien, tout juste s’il n’a pas remué un peu une aile pour se moucher, avant de poliment disparaître dans une orgie de runes (passé trois niveaux d’un coup, rarement vu plus rentable). Ca veut évidemment pas dire que je clamse pas encore souvent, notamment quand j’oublie la présence de cette espèce de truc rond et métallique accroché à mon bras gauche qui paraît-il protège pas mal quand on le lève, mais sinon, boarf. Même un petit sentiment de « à quoi bon ? » Si j’en crois les différents retours, je suis encore très loin de la fin du jeu, mais j’ai un peu l’impression que tous les meilleurs moments possibles, la frousse des départs, l’ivresse de la découverte, la fierté de progresser, je les ai déjà eues, et que tout ce que j’ai à gratter désormais, c’est un peu de plus du même, avec deux-trois découvertes rigolotes mais franchement anecdotiques, comme ces guerriers liliputiens que j’ai croisés et piétinés hier, et qui n’ont vraiment absolument rien fait pour relancer l’intensité du jeu.
Moarf.