J’étais à deux étapes allemandes d’appeler la DDASS…
Perso j’ai passé une partie des fêtes à Donostia (alias San Sebastián (alias
Saint-Sébastien)). Il n’y a pas de drapeau basque approuvé en RGI pour Unicode mais le cœur y est. L’hôtel, situé dans la (somptueuse) vieille ville, avait un bar en terrasse qui donnait sur la Concha, la baie autour de laquelle s’est construite la cité. À bien y penser, je crois que c’est la première fois de ma vie que je dors sur place ; auparavant je faisais toujours l’aller-retour depuis la frontière comme un bon petit Griezmann.
C’est toujours très objectivement plus belle ville d’Espagne, rien n’a changé en six (?) ans, à part que Macron (celui qui sait faire son boulot lolz) est devenu l’équipementier de la Real Sociedad et qu’ils ont totalement rénové la boutique officielle du club où j’ai dû claquer plus de thunes qu’au Nintendo Store de Shibuya tellement c’est blindax de goodies aussi géniaux qu’absurdes. Malheureusement, j’étais déjà reparti pour la reprise de la Liga sur place le 31 décembre. Dommage, le stade rénové en 2019 est désormais réputé comme l’une des meilleures expériences footballistiques d’Europe.
Restent les bars à pintxos, leurs bouteilles de Rioja, les jolies voisines, les riverains sympathiques qui vous préviennent que vous avez oublié votre portefeuille sur le comptoir cinq minutes plus tôt (oups).
Culturellement, le meilleur spot du coin est sans doute le Musée San Telmo bâti en annexant un couvent local du XVIème siècle avec un bâtiment moderne pour les expos temporaires. Non seulement le lieu tabasse mais la programmation locale ne déçoit jamais : en ce moment, Indésirables, une expo sur les groupes ethniques ou sociaux déportés ou internés par d’autres gouvernements. Comme le nom francophone de l’expo le sous-entend, le karma de l’Hexagone n’en ressort pas indemne, que ce soit notre comportement sous Pétain ou même après la Libération…
Évidemment ce n’était pas le moment le plus « joie de vivre » du voyage, mais y a notamment une installation vidéo hallucinante de Cristina Lucas, El rayo que no cesa, qui égrène laconiquement tous les bombardements réalisés dans le Monde par des gouvernements ou des institutions politiques depuis Guernica en 1937. Grand moment arewethebaddies.gif quand arrive la Guerre d’Algérie.
Pour se remonter le moral, le resto du musée est imparable question qualité/prix. Et l’église du couvent contient une imposante « fresque » basque en onze scènes (dix-sept toiles) sur l’Histoire de la région, toutes peintes par José María Sert. L’accès au musée est gratos le mardi.
Autre activité locale, que je n’avais jamais pris le temps de visiter jusqu’ici : la fondation Chillida (Chillida Leku), réouverte en 2014 après quelques années de rénovation. C’est un terrain acheté en 1982 par Chillida et sa femme pour y foutre ses gros machins en métal autour d’une ferme abandonnée qui sert désormais de petit musée. Rien d’aussi génial sur place que son Elogio del Agua à Barcelone mais la juxtaposition nature + ferraille est assez envoûtante, si vous êtes du genre à kiffer Naoshima. (Et que vous avez du bol avec la météo, bien sûr.)
L’endroit est assez bien planqué (merci les signalisations routières espagnoles complètement claquées comme d’hab’) et je recommande de réserver à l’avance un taxi pour le retour si vous êtes venus en bus ou en taxi à l’aller.
Voilà, c’est tout, c’est trop court. Trois jours fantastiques, sans parler du concept de passer un Noël sur la plage à 21°c. Bon, faut dire : Donostia, c’était le port où Franco posait son yacht pour les vacances, et le club du bled est une Reala = adoubé par le trône espagnol donc c’est pas exactement le coin basque le plus indépendantiste et identitaire de la région.
C’est aussi sans doute (et CQFD) son bled le plus riche, ou en tout cas ostentatoire, avec une inflation immobilière qui dépasse désormais Paris, donc on va se calmer sur les ambitions soudaines d’y acheter un petit pied-à-terre romantique… Mais la bouffe coûte rien, et on y boit des pinards extraordinaires (Arenisca, Ribera del Duero) pour des prix défiant toute concurrence. @sopinambour Moins de 90€ en train depuis Lyon, apparemment ! Ce serait huit heures de trajet mais t’évites les années de psychanalyse et de haine du père pour Junior donc, économiquement, on s’y retrouve.