[Boulette's Tourist Information Center] On ne voyage jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va

Boulette signal. Vous avez des recommandations de villes européennes sympas pour passer quelques jours autour du nouvel an avec un môme de 10 ans ?

Le cahier des charges est court mais pas facile :

  • Accessible en train depuis la capitale française gauloise, en 6 heures max idéalement
  • Pas le RU pour changer

Pour l’instant j’hésite entre Bruxelles (très facilement accessible, plein de trucs cools avec un môme, même si meh d’un point de vue linguistique) et Francfort (marché de Noël paraît-il super cool, rare grande ville d’Allemagne qui ne soit pas à l’autre bout du monde pour nous, mais le côté NY sur le Maine fait moyennement rêver).

Evidemment une part de moi rêve de Vienne, Ljubljana et Riga mais ça dépasse la tolérance ferroviaire de madame (et pour un séjour de 4-5 jours c’est vrai que ça fait beaucoup de temps de trajet).

Sachant que notre meilleure expérience ever à cette période de l’année, c’est Edimbourgh, expérience probablement indépassable (le combo vieille ville médiévale avec un marché de Noël géant, des histoires de fantômes écossais, la ville d’origine d’Harry Potter, et des Mars frits à la sortie de la comédie musicale du Roi Lion, on pourra jamais battre ça).

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Ce fut la réaction de ma femme quand j’ai prononcé « Francfort ». Note que Stuttgart est à temps de trajet égal, suis-je en train d’observer, et a meilleure réputation. Je connais ultra mal l’Allemagne j’avoue, sorti des villes à salons de JV.

Les marchés de Noël ferment quelques jours avant Noël en Allemagne donc pour le premier de l’an c’est mort.

Francfort c’est bien pour y vivre ou faire la teuf si t’as des potes sur place. En famille franchement je suis pas sûr.

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Bruxelles c’est mimi et très cool pour les familles dans mes lointains souvenirs, mais c’est aussi minus minus minus. On en fait vite le tour.

Barcelone en hiver, c’est une belle option qui se fait en train je crois maintenant. Bonus conflit linguistique / séparatisme !

A Brux il y a une grosse communauté flippers, pour un enfant ça peut être cool (pour les parents/tontons aussi)

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On a fait le jour de l’an à Barcelone il y a quelques années, c’était top de se balader dans le Parc Güell en t-shirt mais j’ai surtout souvenir de rues surbondées où la seule langue que j’entendais était du Français. Niveau dépaysement, j’ai vu mieux.

Si je pouvais, je filerais à Amsterdam mais pareil, c’est tellement plus agréable (et économique) hors-saison. Ville splendide à densité humaine, toujours des spots à voir et des restaus qui cartonnent même en vegan. Par contre, les locaux n’en peuvent là non plus plus des touristes français: bruyants, supérieurs et ne faisant aucun effort pour même parler une base d’Anglais correct, d’après ce ce qu’un restaurateur confiait. We are des Américains en somme.

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Merci pour les recos ! Barcelone j’y suis allé une bonne demi-douzaine de fois dans ma vie, avec un agacement crescendo pour le tourisme de masse qui y sévit, donc je vais poliment mettre de côté. Bruxelles les billets de train ont très vite grimpé et coûtent un bras, donc je me dis que ça attendra bien. D’autant qu’entre temps l’Enfant a décrété qu’il voulait aller en Allemagne, et vu qu’il s’est mis en tête d’apprendre l’allemand tout seul, je ne peux décemment pas lui refuser ça. Pour l’instant Francfort a été écarté d’une franche tintinade, les deux villes qui tiennent la corde sont Baden Baden et Fribourg, la première parce que joli capital culturel + direct en train + marché de Noël jusqu’au 6 janvier, mais ça a un peu l’air d’être un délire particulier si on n’est pas un millionnaire de plus de 65 ans ; et Fribourg, parce que ça reste faisable en train, a l’air charmant et vivant, avec pas mal de trucs architecturaux à voir et des balades en nature, même si je suis pas sûr qu’on n’en fasse pas le tour en une journée et demi. À moins qu’on se fasse l’un puis l’autre ? Sinon la troisième option c’est Stuttgart, ça reste faisable en train et ça a l’avantage d’être une vraie grande ville donc culturellement plus riche a priori, mais osef un peu des musées de bagnoles.

(Ça va se finir à Europa Park cette histoire)

Edit : gnniiiiii en fait c’est Munich qu’il nous faut. Comment qu’on fait pour déplacer la ville de 300km vers l’ouest ?

https://fr.hotels.com/go/allemagne/choses-a-faire-munich-famille

Et Cologne, non ? C’est joli dans mon souvenir ?

Sinon pour l’Allemand t’as les dépendances suisses alémaniques du genre Zurich, Saint-Gall et Winterthur. T’as parlé de capitale des Gaules donc donc tu pars bien de Lyon, non ?

Mais effectivement en Allemagne (à part Berlin), j’aurais surtout dit Munich tout au sud ou Hambourg tout au nord. Cologne, c’est joli l’été mais je ne serais pas étonné que ce soit un traquenard en janvier.

Plus pépère, t’as de très beaux hôtels en Forêt Noire pour randonner, jouer à Tactics Ogre près d’une cheminée ou faire une partie de scrabble avec des W et Z qui ne valent que trois points.

Sinon, la Syldavie, c’est très beau en hiver.

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Je préfère nettement Lucerne et Berne à Saint-Gall et Zürich (jamais mis les pieds a Winterthour par contre). Et ils parlent en dialecte plutôt que Hochdeutsch (plus difficile à comprendre).

Ca va être le même problème un peu partout, à part si vous allez à Berlin.

Pas plus que ça, t’as le Dom évidemment mais comme toutes les grandes villes ça a été défoncé pendant la guerre. Par contre t’as de la Kölsch servie comme il faut et rien que pour la tradition c’est sympa mais je doute que l’Enfant soit intéressé.

Faut vraiment aller dans les petites villes pour trouver des endroits préservés - typiquement Heidelberg (qui pour le coup est à côté de Francfort mon cher Tintin).

Le mieux ce serait de sauter de ville en ville mais il n’y a plus de 9 euros ticket et le 49 ne sera pas encore là. Et logistiquement c’est pas le même délire.

5h20 avec changement à Stuttgart. J’adore la Bavière mais en terme d’accent violent ça se pose là et les gens peuvent être un peu moins cools qu’ailleurs. Après ils sont plein de thunes donc c’est hyper propre et encore moins craignos que le reste de l’Allemagne (en soi, une gageure).

Sinon culinairement j’espère que vous n’êtes pas vegans.

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J’ai arrêté la viande depuis un an, je me suis préparé psychologiquement à manger de la kartoffelsalat matin midi et soir (et des fois tomber sur des saucisses végé au goût chelou).

Pour le train il y a un direct pour Munich en moins de quatre heures depuis Strasbourg, où on pourrait faire étape pour voir des amis. Ça commence à ressembler à un truc faisable.

Concernant l’accent je ne me rends pas compte, mais je ne parle pas un traître mot d’allemand et l’Enfant en est au chapitre d’introduction sur Duolingo je ne pense pas qu’on en soit au stade où on fait les difficiles.

Après c’est plus une question de savoir en combien de jours ça mérite d’être fait ? J’ai l’impression que 4-5 jours c’est bien.

Concernant la Suisse alémanique ça a l’air super cool, et sur le trajet pour aller à la somptueuse ville d’Innsbruck dans le Tyrol autrichien, qui est mon diabolique plan ferroviaire secret pour l’an prochain.

Tristan, est-ce que ta remarque sur la bouffe végé concernait toute l’Allemangne ou bien seulement la Bavière? Parce que j’ai l’impression, peut-être erronée, que le pays à 15 ans d’avance sur la France dans ce domaine, avec en volume la première production européenne de substitution de viande et même une chaine de supermarchés dédiés (Veganz).

Je me souviens qu’il y a 10 ans, un collègue vegan se faisait livré chaque semaine des cartons de bouffe germanique faute d’offre en France. Ça s’est un peu amélioré ici et ça a peut-être décliné la-bas?

//Et pour finir sur l’apparté fine bouche, je conseille ce topo 101 sur la Kölsch:

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Oui non pardon si tu veux choper des produits veggies ou vegans au supermarché c’est beaucoup mieux fourni qu’en France (surtout dans des enseignes bobos comme Denns ou Basic). Par contre dans un contexte touristique où généralement t’as envie de tester les trucs locaux c’est plus compliqué (mais ce serait probablement pareil en France).

Sopalin si tu veux baser ton choix sur les dialectes.

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On m’a demandé des conseils pour un voyage au Japon (pour la première fois depuis deux ans, ça fait bizarre) et je viens de me rappeler cette incroyable pub avec Mitsu Dan et Musubimaru pour la promo de Miyagi et Sendai, qui avait fait controverse en 2017 avant d’être finalement retirée. USHI•NO•SHI••••TA!

Or donc, nous avons passé le nouvel an à Baden Baden.

Moi-même en l’écrivant, ça me fait bizarre.

Oui, Baden Baden, l’espèce de machin qui serait un croisement génétique bizarre entre Aix-les-Bains, Le Touquet et Vichy, mais en Allemagne.

Je continue de m’interroger sur ma propre santé mentale, et en même temps le rationnel est inattaquable. Dans un diagramme de Venn, l’unique intersection entre « ville mignonne accessible directement en train depuis Lyon », « située en Allemagne » et « à moins de 4h30 de trajet, sans changement », il n’y avait aucune autre possibilité. On est donc allé à Baden Baden, parce que c’était notre choix, notre destin, notre punition.

Qu’en dire ? D’abord, qu’il s’agit d’une ville à l’histoire aussi riche et ancienne que sa population. Anciennes thermes romaines fondée au Ier siècle passées sous domination franque, puis capitale catholique du margraviat de Bade au moyen-âge tardif, haut-lieu touristique de la haute société européenne au 19e, muse dévorante de Dostoïevski (qui y a écrit Le joueur en même temps qu’il s’y est ruiné), refuge de De Gaulle en mai 68, bijou hors du temps et hors de prix lové dans un écrin de verdure pour frontaliers curieux et russes en villégiatures aujourd’hui.

Première chose, c’est beau. Genre beau sa maman. Et beau de plein de manières différentes, tantôt pittoresque, art déco, romantique ou néoclassique, entre les palaces aux allures antiques, le cortège de bâtiments finement sculptés, aux façades aussi pastel et gourmandes qu’une vitrine de glacier italien, et les lacis de ruelles qui se perdent dans un dédale de traboules médiévales à pied de colline - le tout réhaussé par de très généreuses décorations de Noël, qui donnent à l’ensemble une indiscutable féérie. La ville a rejoint en 2021 le patrimoine mondial de l’Unesco, et ce n’est pas volé, et à hauteur de touriste, ce n’est pas pas volé.

C’est aussi une ville où l’on se sent à l’abri du temps qui passe - ce qui ne manque pas d’ironie pour une destination de nouvel an - tant il s’en dégage un charme intemporel, une atmosphère hors du temps, une langueur qui tient autant d’une forme de dolce vita germanique que du calme choisi d’une maison de retraite bourgeoise. Parfois, il m’a semblé que j’aurais pu y voir surgir à n’importe quel instant feu ma mamie clodoaldienne, et c’était étrangement touchant. J’espère juste que mon fils ne m’en voudra pas toute sa vie de lui avoir infligé ça, vu qu’il devait faire chuter à lui seul la moyenne d’âge de 35 ans.

Hors du temps, disais-je, et si je devais fixer ces cinq jours dans un souvenir, une bulle, ce serait sans conteste cette halte au café-restaurant Hotel Beek, en face des prestigieuses thermes Carcalla, à déguster à la petite cuillère-doigt à l’équerre le meilleur thé qu’il m’ait été donné de boire, assorti de la spécialité pâtissière du coin, un délice de forêt noire, aérien en bouche autant que subtilement suranné avec ses légères notes de kirsch et de griotte - rarement une sucrerie aura aussi bien résumé une ville.

Du kirsch au kitch, il n’y a que quelques lettres, et à Baden aussi. Station thermale de luxe, avec son casino, sa salle philharmonique, ses antiquaires, son musée d’art moderne, son Picasso son Pollack et son exposition permanente d’œufs Fabergé, qui en ferait un parfait décor de James Bond, Baden est aussi une ville m’as-tu-vu, avec ses boutiques Mercedes et Vuitton, ses mannequins aux collants tigrés sous des manteaux en fourrure, ses costumes blancs à carreau trop cintrés que la morale l’esthétique et mes chaussettes Kirby jugeaient de concert.

C’est enfin une ville hors du temps, dans ce qu’il y a de plus politique, comme déconnectée de 2022, et il fallait sûrement être ici et pas ailleurs pour entendre autant d’accents russes se mêler à l’allemand et au français, autant d’agences immobilières annoncées en cyrilliques, une absence aussi totale de fanions bleus et jaunes, quand les hommages à l’Ukraine étaient omniprésents dans les villes voisines. C’est aussi ça, le pouvoir d’une ville riche : le pouvoir de s’en foutre.

Accessoirement, j’ai trouvé une certaine ironie à me retrouver à Baden Baden pour des raisons écologiques - je ne voulais pas reprendre l’avion pour aller à l’étranger - et atterrir dans la ville d’Allemagne où la consommation de CO² par perruque est possiblement la plus élevée, entre la frénésie consumériste, la passion des automobiles et le budget infini sur l’éclairage public. Et comme Baden Baden n’est pas, comme moi, à un paradoxe près, je m’y suis couché à 22h le 31, probablement comme 50 % de la ville, pour me faire réveiller par le plus long feu d’artifice de l’histoire de ma vie - de 22h à 2h du mat’, ininterrompu, comme si la mairie n’avait trouvé que ce moyen d’écouler le surplus annuel d’impôts locaux, et on ne me fera pas croire que l’édile du coin n’est pas un croisement entre Dr Wright et Patrick Balkany.

Au final, je ne peux pas sérieusement conseiller d’aller à Baden Baden. En tout cas, pas de voyager pour aller à Baden Baden, sauf à avoir été piégé comme moi par un diagramme de Venn. Mais je ne déconseillerais certainement pas de s’y arrêter un ou deux jours le temps d’une escale : c’est une expérience assez unique, autant qu’une respiration très agréable, pour qui aime les gâteaux au kirsch.

Nous, on y est restés cinq nuits, ce qui était certainement trois de trop, mais on a assez avantageusement rentabilisé le séjour en rayonnant un peu dans la région. Notamment en passant une journée à Fribourg, qui non sans une ironie mordante est certainement la ville verte dans laquelle j’aurais aimé installé mon camp de base : le centre-ville médiéval est d’un charme ébouriffant, les rues jeunes, animées et cyclistes ; les échoppes sentent soudain davantage le 10e arrondissement, avec ses fastfood israëliens vegans et ses boutiques de jeux de société scientifiques. Seule limite : là aussi, on en fait géographiquement le tour assez vite. Mais pour le reste, pardon mais

Enfin, on a passé le 1er janvier à Karlshrue, Karlsrueh Karlsruhe, et s’il existe une vie après la mort je pense que cela ressemble un peu à ça : d’immenses avenues vides comme l’ennui qui s’écoulent au ralenti vers un centre abstrait, abscons et absurde, assemblage shadokien de monuments crypto-soviétiques. On a croisé sur notre chemin un zoo urbain, et honnêtement, la quinzaine de flamands roses se disputaient 95 % des couleurs de la ville. Ce qui a fait s’interroger Madame, avec une sincérité désarmante : « Mais c’était en Allemagne de l’Est, Karlsruhe ? » (non, vraiment pas) A sa décharge, autant qu’à celle du refuge de Charles, cette ville nouvelle a été bâtie quasi ex nihilo en 1715, une équerre à la main, par pépère Charles-Guillaume de Bade-Durlach, vnr que son château de Karlsburg ait été détruit six ans plus tôt ; sans savoir que le nouveau le serait lui aussi deux siècles plus tard, comme les trois quart de la ville (température ressentie) pendant la seconde guerre mondiale. Ce qu’il en reste aujourd’hui tient donc d’une ville neuve construite sur une ville neuve, donc des bâtiments des années 1950 et 1960 coulés dans un plan en éventail cryptoilluminati et ouvertoboring.

Heureusement, Schlossplatz, la place du château, a quand même son petit bout de charme, quelque part entre Minsk et Fontainebleau, et je ne regrette ni le lángos à la purée de pommes englouti devant la patinoire, ni la visite du très riche musée régional lové dans l’ancien palais détruit-reconstruit-reconverti. Seul regret : 90 % des pièces exposées, à l’exception des impressionnantes regalia badoises, sont présentées uniquement en allemand. Et puis, il a bien fallu rentrer, retraverser ces boulevards d’un ennui sans fin, avant de se rappeler que, quand même, Baden Baden, au moins c’est mignon.

In fine, je suis aussi content de ce séjour que content d’être rentré. Il n’aurait pas fallu que ça dure une demi-journée de plus, mais c’était quand même gratifiant pour les yeux, riche culturellement, et j’ai appris à dire « château » en allemand. Sur une note plus inquiète, à part une autre famille que j’ai surprise à prendre le même train que nous à l’aller et au retour, à l’évidence, l’idée de partir dans une destination en prenant en compte des questions environnementales (dit le type qui est parti aux US pour le fun cinq mois plus tôt) reste très marginale, et, surtout, relativement ingrate. Ce séjour m’a amusé, mais demain, quand il faudra réfléchir à une autre destination avec des critères proches, cette fois en excluant Baden, je ne vois pas bien ce qu’il restera comme choix dans mon diagramme de Venn.

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J’étais à deux étapes allemandes d’appeler la DDASS…

Perso j’ai passé une partie des fêtes à Donostia (alias :es:San Sebastián (alias :fr:Saint-Sébastien)). Il n’y a pas de drapeau basque approuvé en RGI pour Unicode mais le cœur y est. L’hôtel, situé dans la (somptueuse) vieille ville, avait un bar en terrasse qui donnait sur la Concha, la baie autour de laquelle s’est construite la cité. À bien y penser, je crois que c’est la première fois de ma vie que je dors sur place ; auparavant je faisais toujours l’aller-retour depuis la frontière comme un bon petit Griezmann.

C’est toujours très objectivement plus belle ville d’Espagne, rien n’a changé en six (?) ans, à part que Macron (celui qui sait faire son boulot lolz) est devenu l’équipementier de la Real Sociedad et qu’ils ont totalement rénové la boutique officielle du club où j’ai dû claquer plus de thunes qu’au Nintendo Store de Shibuya tellement c’est blindax de goodies aussi géniaux qu’absurdes. Malheureusement, j’étais déjà reparti pour la reprise de la Liga sur place le 31 décembre. Dommage, le stade rénové en 2019 est désormais réputé comme l’une des meilleures expériences footballistiques d’Europe.

Restent les bars à pintxos, leurs bouteilles de Rioja, les jolies voisines, les riverains sympathiques qui vous préviennent que vous avez oublié votre portefeuille sur le comptoir cinq minutes plus tôt (oups).

Culturellement, le meilleur spot du coin est sans doute le Musée San Telmo bâti en annexant un couvent local du XVIème siècle avec un bâtiment moderne pour les expos temporaires. Non seulement le lieu tabasse mais la programmation locale ne déçoit jamais : en ce moment, Indésirables, une expo sur les groupes ethniques ou sociaux déportés ou internés par d’autres gouvernements. Comme le nom francophone de l’expo le sous-entend, le karma de l’Hexagone n’en ressort pas indemne, que ce soit notre comportement sous Pétain ou même après la Libération…

Évidemment ce n’était pas le moment le plus « joie de vivre » du voyage, mais y a notamment une installation vidéo hallucinante de Cristina Lucas, El rayo que no cesa, qui égrène laconiquement tous les bombardements réalisés dans le Monde par des gouvernements ou des institutions politiques depuis Guernica en 1937. Grand moment arewethebaddies.gif quand arrive la Guerre d’Algérie.

Pour se remonter le moral, le resto du musée est imparable question qualité/prix. Et l’église du couvent contient une imposante « fresque » basque en onze scènes (dix-sept toiles) sur l’Histoire de la région, toutes peintes par José María Sert. L’accès au musée est gratos le mardi.

Autre activité locale, que je n’avais jamais pris le temps de visiter jusqu’ici : la fondation Chillida (Chillida Leku), réouverte en 2014 après quelques années de rénovation. C’est un terrain acheté en 1982 par Chillida et sa femme pour y foutre ses gros machins en métal autour d’une ferme abandonnée qui sert désormais de petit musée. Rien d’aussi génial sur place que son Elogio del Agua à Barcelone mais la juxtaposition nature + ferraille est assez envoûtante, si vous êtes du genre à kiffer Naoshima. (Et que vous avez du bol avec la météo, bien sûr.)

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L’endroit est assez bien planqué (merci les signalisations routières espagnoles complètement claquées comme d’hab’) et je recommande de réserver à l’avance un taxi pour le retour si vous êtes venus en bus ou en taxi à l’aller.

Voilà, c’est tout, c’est trop court. Trois jours fantastiques, sans parler du concept de passer un Noël sur la plage à 21°c. Bon, faut dire : Donostia, c’était le port où Franco posait son yacht pour les vacances, et le club du bled est une Reala = adoubé par le trône espagnol donc c’est pas exactement le coin basque le plus indépendantiste et identitaire de la région.

C’est aussi sans doute (et CQFD) son bled le plus riche, ou en tout cas ostentatoire, avec une inflation immobilière qui dépasse désormais Paris, donc on va se calmer sur les ambitions soudaines d’y acheter un petit pied-à-terre romantique… Mais la bouffe coûte rien, et on y boit des pinards extraordinaires (Arenisca, Ribera del Duero) pour des prix défiant toute concurrence. @sopinambour Moins de 90€ en train depuis Lyon, apparemment ! Ce serait huit heures de trajet mais t’évites les années de psychanalyse et de haine du père pour Junior donc, économiquement, on s’y retrouve.

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Wah, vous faites rêver tous les deux, j’adore la photo de Fribourg qui fait photo de maquette pour jeu de plateau. Je ne connaissais San Sebastiàn que pour son côté Franquiste, jamais je n’aurais eu l’idée d’y mettre les pieds, donc intéressant aussi, merci !

San Sebastiàn est une ville magique, quand je bossais sur la Côte Basque j’y allais dès que possible

Je ne sais pas si le resto/bar dont tu parles @Merou est Restaurante Atari en Donostia - San Sebastián mais c’est notre QG chaque fois que l’on va là bas et si ce n’est pas fait c’est vraiment une adresse en rapport qualité prix totalement redoutable

Mention spéciale au toast de crevettes duxelles de poivrons et oignons + vinaigrette réalisée avec carcasses et têtes des crevettes ou au Foie gras Plancha émulsion chocolat blanc et maïs