Oups j’ai écrit 80% de ce post le mois dernier mais je ne l’ai jamais terminé…
Licorice Pizza
★★★☆ Dans la grande banlieue de Los Angeles, en 1973, un lycéen aux ambitions démesurées d’entrepreneur télescope son destin avec celui d’une post-ado paumée par la nullité des adultes qui l’entourent désormais. La nature complexe de leur couple va alors évoluer au fil des modes, personnalités, évolutions sociales et troubles économiques qui vont marquer Hollywood et la Californie tout au long de l’année.
Je suis globalement gros client de la filmo de Paul Thomas Anderson ; je rejoins même une petite minorité à avoir préféré Inherent Vice au Once Upon A Time in Hollywood de Tarantino – ou en tout cas défendre qu’il faut absolument considérer l’un comme le versant critique de l’autre. Comme avec son Boogie Nights qui citait énormément De Palma et Demme, on se retrouve ici avec un hommage évident au American Graffiti de George Lucas, les rôles masculins et féminins étant simplement inversés. Sans grande surprise, le film est absolument magnifique, avec un soin du cadrage et des couleurs naturelles époustouflantes, donc l’expérience vaut le coup (en salles ou sur un écran maousse) rien que pour l’objet-cinéma. C’est une constante chez PTA, mais c’est aussi le premier crédit de DP pour Michael Bauman, un nom à surveiller. Évidemment la B.O. tabasse mais c’est un peu facile avec cette époque.
J’étais sorti de la salle (il y a un bon mois) avec l’impression d’avoir passé un excellent moment devant un film sans doute mineur de son réalisateur. À froid, je le trouve tout de même très riche et propice à la réflexion, voire au revisionnage gourmand (d’avantage que son précédent Phantom Thread, par exemple). Licorice Pizza profite autant qu’il abuse du lien privilégié de PTA, célèbre « fils de »(son père était pote avec tout Hollywood), avec cette région et la faune si particulière qui l’habite. À l’image du passage avec Bradley Cooper en Jon Peters, ça grouille de références et de clins d’œil plus ou moins évidents ; on en loupe sans doute facilement la moitié mais le plus important est que les refs ne semblent pas gratuites et appuient toujours le propos du film.
Le duo de protagonistes est incarné par des débutants : Cooper Hoffman (« fils de » Philip Seymour) et Alana Haïm (une des sœurs du groupe Haïm), dont le père est lui-même une figure de l’envers du showbiz US. Autant dire qu’on reste encore une fois dans la petite bourgeoisie d’Hollywood mais cela permet à PTA de les protéger et de les utiliser intelligemment. Tout le monde s’emballe sur la performance d’Alana Haïm mais elle est bien aidée par le fait que ses meilleures scènes, en famille, sont tout simplement tournées avec sa vraie famille (tous les personnages gardant même leurs vrais prénoms). J’aurais d’ailleurs pu passer plus de scènes avec la famille Haïm Kane, le passage du dîner pendant Shabbat étant de loin la meilleure scène du film, notamment grâce à l’excellent « that guy » Skyler Gisondo qui reprend plus ou moins texto son rôle de loser magnifique de Booksmart.
Plus généralement, excellent taf avec le casting des ados qui pullulent dans le film, avec des morphologies très réalistes et variées, loin du casting typique d’un Dazed & Confused où le moindre boudin ou nerd désigné était mieux gaulé que 99% de ma terminale.
Death on the Nile
★★☆☆ Hercule Poirot sur un bateau pour élucider un assassinat sordide lors d’un somptueux voyage de noces en Égypte, duquel tous les convives semblent profiter d’une manière ou d’une autre. Avec, par et pour Kenneth Branagh.
Paradoxalement, je conseille d’avantage ce film si vous connaissez déjà la fin. Si vous n’avez jamais vu ou lu ce classique d’Agatha Christie, je recommande de découvrir l’intrigue via la version David Suchet de 2004 (avec une jeune Emily Blunt qui crève l’écran) ou même la version Peter Ustinov de 1978 car ① ces deux versions sont de meilleures adaptations que celle de Branagh et ② c’est toujours difficile à juger mais il me semble qu’elles dissimulent mieux les indices-clefs de l’enquête.
Du coup, pourquoi regarder la version Branagh, a fortiori si on sait déjà qui a fait le coup ? D’abord, pour les costumes extraordinaires. Ensuite, pour les acteurs et actrices toutes et tous plus giga-bonnasses que le Cosmos dans ces costumes : Mackey, Gadot, Hammer, Brand, Wright, Leslie, Bateman sont beaux à se décrocher la mâchoire dans ce film. Aussi, pour Branagh qui interprète assez bien Poirot mais dans un style très différent de Suchet, et propose même une Moustache Origins narrativement assez cool. Mais enfin et surtout, SUR-TOUT ! pour le facteur comique involontaire Arnie Hammer qui rend ses (nombreuses) scènes accidentellement hilarantes.
J’ai donc passé un excellent moment avec ce film, ses jolis décors en carton-pâte et ses grossiers fonds verts, à défaut de pouvoir beaucoup me concentrer sur l’intrigue faute, tour à tour, d’érotisme pelliculaire déconcertant (je suis définitivement physiquement incapable de gérer l’expérience visuelle Gal Gadot) et de blagues de très mauvais goût jaillissant dans mon lobe gauche à chaque apparition du brave « Carnie ». En parlant de cannibalisme En parlant de whodunnit…
Les Traducteurs
☆☆☆☆ Quel navet ! Je suis d’autant plus déçu que le pitch, dont @sopinambour avait parlé il y a quelques mois, est excellent. Le dernier roman d’une série à succès va être traduit simultanément pour être mis en vente dans les neuf plus gros marché du bouquin. Pour éviter les fuites, l’éditeur (Lambert Wilson) décide d’enfermer les neuf traducteurs dans un bunker souterrain pendant deux mois, et à partir de là, tout part en vrille.
Plein de pistes intéressantes a priori : un huis-clos polyglotte, la paranoïa de l’éditeur qui fout ses prisonniers sous pression, chaque traducteur avec évidemment une personnalité différente façon Danganronpa, le soupçon d’un•e traître à démasquer, etc.
Résultat: ils n’en font rien. Le film relâche très rapidement son emprise claustrophobe pour devenir une pâle copie Alibaba de The Spanish Prisoner avec des twists à tiroir tous plus cons et inconséquents les uns que les autres. Y a genre deux moments bien grand max, je blâme pas trop les acteurs étrangers sur la difficulté de jouer en français mais ils et elles semblent parfois pas tourner dans le même film, et le plus grand crime du bouzin est qu’il n’exploite quasiment jamais le thème de la traduction dans son putain de scénario ! Ça sert une fois, pour une scène nulle à chier. Ça m’a foutu hors de moi.
The Hating Game
★☆☆☆ Une comédie romantique tarte à la crème : suite à la fusion de deux maisons d’édition new-yorkaises que tout oppose philosophiquement, une jeune pimbêche bobo convoite le même poste que son rival, un ersatz de Patrick Bateman aussi charismatique qu’un yaourt oublié au fond du frigo. Elle le déteste et, évidemment, elle en tombe folle amoureuse. Que va-t-il se passer ? Han han !? J’aimerais bien vous répondre « le faux Patrick Bateman la découpe avec une hâche en pleine analyse critique de Huey Lewis & the News » mais ce n’est pas ce genre de film.
The Hating Game est encore plus con et gênant que Les Traducteurs mais au moins j’ai bien rigolé. J’ai été obligé de faire une pause d’une semaine avant de finir le film mais, avec le bon état d’esprit de hatewatch et/ou en bonne compagnie (un•e compagne dont le plaisir coupable serait les romcoms hollywoodiennes à deux balles par exemple), c’est exactement ce que vous demandiez.
Je découvre aussi du même coup Lucy Hale, qui est mimi mais bon, je sors d’un film avec Emma Mackey et Gal Gadot sur le même plan serré donc difficile d’exister en face…
Uncharted
★★☆☆ C’est exactement ce que vous attendez de « Hollywood reprend Uncharted ». Le scénario mélange des bouts des quatre jeux principaux – paradoxalement surtout Unch 3 et Unch 4 plutôt que les premiers.
Franchement, ça n’a pas grand intérêt mais j’ai du mal à saquer le film car il fait vraiment exactement ce qu’il avait promis. Ayant suivi d’un œil amusé les déboires légendaires de la prod’, je m’attendais à un naufrage total ou à un rafistolage de scripts consternant mais, finalement, c’est juste une suite de scènes d’action aussi inconséquentes qu’indolores. Vous ne comptiez pas le voir ? Vous avez bien raison. Mais c’est loin d’être une purge et je trouve ça par exemple plus réussi que le récent reboot de Tomb Raider avec Vikander.
La bonne surprise du film : je m’attendais à détester Mark Whalberg en Sully mais, en fait, je crois que c’est mon perso préféré du film. La mauvaise surprise du film : leur Chloé est nulle. This is not the next Zendaya. Ce qui me permet de conclure avec…
Spider-Man: No Way Home
★★★☆ Suite à une vile manigance à la fin du film précédent, tout le monde sait désormais qui est Spider-Man. Peter Parker décide de régler ce problème vite eff’ en demandant au Docteur Strange de rendre le reste de la planète amnésique, mais l’incantation périlleuse foire complètement = gros dawa inter-dimensionnel avec des invités-surprises que les réseaux sociaux vous ont probablement divulgâchés 24 heures après la sortie du film.
Tous mes potes (= des boomers) m’avaient prévenu que ce troisième Nouveau Nouveau Spider-man était nul. Je vous avoue aussi que je n’ai franchement plus rien à foutre du Marvel Cinematic Universe post-Endgame, qui concluait fort convenablement un bidule chaotique et inégal. Et pour couronner le tout, j’avais été fort déçu par le deuxième Nouveau Nouveau Spider-Man alors que j’adore les gamins du casting, le méchant du deuxième film (Mysterio), et Jake Gyllenhal (qui incarnait Mysterio). Bref ! Dire que j’étais peu motivé pour No Way Home relèverait de l’euphémisme. Eh bah j’ai trouvé ça super. Mais vraiment SUPER ! Genre : je pige pas les aigris.
Déjà, c’est vraiment une bonne histoire « de Spider-Man » avec des problématiques d’ados, des erreurs d’ados et des solutions (et des leçons de vie) coming of age. On dirait presque une structure de film Pixar, non pas pour le cliché de leur structure scénaristique mais plutôt pour leur façon spécifique d’aborder les obstacles en face du protagoniste.
OK, green screen à gogo, c’est pas un très joli film, ça ramollit un peu après la scène de la cuisine et tous les invités n’affichent pas le même niveau d’implication mais les protagonistes sont encore une fois excellents, avec une alchimie folle entre Tom Holland et Zendaya. Bon ! Logique en même temps, ils se sont pécho IRL sur le film précédent.
Mais surtout, contrairement au film précédent, je trouve que les « à côtés » Marvel servent cette fois l’intrigue – en permettant de fluidifier sa progression avec du TGCM à gogo mais validé par l’univers – d’avantage qu’ils ne font distraction. On n’a pas l’impression de suivre le B plot d’un film Avengers tourné en parallèle, comme c’est souvent le cas dans les récentes prods Marvel. Bref ! Ça n’a pas grand intérêt d’un point de vue cinématographie mais j’ai trouvé ça divertissant, malin, avec un message super positif mais pas niais pour les gosses visés par le film, et même un peu de biscuit pour les vieux / parents / tontons qui les accompagnent… Purée, il vous fallait quoi ? Mon deuxième Spidey préféré après Spiderverse.