[Les champs de Pivot] Le stupéfiant topic des 漢字, de l'ετυμολογία et des 𓀀𓋍𓉏𓅢

Il reste encore des applications pas totalement déprimantes de l’IA, par exemple cette tentative de demander à Stable Diffusion d’imaginer des kanjis.
https://twitter.com/enpitsu/status/1610587513059684353

Je ne sais pas quoi faire de cette interrogation métaphysique alors je la pose là : pourquoi diable les anglo-saxons situent-ils les idées dans un espace situé au-dessus de la tête, et pas dedans ? Pourquoi What’s on your mind? et on the top of my head ?

Certes, on a bien une idée sortie du chapeau en français mais c’est clairement une référence aux tours de prestidigitateurs, personne ne s’imagine vraiment que l’idée était cachée trois centimètres au-dessus de la caboche du type en face. D’habitude, on s’intéresse de manière plus prosaïque à ce qui se passe dans le cerveau de quelqu’un, on a en tête une idée, etc. Est-ce que le fait de circuler à gauche était l’indice d’un problème de spatialité plus large ? Est-ce qu’un Français prétentieux a un gros melon et un Anglais vaniteux un gros chapeau melon ?

Je suis perdu sur des abîmes de perplexité.

Hum, en tout cas pour la première expression, certains anglo-saxons se contrefichent de cette convention (si c’en est vraiment une, ce qui m’étonne un peu).

(oui, j’aurais pu mettre Antiloop, mais c’eut été un peu facile)

L’expression correcte est off the top of my head. Parce que c’est la première idée qui te vient = t’as choisi celle qui flottait à la surface de ta grosse marmite à idées et que tu pouvais repêcher rapidos en premier, au lieu de te fatiguer à longuement brasser toutes les idées avec ta louche pour chercher la meilleure.

Pour in my mind et on my mind, les deux existent. On my mind est typiquement employé pour parler d’un truc qui te préoccupe ; je suppose que l’emploi d’on reflète le côté inconfortable de la situation. Probablement une contraction de weighing on ? L’analogie francophone serait de dire qu’un truc te pèse (sur le cœur / sur le moral / sur la rondelle etc.).

Sans déconner, c’est ma plus fréquente pierre d’achoppement avec mes collègues britanniques depuis dix-sept ans.

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C’est un jeu de mot sur 月光 yuèguāng : comme en japonais 月 désigne indifféremment la lune ou un mois (ici, de paye), et parmi ses multiples sens 光 signifie aussi bien lueur que « tout nu », « seulement », et, par extension, « fini, à sec, plus rien ».

Je vois assez peu d’équivalents en français, à part l’expression antinomique « se mettre sur son 31 » (ie bien s’habiller pour aller dignement dépenser la paye tout juste reçue). S’il fallait le rendre au plus vite dans un sous-titre, je pense que j’irais vers quelque chose comme « le clan des fins de mois à la belle étoile », voire en plus explicite « le clan des fins de mois sur la paille ». Ou si on veut un truc qui conserve l’ambivalence, le jeu de mot et la poésie, « le clan de l’éclipse d’argent ».

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J’ai toujours eu l’impression que iconique était un faux-ami de iconic. Est-ce que je me trompe ? J’ai le ressenti que « emblématique » irait mieux dans 99% des cas.

Le Robert a l’air d’accepter cette interprétation mais c’est peut-être un aveu d’échec face à un anglicisme désormais trop bien enraciné dans la culture populaire. Mais en l’occurrence, son emploi était avant tout une référence culturelle pointue.

Comme souvent avec The Cultural Tutor, voici un sympathique topo sur le nom-temporaire-qui-est-finalement-resté du protocole Bluetooth. Je connaissais vaguement l’histoire du roi Harald Gormsson mais j’avais zappé que le logo était une combinaison de runes.

Et pour rester dans les éthymologie de techno, j’ai appris via Canard PC que l’acronyme Minitel venait « Medium Interactif par Numérisation d’Information TELéphonique ».

Au passage, leur dossier sur le dev et la pratique du JV d’avant Internet est bien trop court mais tout de même recommandable.

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Pourquoi :netherlands: = dutch mais :de: = deutsch ?

La vidéo dure 1/4 d’heure mais, si vous êtes pressés, la réponse à la question arrive assez vite et le reste n’est que du complément d’information.

J’avoue que les allitérations en néerlandais de bon lundi matin, c’est pas laid, mais ça réveille.

Ce débat étymologique de radio-amateurs sur Quora m’apprend qu’avant SOS, on se servait en morse de "CQ " (Sécu) et que « Mayday » vient bien du français « (venez) m’aider ».

A noter que « Mayday » est à réserver aux cas de détresse ultime, les télégraphistes envoient « PAN PAN » (du mot « panne ») s’il n’y a pas d’urgence vitale.

Quand tu as trop de temps sur les mains.

https://twitter.com/TheLuisPanini/status/1632461905825759232

Difficile de le contredire…

French is easier than Mexican.

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Dans la série « est-ce que toutes les traditions américaines sont basées sur l’esclavage ou le génocide des indiens ? », je découvre l’origine des expressions « cakewalk » et « long time no see ».

En ces jours troubles et véhéments, un quart d’heure charmant et inoffensif sur les nombreuses petites différences entre jeu en anglais et jeu en Anglais.

Une chouette animation pour le fameux sketch soft language de Carlin.

Pour le terme PTSD spécifiquement, ça me fait rappeler ce bout de l’épisode « Translation » de Radiolab (j’ai mis la version texte, il faut ctrl-f Carlin) qui explique que l’évolution de ces termes pour décrire le même phénomène reflète l’évolution de la compréhension même du PTSD.
On passe d’un truc ponctuel, un choc, à quelque chose qui va plus longtemps dans la durée. Et aussi, on quitte le domaine de l’armée et de la guerre pour décrire tout type de traumatisme.

Bonne rétrospective sur la longue carrière de @ l’arobase.

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