Intéressant qu’on arrive aux dix ans d’Anohana car cette série m’avait marqué à l’époque comme la première à utiliser et mettre en scène la nostalgie d’une enfance Heisei, avec ses ados qui se souviennent de la GBA et de Mushiking, plutôt que le grand classique « nostalgie Shōwa » qui alimentait déjà la culture populaire japonaise depuis un bail.
Ça annonçait vraiment un gap générationnel de marqueurs référents culturels, un peu comme l’assimilation enfantine de l’attaque au sarin orchestrée par la secte Aum dans Penguindrum la même année, d’ailleurs.
Je viens de voir ON-GAKU, notre rock! (音楽, 2019, réal. Iwaisawa Kenji, d’après un manga d’Ôhashi Hiroyuki). Un petit film tout simple à tout petit budget (dont un financement participatif et aussi pas mal de roto pour aider) sur un trio de lycéens qui se lancent dans un groupe de rock. Le point de départ bateau pour un récit d’apprentissage et de dépassement de soi, mais ici pas du tout. C’est très minimaliste et rafraichissant. A voir avec un bon casque ou une bonne stéréo qui crache.
J’ignorais que Katabuchi était en train d’essayer d’adapter les Makura no Sôshi en animation, merci de l’avoir porté à mon attention.
Du coup en cherchant un peu où en est le projet je tombe sur cette vidéo de la MCJP où Nguyen en discute, entre autre, avec lui. Il y expose longuement ses intentions et on peut voir pas mal de croquis de préproduction. Je suis impressionné par son dévouement à ce projet et la maniaquerie qu’il s’impose dans la reconstitution de l’époque Heian. J’espère vraiment que ça aboutira, parce que sinon ça rejoindra Aoki Uru, Yume Miru Kikai ou The Stars my Destination par Maeda dans la liste des grands animes qui ne se sont jamais fait et la frustration sera bien réelle, elle.
J’imagine que s’il veut être sérieux, il est bien obligé d’être maniaque pour la reconstitution. Le Makura et le Genji sont des oeuvres qui ont un vocabulaire extrêmement précis (et différent pour bien faire chier) sur absolument tout, de l’ameublement aux vêtements aux roues des charrettes. Et contrairement au Genji, c’est pas vraiment la trame pédophilo-narrative qui va tenir le film sur la durée si tu fais pas le boulot de reconstitution.
J’imagine aussi que tout ce travail de pré-production l’aidera à faire approuver quelques prêts de diverses institutions culturelles kyotoïtes…?
Il était venu faire une conférence chez nous à ce sujet, et son boulot préparatoire est effectivement terrifiant: des milliards de tableaux excel sur les nobles du cru, leur généalogie, leurs relations familiales et privées, leurs goûts, et SURTOUT leurs dates et causes supposées de décès… Il veut clairement faire un Kono sekai no katasumi ni version cour de Heian, centré sur le quotidien (et aussi un peu les croyances de ces bonnes gens pour quand même mettre un peu de fantaisie visuelle).
Son leitmotiv c’était « la place prépondérante de la mort et la maladie au sein du quotidien de la cour », donc faut sans doute pas s’attendre à un truc trop égrillard.
Mais d’une manière générale, je le trouve plus léger et moins démonstratif/donneur de leçons que pouvait l’être Takahata, donc je reste raisonnablement optimiste quant au résultat final.
Ouais, au final ça reste l’esthétique du quotidien des gens au sommet de la société, donc il faut qu’il y ait ce genre de moment de vide de la vie quotidienne, sinon… c’est « une reconstitution historique de la cours de Heian », PAS le Makura.
Ça doit être bien difficile d’équilibrer les deux… Marier les notes de tristesse et d’angoisse avec un truc visuel… surtout que c’est quand mêmes sur le dialogue interne de l’auteure, donc à moins d’avoir une doubleuse qui monologue pendant 2h, il va falloir que des choses se passent entre les fêtes, les promotions, les viols et les décès…
Je sais pas trop où ça peut aller, mais j’espère que ça sera fini avant ma retraite.
Un film remontage crowdfundé, donc. C’est sans doute un peu trop tard pour les deux, film comme crowdfunding, mais j’imagine que ça reste mieux que le café à thème et l’exposition dont une majorité des animes de 2011 devront se contenter.
Et puis les illustrations diffusés sur le twitter ces 5 derniers jours étaient adorables au possible.
Bon, le crowdfunding à la japonaise, un peu dodgy, mais bon.
Si c’est aussi fumé que le film d’Utena, ma foi, y’a moyen que ce soit vraiment cool. J’imagine qu’il y aura de nouvelles chansons d’ARB reprises ?
Mais je serais bien curieux d’avoir l’opinion d’Ikuhara sur la gestion du Covid… J’espère que ça sera le thème de sa prochaine série.
J’aimerais croire à un Apocalypse du Penguindrum dans toute sa splendeur mais vu que le site parle de 編集劇場版 je vais éviter d’avoir trop d’attentes vis à vis du contenu du film Au mieux je serais surpris en bien si Ikuni remonte sa série pour raconter avec une histoire radicalement différente. Mais je me demande vraiment comment un récit comme Penguindrum, qui s’épanouissait vraiment à travers ses à-cotés et ses digressions en marge du récit principal, pourra rendre sous la forme d’un film de plus ou moins deux heures.
Faut voir le bon coté de la chose, ça nous épargnera Himari qui se transforme en voiture de cristal pendant le final, mais malheureusement ça veut aussi dire qu’on ne verra pas Himari se transformer en voiture de cristal pendant le final.
Ouais, déjà les side-quests de Ringo, la fausse Juri dont j’ai toujours pas compris le rôle ou la fabulous chanteuse de takarazuka seront zappées, c’est pas possible de tout faire tenir. Et un résumé en accéléré… je vois pas bien comment un récit de 2h peut contenir tout ça.
Apparemment, les animateurs japonais sont tellement sous-payés que maintenant, les gros projets chinois comme Tencent préfère les employer plutôt que des animateurs chinois, ils sont moins chers.
Je ne sais pas ce qui leur a pris mais jolie pub à forte inspiration Lupin The 3rd pour Head & Shoulders au Japon. Je trouvais ça « très français » dans le style et je découvre que ça a été produit par Wizz à Paris pour le compte d’une agence de créa singapourienne sous contrat avec Hakuhodo (le grand rival de Dentsu) pour la branche japonaise du shampoing américain. Un vrai thriller international, donc.
Ah, et voilà que Ikuni réagit à l’histoire de la sous-traitance chinoise qui se dirige vers le Japon en faisant un lien avec les années 80, où les studios japonais étaient payés jusqu’à trois fois plus pour faire les sous-traitance d’animés américains que pour faire de la production locale, jusqu’à ce que le dollar tombe à 100 yens et que cette manne disparaisse dans les années 90.
Ça rappelle aussi les studios chinois qui ont identifiés quels studios japonais valaient le coup au milieu de tous les studios existants qui font de la merde… Y’a un mouvement qui se passe.
Je me demande aussi où va l’argent, comme tout le monde sans doute.
Je savais même pas avant hier que le projet s’était finalement bien fait avec Wizz/CRCR. J’avais été appelé par eux en décembre pour 4 jours de taf lors de l’appel d’offre du client. J’avais passé mon anniv à taffer sur un décor concept de shibuya. Content de voir qu’on l’avait remporté
L’argent va dans la poche des entreprises membres des comités de prod, non?
Elles paient le studio d’animation des frais fixes de « fabrication », le studio est donc un prestataire payé (ric-rac) un forfait « sec » pour le taf mais il n’a plus aucune rentrée d’argent ultérieure sur l’œuvre puisqu’il en abandonne les droits (la propriété intellectuelle) au comité.
En tant que titulaire des droits, le comité de prod (= le pool d’investisseurs) répartit ensuite les bénéfs entre ses différents membres, avec une proportion décidée à l’avance, qui dépend de la part d’investissement de chaque entreprise dans la prod elle-même et aussi dans les autres dépenses: pub etc - dont les participations « en nature » comme une chaîne TV qui mettrait à dispo une case dans sa programmation. La proportion dépend aussi de l’usage direct que peut faire chaque entreprise participante des dits droits: maquettes pour les Bandai&co, BO et concerts pour les maisons de disques, etc. Je ne sais pas si ceux-là s’en mettent plein la lampe ou si les bénefs de l’animation leur permettent d’éponger les dettes de leur activité principale en berne…
Il y a quelques studios qui s’autoproduisent pour éviter ce problème de l’abandon de droits (Fabien avait donné l’exemple Khara, il y a bien sûr Tôei aussi), mais ça reste minoritaire.
On lit beaucoup qu’il suffirait que les studios « récupèrent les droits de leurs œuvres pour régler le problème en s’assurant des rentrées d’argent pérennes sur le temps long », mais pas sûr que ce soit aussi simple parce que le système des studios actuels n’est pas conçu comme ça, et la plupart n’ont pas les postes ni les connexions pour gérer les aspects commerciaux (tout ce qu’il y a en dehors de la fabrication proprement dite). Sans parler du fait que les droits viennent souvent déjà d’une tierce partie à la base (manga, light novels etc)…
Bref, ça a l’air d’un sacré foutoir!
Ce qui m’impressionne le plus, c’est les retours chiffrés récents selon lesquels la part des droits d’exploitation à l’étranger représenterait désormais plus de 50% du chiffre d’affaire du secteur de l’animation au Japon. Tout ça avec Crunchy Roll, Netflix et compagnie? Je croyais que les jeunes occidentaux faisaient rien qu’à pirater!
EDIT:
comme mon message n’était pas des plus pertinents, voici une vidéo qui traite du problème des comités de production, vu par Okada Toshio et le réalisateur Yamamoto Yutaka:
(en prime, une idée intéressante sur le pourquoi de la remontée en masse du nombre de séries produites annuellement depuis 2016…)
Ah bah c’était pas la peine de se faire du soucis pour Ikuni : le crowdfunding de Penguin Drum a atteint son but en 150 secondes.
Ils en sont à 5x la somme demandée pour le moment, et il leur reste encore 48 jours pour faire les poches de gogos trouver des financements pour leur petite entreprise indépendante. Hourra !
Je parlais de super robots dans un topic voisin et justement, j’apprenais tantôt via des potes de l’animation que Sunrise a récemment annoncé une nouvelle série de super robot traditionnelle, avec donc comme objectif principal de vendre des jouets et des kits de maquette, comme à la grande époque. Il me semble que Bandai avait tenté un truc similaire récemment (avec un succès mitigé). Celui-ci s’appelle Kyōkai Senki et est produit dans l’ancien studio d’animation Xebec, récemment absorbé par Sunrise.
Un bon article anglophone qui résume la situation :
Comme le note d’ailleurs l’article, intéressant de voir que le mechadesign tente de concilier les poncifs du robot façon Sunrise, les besoins de Bandai Spirits (pour les maquettes) et les préférences du public étranger, segment de plus en plus primordial pour les deux aspects du business. Le dessin animé débarque cet automne.
Ça aurait pu avoir sa place dans le topic chiffres/thunes :
Mine de rien, ça fait environ 30 ans qu’il y avait un conflit sur les droits d’utilisation de Macross hors Japon entre Big West, Harmony Gold et Tatsunoko. Là tout serait (?) résolu pour tous les anime post-1987 (pourquoi cette date ?), ainsi que pour les produits dérivés, etc. Pile à temps pour la sortie d’un nouveau film Macross, quel heureux hasard !
Et pour fêter ça, mise en ligne c’est-gratuit-cousin pendant une durée limitée d’un épisode commémoratif de 2012 sur youtube :
@Howardphilips Il se trouve que j’ai récemment dîné avec une des personnes impliquées dans la récupération des droits et, si j’ai bien compris, le but était de faire au plus simple en clarifiant d’abord illico les droits de Macross pour tout ce qui n’a pas été exploité dans Robotech ; ils ont donc pris pour point de rupture le film Macross de 1987. Ça ne m’a pas été dit directement mais je crois comprendre qu’ils essaieront de récupérer le reste ensuite.
Le prochain Pixar, titré Luca, sera une fois encore un projet Disney+ et cette fois, c’est Coco en Italie.