【SEGA❤︎SATURN】30 ans d’espace-mémoire inclus dedans

Entre le 22 et le 29 mars 1996, la Saturn avait connu un printemps de folie avec la sortie de la Saturn blanche, la baisse de prix de la console à 20.000¥ et les sorties cumulées de KOF’95, Panzer Dragoon Zwei, Snatcher, Dragon Force et d’un extraordinaire jeu de football, J.League Victory Goal ’96, qui fête donc lui aussi ses 25 ans ce lundi.

Fort de cette magnifique chanson d’intro signée Mitsuyoshi “Let’s Go Away!” Takenobu, mais aussi et surtout d’un tout nouveau moteur graphique, d’une physique de balle assez révolutionnaire à l’époque, de contrôles de dribble bien plus avancés que ses concurrents et d’un paquets d’options, Victory Goal ’96 (puis sa version occidentale Sega WorldWide Soccer ‘97) est resté pendant environ un an et demi la meilleure simulation de football dispo sur le marché, grosso modo jusqu’au duo FIFA Coupe du Monde ’98 (Electronic Arts) & Winning Eleven 3: Final Ver. (Konami) courant 1998.

Mis à part ses qualités vidéoludiques, l’autre atout imparable de V.Goal ’96 est que le jeu couvre une des meilleures saisons de l’histoire de la J.League, avec un format à saison régulière unique pour la première fois de l’histoire de la compétition (plutôt que deux phases et les deux champions de chacune qui se rencontrent en finale) et une expansion au nombre idéal de seize clubs avec l’arrivée de Kyoto Purple Sanga et d’Avispa Fukuoka dans le championnat.

C’est aussi la saison qui a marqué la fin de l’hégémonie des Yomiuri Verdy sur le foot professionnel japonais, après avoir gagné les trois premières saisons de J.League puis perdu en finale la saison précédente, contre Yokohama Marinos. La saison 1996 avait quelques chouettes équipes : les Verdy avec la dernière grande saison de Kazu Miura (le Kazu Miura qui joue encore aujourd’hui à 50 balais), les Urawa Red Diamonds de Basile Boli, la dernière grande équipe des Yokohama Flügels avant la disparition du club en 1998, le Nagoya Grampus Eight d’Arsène Wenger (qui quittera le club pour le FC Arsenal fin septembre), de Franck Durix et de Dragan “Piksi” Stojković, et enfin l’éclosion du futur meilleur club de l’histoire de la J.League, les magnifiques Kashima Antlers, qui gagnera ici son premier titre national sous l’égide du roi Zico. En gros, imaginez si l’En Avant Guigamp était devenu la Juventus à son arrivée en Ligue 1. Un championnat ’96 qui sera finalement décidé à l’avant-dernière journée après un suspense insoutenable.

In the 1996 season, the J.League abolished the split-season format and followed a single-season one. Sixteen clubs played in a double round-robin format, a total of 30 games per club. With two games to play, three clubs had the chance to win the league title. If Kashima Antlers (red) managed to beat title rivals Nagoya Grampus (white), and Yokohama Flügels lost their match, Kashima Antlers would be virtually crowned champions, due to their vastly superior goal-difference over Yokohama Flügels. Now Kashima’s Technical Advisor, could Zico finally see his side win the title that had always alluded him as a player…?

En vérité, pour profiter à plein tube des meilleures équipes de cette grande saison 1996, mieux vaut acheter Victory Goal ’97 sorti un an après puisqu’à l’époque, tous les jeux de foot avaient une saison de retard sur les performances des équipes, d’autant qu’un paquet de transferts européens n’arrivaient qu’à mi-saison. Par exemple, vous n’aurez pas ce brave Basile Boli à Urawa dans V.Goal ’96 puisqu’il n’est arrivé au club que pendant la trêve estivale. Mais vous aurez Leonardo à Kashima avant qu’il ne parte au PSG.

Malheureusement, suite à des audiences et des ticketteries en baisse, la saison 1997 est revenue au format Double Stage (et donc les jeux aussi). En vérité, le problème ne venait pas du format mais du fait que la J.League s’était agrandie bien trop vite. Avoir 16 clubs dans un championnat unique était la bonne idée et le bon format, mais trop tôt pour le niveau général de l’époque, certains matches chez les mal classés tournant souvent à la purge. Jamais vraiment remis du traumatisme de la non-qualification à la World Cup USA ’94, le public japonais nouvellement fan de foot commençait à se lasser des folles promesses du produit J.League et, malgré le suspense passionnant de cette saison 1996 et les réels progrès tactiques et physiques apportés par Wenger et Zico, la victoire finale d’un club de bouseux en bord de mer manquait un peu de strass et de paillettes pour le public lambda. Les audiences et moyennes de spectateurs continueront inexorablement de chuter les saisons suivantes.

Cette année 1996 sera donc en quelque sorte l’apogée et la fin du premier âge d’or de la J.League, avant quelques dures années de vaches maigres. C’est finalement un joli symbole que cette saison ait été immortalisée dans un excellent jeu Saturn, console pour qui la même année 1996 aura tourné, au fil des mois, de l’ivresse au vinaigre.