[Sports] Le FC Boulette reforme sa superteam

L’article est derrière un paywall: quel est donc le mystérieux secret d’entrainement de ces Smile et Peco français?

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Un saint homme, je présume. Mais j’ai galéré aussi, un gros bouquin comme deuxième image eut peut-être été plus logique. Ou un fromage savoyard ou pyrénéen.

Prévu la balise Spoil NFSW mais pas trouvé dans l’interface Discord suite à un Quote… fatigué itou donc en mode Collaro playmate soft edit possible

(pour les Philiconographes qui nous suivent : C’était « Saint Homme » le Popples étant un bonus)

J’aurais aimé un Libé ou L’Equipe Transalpin avec un « la torre pendente di pisa non si raddrizzò »(référence au Figaro et l’article sur le fait qu’elle se redresse toute seule" (please no quote)

Sinon ce qui est quand même flagrant c’est l’intensité de ce genre de matchs

@Maze_Carl Alors c’est normal que t’aies pas trouvé l’interface Discord sur Discourse (krr krr krr) mais sinon tout est caché dans le petit rouage :gear: à droite dans la fenêtre de rédaction.

@sopinambour Tu sais, je matais le résumé de la promotion du Port Vale FC en League One (troisième division, équivalent du National) et je me disais que même le football est assez peu médiatisé, face au traitement d’autres pays voisins, en fin de compte. La France a une tradition médiatique d’évènements, pas de sports. Faudrait que le Ping-Pong se positionne en nouvelle grande tradition du week-end pascal, ou remplace Intervilles pour les guerres de villages estivales, ou devienne le kōshien français avec des primes pour les bahuts vainqueurs. Un plan dans ce genre.

Ah, ça… Que la France ait moins la culture sportive que nos voisins anglais et méditerranéens, ce n’est qu’un triste constat. Je ne sais pas comment on se situe à côté de l’Allemagne, je connais trop mal. Mais je suppose qu’on peut facilement défendre la thèse que de la même façon que la très importante culture (et lobby) viticole en France en font un pays en retard sur la plupart des autres sur la bière, l’imaginaire tout aussi français de la sainte élévation de l’esprit par l’ââârt ne prédispose pas nécessairement le monde médiatique à mettre en avant des gens en socquettes qui se disputent des ballons dans la boue ou un gymnase. Note d’ailleurs que le cyclisme et le rugby, deux des disciplines sportives pour lesquelles existe une longue tradition médiatique française, sont également deux sports réputés pour les grandes plumes qui les ont racontées, comme s’il fallait toujours que le littéraire vienne au secours du populaire. (bon, ok, ça n’explique pas Intervilles)

A côté de ça, il arrive quand même que la télé française, surtout publique, mette en avant des sports (un peu) moins médiatisés (que le foot chez nous), mais c’est vrai que c’est quasi exclusivement 1°/ dans le cadre de grands événements type euro ou JO 2°/ des sports très pratiqués en scolaire (basket, hand, volley, judo…). 3°/ et bien sûr, bonus pour les sports où les français brillent (les quatre cités, l’escrime, la boxe, etc.)

En tout cas à la suite de cette conversation je découvre (le mot est faible) l’existence de Sport en France, une chaîne TV & web TV lancée par le Comité national olympique et sportif français pour justement mettre en valeur les sports qui ne bénéficient pas d’une exposition médiatique.

Je vous fais juste un mini-résumé du programme du jour, on ne peut pas les accuser de manquer de variété :

MAGAZINE 09:40 - Le Geste Parfait. Sport-Boules - « Le lancer »
COMPETITION HANDBALL -10:00 - Ligue Butagaz Energie - Finale retour Metz Handball - Brest Bretagne
MAGAZINE - 13:50 - Le Geste Parfait - Le « Massé » au billard, une technique à part !
COMPETITION VOLLEY-BALL - 19:50 - DIRECT France - Bosnie-Herzégovine
INÉDIT EMISSION - 22:25 - Hype - Emission 8 - Les Américains sont-ils encore dominateurs en NBA ?
COMPETITION VOLLEY-BALL - 23:30 - France - Bosnie-Herzégovine
COMPETITION MULTISPORTS - 01:50 - Coupe de France de Palet fonte - Demi-finales et finale
COMPETITION TRIATHLON - 02:55 - Etape 1 - Fréjus D1 Femmes
COMPETITION - 04:15 - Finale du championnat de France Rugby XIII Fauteuil - Dragons Handi Rugby XIII - Montauban Handisport

En tout cas il va falloir que je rattrape le youtube game du palet fonte pour me mettre à niveau pour ce soir, je ne vous cache pas que je pars de loin.

Si j’en crois la page des replays, triés par fédération, la Sport en France diffuse aussi bien du base-ball et de la pelote basque que de la pêche sportive et des sports de traineaux. Or donc, on y trouve donc des diffusions (alléluia) de la pro A de tennis de table.


Puisque je suis sur les fédés sous-représentées, j’ai jeté un œil aux stats officielles du ministère des sports, et sur l’année 2020 (forcément particulière, quasi tous les sports sont en baisse), les fédés comptant le plus d’inscrits (au hasard, au dessus de 200 000) en France sont :

  1. Foot (2,1 millions, -4 % sur un an)
  2. Tennis (972 000, -0,7 %)
  3. Basket (668 000, -6 %)
  4. Equitation (608 000, -2,6 %)
  5. Judo-ju-jitsu (542 000, -3,7 %)
  6. Handball (465 000, -5,5 %)
  7. Golf (403 000, -3,8 %)
  8. Natation (380 000, +3,9 %)
  9. Rugby (346 000, -10,7 %)
  10. Canoë-kayak (339 000, -7 %)
  11. Gymnastique (321 000, -1,4 %)
  12. Athlétisme (310 000, -4,4 %)
  13. Karaté (241 000, -1,4 %)
  14. Voile (237 000, -7,9 %)
  15. Tir (228 000, +0,7 %)
  16. Tennis de table (202 000, -4,9 %)

Le badminton, le volley et le ski sont tous en dessous, entre 100 et 200 k. En fond de tableau, l’escrime est à 54 449, le hockey sur glace à 21 765, le baseball à 13544 et le pentathlon moderne à 2 544.

A noter que je n’ai regardé que les sports olympiques. Sinon, sachez qu’il y a 300 000 adhérents à la fédé de pétanque et jeu provençal, 257 000 à la FF rando terrestre, 219 à la fucking fédération française d’hélicoptère, et que contre tout bon sens, le basket aquatique de piscine avec des bouées en guise de panier n’est toujours pas reconnu comme un vrai sport par les instances françaises. Aucune trace du Quidditch, à mon grand dam.

Dans le même temps, si l’on en croit Sport Annual Report, toujours en 2020 :

Screenshot - 2022-06-01T100230.330

Bref, le nombre de pratiquants et le temps de diffusion sont complètement décorrélés (ce qui du reste n’est pas bien étonnant, d’autres logiques rentrent en jeu, comme la télégénécité la télégéniquitude le spectacle, des stratégies d’occupation d’antenne, le prix des droits de retransmission, la demande, etc.).

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Dis donc, sacré programme sportif en ce moment.

J’ai vu un bout de la finale de l’Euro des -17, remportée par la France après un scénario à la France-Croatie 1998 (menés 0-1, les Bleuets renversent le match grâce à un doublé thuramesque de leur arrière droit, Saël Kumbedi, qui n’a franchement pas l’air adroit de son gauche.

Au passage, j’ai découvert le très impressionnant Mathys Tel, jeune offensif rennais dont les records de précocité n’ont été battus que par Camavinga (il y a pire…), et qui balle en pied, est d’une facilité et d’une désinvolture indécentes. Dans la carrure, le jeu en pivot, le coup de rein, les contrôles orientés, les déhanchés chaloupés, il a un Pogba dans chaque pied ; saupoudré d’un Mbappé pour la vitesse d’exécution et l’attirance pour le but. Je lui souhaite d’avoir ne serait-ce que le quart de leur carrière, mais il a de l’or dans les chaussettes ce gamin, et visiblement ça se sait déjà.

J’ai cligné des yeux plusieurs fois, j’avoue.

Je me demande si on peut parler de balkanysation du basket francilien.

Ah oui quand même…

Rappelez à vos enfants que les maths, c’est important.

Week-end de football intéressant avec l’Espagne qui enchaîne les matches nuls et l’Angleterre (face à la Hongrie), la France (face au Danemark), la Belgique (face aux Pays-Bas) et la Croatie (face à l’Autriche) qui perdent assez logiquement, tandis que l’Argentine et le Brésil se baladent. On a d’ailleurs un petit Japon-Brésil ce lundi (19:20 heure locale) si les Européens du forum ne savent pas quoi faire de leur début d’après-midi.

Sinon c’est aussi la quinzaine des dernières qualifs pour la WM. On n’aura pas droit au conte de fée des ukrainiens qui se qualifient avec deux matches à l’extérieur en plein conflit russe puisqu’après leur héroïque victoire en Écosse (1-3), ils ont perdu au Pays de Galles (1-0) ce dimanche malgré une prestation encore une fois convaincante sous une pluie tonitruante. Le Pays de Galles se retrouve du coup dans le groupe B de ses voisins anglais.

Pour l’instant :

:de:Allemagne
:england:Angleterre
:saudi_arabia:Arabie saoudite
:argentina:Argentine
:belgium:Belgique
:brazil:Brésil
:cameroon:Cameroun
:canada:Canada
:kr:Corée du Sud
:croatia:Croatie
:denmark:Danemark
:ecuador:Équateur
:es:Espagne
:us:États-Unis
:fr:France
:ghana:Ghana
:iran:Iran
:jp:Japon
:mexico:Mexique
:morocco:Maroc
:netherlands:Pays-Bas
:wales:Pays de Galles
:poland:Pologne
:portugal:Portugal
:qatar:Qatar
:senegal:Sénégal
:serbia:Serbie
:switzerland:Suisse
:tunisia:Tunisie
:uruguay:Uruguay

Restent trois matches pour deux places. Le prochain match est le play-off de la zone Asie entre l’Australie et les Émirats Arabes Unis (ce mardi 7 juin), qui qualifiera le vainqueur pour un match contre le Pérou (13 juin), qui enverra le vainqueur dans le groupe D de la France. Le dernier qualifié sera le vainqueur de Costa Rica - Nouvelle Zélande (14 juin) qui rejoindra alors le groupe E avec l’Espagne, l’Allemagne et le Japon. Ces trois matches se disputeront au Qatar.

En 2002, Pete Sampras (31 ans) gagnait son dernier U.S Open (et du même coup son tout dernier match), établissant alors un record jugé à l’époque comme hallucinant de 14 tournois du Grand Chelem gagnés dans sa carrière.

Vingt ans plus tard, Rafael Nafal (36 ans) vient de gagner, sur un seul pied valable, son 14ème tournoi de Roland-garros (en 17 ans).

Puisque mon tiroir à petits drapeaux est ouvert, voici le record actuel :
:switzerland:Roger Federer (20 victoires en Grand Chelem)
:serbia:Novak Djokovic (20)
:es:Rafael Nadal à Roland Garros (14)
:us:Pete Sampras (14)
:australia:Roy Emerson (12)
:australia:Rod Laver (11)
:sweden:Björn Borg (11)
:us:Bill Tilden (10)
:es:Rafael Nadal en dehors de Roland Garros (8)
:uk:Fred Perry (8)
:australia:Ken Rosewall (8)
:us:Jimmy Connors (8)
:czech_republic:Ivan Lendl (8)
:us:Andre Agassi (8)

Quel irrespect envers la glorieuse nation estonienne

Ah mais surtout je remarque ces heureux veinards ont joué dans le merveilleux stade El Sadar rénové de Pampelune. Un des plus chouettes d’Europe askip’, l’infrastructure comme le public, c’est dans ma liste des stades à voir en vrai dans sa vie.

On va schématiser mais en gros : actuellement on a deux styles très distincts qui s’affrontent au retour de service. Tu as l’approche agressive incarnée par Djokovic (qui est dans la droite lignée de ce que proposait Agassi, vainqueur de Wimbledon '92 à la surprise générale) et l’approche plus « passive », très éloignée, utilisée par Nadal, Medvedev ou même Thiem quand il était encore au top.

Je dis « passif » mais c’est plus une technique d’absorption et de temporisation.

Bref, note que Djokovic se recule davantage sur terre battue notamment sur 1ère balle adverse ; à la fois à cause des rebonds aléatoires générés par la surface mais aussi afin de pouvoir renvoyer à meilleure hauteur le « kick » de ses adversaires (très flagrant contre Alcaraz à Madrid). La terre battue est aussi une surface de dialogue. S’il saute sur certains services adverses à l’occasion, il adapte quand même un peu sa philosophie de jeu à la surface.

Maintenant pour répondre précisément à ta question, certains joueurs se postent très loin au retour de service parce que la data est très claire : c’est la meilleure position afin de renvoyer un maximum de services de l’autre côté du filet.

Deux raisons à ça :

  1. Loi physique basique : la balle ralentit lors de son parcours dans l’air, pratique contre les serveurs qui servent à +215 km/h
  2. L’oeil a plus de temps pour lire la trajectoire de la balle ce qui évite de décentrer/faire un « bois » lors de son retour

Là on se dit instinctivement : mais pourquoi tous les joueurs ne se mettent pas à six mètres de la ligne de fond pour retourner ?

Car la difficulté majeure de cette position est qu’il faut impérativement frapper son retour avec beaucoup de longueur pour ne pas se faire piéger. Et… bah c’est pas évident. Nadal y arrive en mettant énormément de lift (ce qui lui permet de revenir très vite juste derrière la ligne de fond pour son deuxième coup de raquette), Medvedev le fait beaucoup plus à plat et compte sur sa couverture de terrain pour neutraliser le 2ème/3ème assaut.

Sans compter qu’il faut aussi que le recul du court te le permette ; la plupart des courts annexes/petits courts de « Challengers » interdisent cette technique.

Enfin, cette position ouvre les angles et peut être plutôt facilement déjouée par un joueur qui pratiquerait le service-volée ou glisserait une amortie juste après son service. Le problème c’est que le niveau des joueurs actuels à la volée est faible et que l’évolution matérielle a rendu ce style intenable sur la durée (va essayer de volleyer sur le lift de Nadal pendant trois heures).

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Merci @Mister_Pinkounet, c’est super intéressant !

Je trouve assez fascinant de voir à quel point entre deux sports qui portent quasiment le même nom, le tennis et le tennis de table, la méta au service peut être différente. Dans le ping, le service doit d’abord rebondir sur sa propre partie de terrain, et il n’y a aucune obligation de servir croisé : cela change totalement l’approche. Si jamais tu te recules trop, tu es mort, les possibilités de services amortis sont beaucoup plus importants, avec une palette de placement plus large et une balle qui « meurt » beaucoup plus vite, fatalement, étant donné la taille réduite du terrain. D’une manière générale ça n’existe pas vraiment de mettre un ace en jouant sur la vitesse. Quoique, c’est pas impossible, mais l’effet de surprise en général et le placement sont beaucoup plus déterminants que la vitesse elle-même, cf les deux premiers services ici :

Le but, c’est plutôt de cacher son effet, en alternant des services dont le geste semble similaire, mais qui touchent la balle différemment. (Ca se voit très bien ici avec la double fenêtre et la balle bicolore pour suivre l’effet)

Du coup à la réception, il peut être tentant de se reculer d’un petit pas, mais exclusivement parce que - comme au tennis du reste - l’effet est au maximum au rebond et s’efface petit à petit ; et que cela laisse un peu plus de temps pour analyser le service. Mais c’est assez vite pénalisant, car sur une balle à la trajectoire plongeante cela laisse très peu de marge pour prendre l’initiative derrière, sauf à avoir un coup de poignet de folie. Il y a même des services dit « casse-raquette » qui sont pensés pour rebondir deux fois sur la partie de table adverse, dont la seconde très près du rebord, ce qui est un enfer car il y a le risque de taper la table avec sa raquette, du coup le réceptionneur retient son coup - cf ici (timestamp 1:10).

J’ai certainement pas assez mon permis en tennis pour dire ça autrement que sous la forme d’une prise chaude peu assurée, mais j’ai toujours été frustré par le ratio prédominance/variété des services au tennis, j’ai l’impression que les aces sont hyper nombreux et déterminants, mais qu’ils jouent quasiment exclusivement sur la puissance et la précision, et relativement peu sur le toucher de balle, la variété et le bluff. Après on va pas se mentir, athlétiquement c’est quand même autre chose, et autrement plus spectaculaire.


Les petits plaisirs du cyclisme :

voir un Belge (et pas n’importe qui, Wout Van Aert, trois podiums aux championnats du monde et une flanquée de classiques) lever les bras trop tôt, et se faire souffler une victoire d’étape par un français (David Gaudu, 53 kg tout mouillé, un des meilleurs grimpeurs français, mais souvent cantonné à des rôles de lieutenant au service de Thibaut Pinot)

Tiens @sopinambour Monsieur Cyclisme, pourrais-tu m’expliquer pourquoi y a autant de coureurs au Tour de France, sachant que 99% reste dans le peloton ? D’ailleurs pourquoi y a besoin d’une peloton ? Juste pour le drama et le spectacle ? Je cherchais ca par moi même et on dirait que je suis le seul à me poser la question.

Facile ! Tu as combien d’heures devant toi ?

Pour essayer de te répondre le plus simplement possible, quelques éléments de base :

  • Le cyclisme est un sport d’équipe. Certes, il y a 180 coureurs, mais il y a surtout 20 équipes de 9.
  • Il existe plusieurs conditions de victoire, plus ou moins prestigieuses, qui peuvent se cumuler entre elles (gain de l’étape, port d’un maillot distinctif, classement de la meilleure équipe, dossard du plus combattif, etc.)
  • Le cycliste affronte en même temps ses adversaires, lui-même, et les éléments naturels, à commencer par la résistance de l’air, et sa pire engeance, le vent de face. Façon Horde du contre-vent, il est coutumier que des cyclistes se regroupent en formation de la tortue (que se appelerio échappée, peloton, ou grupetto selon là où elle se trouve et le nombre d’éléments qui la composent).

Tu as donc déjà la réponse à « pourquoi ils sont aussi nombreux » (parce que ce sont plein d’équipes engagées en même temps) et « pourquoi il y a besoin d’un peloton » / « pourquoi ils restent à 99 % dedans » (pour minimiser les efforts, voire se la couler douce pendant que d’autres prennent le vent dans les dents à leur place).

Voilà, ça c’est les fondamentaux. En gros, le cyclisme, quand on est directeur sportif (=entraîneur de l’équipe), c’est un génial jeu d’allocation de ressources à plusieurs paramètres.

Dans le détail, tes neuf cyclistes ont des rôles et des statuts différents. Avant de rentrer dans le détail, il faut bien voir que chaque cycliste, à la manière d’un footballeur ou d’un Pokémon, a son propre profil et son terrain de prédilection. En gros :

  • Les sprinteurs. Ils aiment : les lignes plates, les arrivées, les pavés. Ce sont de gros bestiaux avec des cuissots de mammouths, capables de générer une puissance folle sur quelques centaines de mètre. Par contre, ils détestent la montagne, ils sont trop lourd pour les pentes. Du coup, comme on perd facilement beaucoup de temps en montagne, ils ne jouent jamais le classement général, basé sur le cumul total de temps. Exemple : Cavendish, Demarre.
  • Les grimpeurs. Ils aiment : quand ça monte, et aussi quand ça descend. Ce sont en général des cyclistes assez frêles, très légers, adroits et explosifs, du genre à mettre une accélération soudaine et aller passer les sommets en solitaire, le profil romantique par excellence. Souvent parmi les meilleurs dans les grands tours. Le hic : ce sont de piètres rouleurs, et dès qu’il y a un contre-la-montre sur terrain plat, ils n’avancent plus, et dès qu’il y a le moindre pavé, ils font un soleil. Exemple : Romain Bardet, Quintana.
  • Les rouleurs. Ils aiment : rouler, vite, longtemps. A la différence des sprinteurs, ils ont moins de vitesse de pointe mais plus d’endurance. Ils aiment les étapes longues, plutôt plates, et s’il y a des pavés casse-reins c’est encore mieux, ils ne les craignent pas. Ils sont également très bon en contre-la-montre. Par contre, dès que ça monte, ils tirent en général la langue. Actuellement, le meilleur rouleur, c’est Wout van Aert, de loin. Et le plus célèbre cette dernière décennie, Fabian Cancellara.
  • Les baroudeurs. Le profil préféré de ton pote cyclistophile préféré. Ils aiment : partir dans de grandes chevauchées, que ça monte ou que ça descende, peu importe, ils s’emmerdent dans le peloton, ils ont la bougeotte, ils ne peuvent pas s’empêcher d’attaquer, souvent de très loin, dans des échappées, où ils font parler leur giclette, leur polyvalence et leur endurance. Le hic, c’est que c’est un style de course par définition épuisant, et qu’on ne peut pas répéter éternellement ce genre d’effort, donc autant on les voit souvent à l’avant de la course, capable de prendre 4 minutes aux leaders un jour, autant il est fréquent de les voir dans le grupetto le lendemain, à tirer la langue perclus de courbatures et à prendre 15 minutes dans la vue. C’est vraiment les romantiques par excellence. C’était le profil d’un Voeckler, et plus récemment, d’un Julian Alaphilippe.
  • Les coureurs de grand tours. Des anomalies génétiques curieuses ayant accouché de Pokémon biclassés montagne/contre-la-montre, qui les rend à peu près invincibles contre tout, sauf a/ la poisse (coucou Thibault Pinot, le chat noir français) b/ la descente de police improvisée ou l’ancien coéquipier qui balance la recette secrète de la grenadine au sang transfusé (salut, Lance). Mais quand on aime le cyclisme on est très naïf, on pense chaque année que cette époque est révolue.

Maintenant, tu dois composer ton équipe. Sauf que là tu as différents profils, mais ça ne te dit rien de leur statut. Si tu as deux coureurs de grand tour dans la même formation, ça risque de faire des étincelles, chacun voulant tirer la couverture (et le soutien des petites mains) à lui. Viennent donc les différents statuts :

  • Le leader : l’équipe joue pour lui. Selon son profil, il visera la victoire d’étape (s’il est baroudeur, grimpeur ou sprinteur sur une étape qui lui correspond, mais en général ce sont surtout les sprinteurs qui sont des leaders), ou le classement général. Toute la stratégie d’équipe sera pensée en fonction de lui, donc gros privilèges mais grosse pression. Dans les faits, il lui est demandé de faire le moins d’erreur possible (pas de chute, pas de placement à l’arrière du peloton pour éviter d’être piégé en cas de scission) ; de rouler à l’économie, et d’attaquer dans les moments les plus stratégiques, souvent vers les arrivées qui grimpent méchamment.
  • Le lieutenant : c’est le n°2 du leader, celui qui va l’accompagner dans les cols en se sacrifiant pour lui, en chassant ses adversaires à sa place, en le protégeant du vent, en menant un train irraisonnable jusqu’à épuisement. Un statut assez ingrat, car ça consiste à se sacrifier dans les étapes reines, mais très formateur, et qui souvent accouche des leaders de demain - voire du jour, cf Froome qui faisait tout pour montrer à son leader Wiggins qu’il était meilleur que lui, en « l’oubliant » derrière lui.
  • L’équipier de luxe : c’est une sorte de lieutenant qui a droit de jouer sa carte perso. En général, plutôt un baroudeur qui va aller se mêler à la bagarre dans les échappées sans trop penser à son leader, mais qui s’il peut l’aider, l’aidera, parce qu’il faut pas déconner non plus.
  • L’équipier. On commence à arriver au niveau des Pikmin. Ce sont les corvéables, souvent des cyclistes moins expérimentés ou qui n’ont encore rien prouvé. Ils sont détachés à des rôles subalternes, qui vont dans le meilleur cas à faire le train (imprimer un rythme soutenu en tête de peloton pour essorer les adversaires, quitte à s’épuiser soi-même) et dans le plus ingrat à aller chercher des bidons d’eau pour ses coéquipiers. Comme aux échecs, ce sont les pions, mais comme aux échecs, si on réussit à faire en sorte qu’un d’entre eux se fasse oublier et aille discrètement assez loin, il peut damer (cette métaphore foireuse signifie qu’ils ont parfois le droit d’aller dans les échappées pour jouer la victoire d’étape, ce qui est une manière de se faire voir).

Ajoute à ça que trois semaines, c’est long, que ton sponsor a envie de voir l’équipe à laquelle il passe de la thune se mettre en valeur tous les jours ; qu’en trois semaines t’es pas à l’abri d’avoir des chutes, des défaillances, des abandons et qu’il faut parer à tous les imprévus, et tu comprends qu’en fait, 9 cyclistes, c’est pas de trop.

Voilà, maintenant, après, c’est du deckbuilding, tu composes ton équipe selon ton leader et ta stratégie. Peut-être voudras-tu jouer comme AG2R Citroën, qui s’est construite une réputation sur une équipe de grimpeurs-baroudeurs au service d’un grimpeur capable de jouer la victoire finale Romain Bardet, jusqu’à ce qu’il ne parte et que l’équipe ne se réoriente vers une équipe de baroudeurs, chacun tentant sa chance à tour de rôle. Ou tu peux la jouer classique, façon équipe de sprinteur, avec un sprinteur vnr et une armée de bons rouleurs dont le boulot sera de faire le train en tête de peloton pour empêcher les échappées d’aller au bout, puis de lancer le sprint, et un poisson-pilote (un lieutenant de sprinteur) qui aura à charge de sprinter avec son leadeur sprinteur dans son dos, jusqu’à le déposer devant la ligne d’arrivée. Ou tu peux faire comme l’équipe espagnole de la Movistar, venir sur un grand tour avec deux voire trois leaders différents désignés, qui, évidemment, vont passer leur temps à se mettre sur la gueule, et tu remporteras le classement par équipe (basé sur le temps des trois meilleurs) tout en te ridiculisant devant les spectacteurs et même dans ton documentaire Netflix.

Bref, vois le Tour de France comme une partie de Dominion, c’est du deck building, avec plein de cartes dans ton jeu que tu mets de côté pour les utiliser le bon jour, en les combinant ensemble, pour empocher la victoire de tes rêves.

Rappel : le meilleur 4x de l’histoire des jeux vidéo, c’est la série Pro Cycling Manager.

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Que dire sinon merci pour ces chouettes explications. J’ai regardé le Tour de France une fois un après midi en 1996, et je sais donc reconnaitre la parole experte quand elle se présente.

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Ecoutez la presse catalane se plante systématiquement depuis 5 ans sur le PSG, il est temps qu’elle ait un peu raison.

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