J’ai glandé devant les archives ci-dessus dimanche soir au lieu de jouer à FF16 (ça devient un running gag). La speedrun de Scarlet Grace est top. Celle de ZOE est un peu cabossée et s’étire en longueur, mais c’était le premier marathon de cette communauté minuscule et on semt qu’ils avaient à cœur de faire découvrir le jeu et leur générosité a fini par gagner ma sympathie. La run DBZ est presque l’inverse : plus courte et très maîtrisée mais on a l’impression de rater la moitié des private jokes de leur commu ; ils craquent tellement le jeu que ça reste un bon moment. La run Ultima I avec le combo père et fille est adorable.
Dans les dernières runs du week-end que j’espère rattraper : Ys IX Nordics, Phantasy Star IV, Dragon Quest V version DS, Fire Emblem Fates version Conquest (“le bien”) par la légende Kirbymastah et – pourquoi pas car je suis dans un bon jour – Pokémon Legends: Arcéus (“le bien”… askip’). Ils durent tous environ une heure sauf DQ5 (un peu moins de sept heures) et Arcéus (un peu moins de cinq heures) mais ça tombe bien, j’ai pas mal d’heures de vol en prévision.
Reste une run bonus pour DQ7 à téléverser mais, s’ils n’ont pas trouvé comment court-circuiter le début, ça doit encore durer des plombes…
Alors, ce n’est pas… Euh, comment dire… Ce n’est pas la runDragon Quest VII à laquelle je m’attendais mais c’est effectivement impressionnant (et bref).
Hum, je suppose que cette vidéo a sa place dans ce topic également ?
Une nouvelle technique pour Mario 64. Ca permet de skip le tapis volant du Rainbow Carpet Ride et fait gagner presque une minute.
Même des années après, rien n’arrête la recherche
Un nouveau doc sur le speedrun vient de passer sur France 4, malheureusement il se focalise beaucoup trop sur Deathloop (que tout le monde a déjà oublié), et M64 n’est cité que quelques secondes.
Je nourris un sentiment ambivalent pour le speedrun, d’un côté je trouve ça très impressionnant, mais de l’autre je ne peux m’empêcher de penser que ces gens gâchent un temps fou à apprendre des compétences complètement inutiles pour leur vie, un temps perdu qui ne se rattrape plus.
J’ai bien conscience que c’est le cas pour n’importe quel loisir, mais je ressens spécifiquement un malaise particulier pour le Speedrun, qui provient très probablement de ma propre culpabilité à jouer plutôt que de produire pour la société, où d’aller chercher des achievements dans des arts plus établis comme la musique.
Parce que franchement, à la fin de ta vie, ton max% no miss sur Celeste, qu’est-ce que t’en a vraiment à foutre.
À la fin de ta vie tu te souviendras de Celeste comme un moment formateur de ta vie, et la run comme un cristallisation de ta volonté de fer, ce qui montre qu’avec les bonnes conditions tu peux être quelqu’un d’extraordinaire; et ce de manière littérale, parce que les gens ordinaires ne peuvent pas le faire.
Je trouve étonnant que tu aies cette réflexion vu que tout le spiel de Celeste c’est justement la recheche du soi et du bien-être mental via le fait de la performance, voir de la performance exceptionnelle (et pour voler les mots de mon sensei qui est féru d’étymologie, per fomere ça veut dire « aller au delà de la forme »).
J’ai bien précisé que je n’étais pas tout à fait clair avec mes sentiments, chacun doit trouver son propre levier pour comprendre ce qu’il est et où il va, pour lui c’est Celeste, très bien, mais une partie de moi ne peux s’empêcher de sous-peser cette performance. Si le fait de devenir numéro 1 mondial dans n’importe quel catégorie te suffi à te rassurer sur ce que tu es, tu passes à côté, à mon avis, d’un plus grand tableau. Et surtout, ça t’a appris des choses sur toi, mais est-ce que ça t’a appris des choses sur le reste, je n’en suis pas si sur.
Dans la recherche de l’extrême performance il y a toujours une petite notion de fuite en avant qui ne résout pas toujours tout une fois arrivé au sommet. Etre premier c’est l’être un instant, rares sons les records qui ne sont pas battus, et lorsqu’ils le sont, ton équilibre précaire vacille à nouveau. Chercher le bonheur dans la performance ultime me paraît un peu vain, mais je dois encore y réfléchir.
Pour le coup, je suis complètement aligné avec Ono. Je suis épaté devant celles et ceux qui se lancent dans ce genre de truc, et je kiffe les speedruns « inventifs » des jeux qui n’ont pas été conçus pour. Mais l’achievement pour l’achievement, et a fortiori dans un jeu qui est conçu autour du principe d’achievement, je trouve ça un peu moyennou comme façon de se dépasser (quand l’achievement est si futile, entendons nous, se dépasser en faisant du sport c’est bon pour la santé au moins, mais là on est pas loin de la tour eiffel en alumettes) bref, c’est un peu vain et monocentriste.
Je trouve en plus que l’histoire de Céleste est cucul-la-praline au dernier degré et qu’on lui prête une profondeur qui est somme toute assez risible. Qu’il y aie un prétexte semi-meta dans un jeu de yarikomiste, OK. Et c’est mimi. Mais de là à y voir un génie d’écriture unanimement loué faut pas déconner non plus.
J’aurais justement tendance à minorer cette affirmation, en tout cas pour les sportifs qui visent une première place mondiale, car pour y arriver ça passe invariablement par un sacrifice du corps. On est plus dans la santé. Je rajouterai que, pendant que tu mets toutes tes ressources physiques et mentales dans ta progression, il reste très peu de place pour le développement personnel, la compréhension du monde et l’ouverture sur les autres. C’est pour ça que, pardonnez moi ce raccourci un peu grossier, beaucoup de grands sportifs sont aussi des gros cons.
Lorsque je parlais de performer dans des arts considérés comme majeurs, comme par exemple la musique, et bien ta performance peut donner naissance à une entité qui a la particularité de s’échapper de ta propre personne pour poursuivre sa propre vie, alors qu’une grande performance sur Celeste, en dehors d’inspirer d’autres speedrunner, ne laissera aucune trace. Et elle ne laissera aucune trace parce que contrairement à un morceau de musique unique au monde, une performance max sur Celeste est absolument identique pour tous ceux qui y arrivent. Tu as juste coché des cases dans un tableau.
Je ne suis pas du tout un speedrunner, mais je trouve cette lecture très limitée.
D’abord, l’idée de se perfectionner dans un domaine est une recherche personnelle où ce que la personne y trouve n’a de sens que pour elle. C’est similaire à l’écriture pour le tiroir, ou les gens qui jouent d’un instrument pour leur plaisir personnel. Socialement, jouer la sonate au clair de lune sur son clavinova est mieux vu que finir le 1-1 de Mario en moins de 400 secondes, mais l’action, répétitive et tendue vers un objectif unique à la personne, ne me semble pas différente.
Quant à l’aspect social justement (en laissant de côté comment expliquer son hobby à tata Jeanine pendant le repas de Noël)(fuck tata Jeanine), il s’agit avant tout de créer des liens vers une communauté de gens qui mettent la même valeur que toi dans cette activité. Dire « tu fais de la musique et au moins ça enrichit la production humaine mondiale » mais concrètement, tu ne vas parler qu’aux gens qui aiment le même sous-genre de musique que toi. On ne parle pas d’une activité qui a une ambition globale, soit de changer une forme d’art en profondeur de sorte qu’il y ait un avant et un après toi, ou de devenir Beyoncé-onnaire.
Et créer un lien social avec des gens like-minded et entretenir un dialogue avec eux, c’est exactement ce que les gens SGDQ font. Écoute-les, ils parlent de leur communauté, ils parlent des liens qu’ils tissent avec d’autres gens qui sont passionnés par Rockman X2, et l’échange qu’ils entretiennent dépasse largement « comment finir le niveau de Highway Ostrich en 2 secondes de moins ». C’est simplement un moyen de tisser des liens à travers l’internet, a fortiori quand une grosse partie des speedrunners semble venir de milieux défavorisés ou discriminés, l’échange social qu’ils réalisent n’est pas quantifiable.
Pas pour moi. Je pense qu’Ono (et moi) parlions d’action créative. Pas de reproduction pénible. Je mets les paint-by-numbers people dans le même panier. Quant à « l’écriture pour le tiroir » j’y vois un meilleur outil de recherche/développement personnel.
Enfin, je crois qu’il n’y a rien contre les hobbies, et tout ce qu’ils peuvent traîner d’inanité. On en a tous. Mais c’est le côté « dépassement de soi » à traver ce hobby qui est un peu
Faire du yoyo, ou du speedcubing, why not. Se dire qu’on va être le meilleur à stacker des gobelets, ou faire le puzzle le plus gros du monde, coûte que coûte, et dire qu’on atteint un life goal achievement machin truc. Bah, bof.
If it makes me a boomer, so fucking be it.
Est-ce que les premiers concernés eux-mêmes en parlent comme un « dépassement de soi » ? L’impression que j’en ai, c’est que la majorité (qui ne font pas ça pour un word record/alimenter leur compte Twitch) voient ça comme un exercice zen. Et vider son esprit de toute pensée à part celle de cette seule et unique action, c’est similaire à passer le rateau dans ton jardin de gravier.
La partie « et maintenant je vais le montrer aux gens sur Youtube » est juste la partie où tu invites les gens voir ton jardin et avoir une discussion sympa en buvant du thé.
En tout cas c’est comme ça que je ressens ces gens, je me trompe peut-être.
Je crois qu’on est d’accord au final. C’est la vidéo de Céleste plus haut qui fait l’apologie de ça et y voit un sentiment d’accomplissement bla bla bla. Et la réaction globale était là-dessus je pense. Mais sinon : oui.
Ah, pour moi, la vidéo, c’est un mec qui fait du contenu pour sa chaîne et qui doit le vendre comme la chose la plus importante du monde remember to like and subscribe (ajouter une expression de visage avec la bouche ouverte sur le thumbnail et un titre en all caps), je n’ai pas pris ça comme l’opinion de la personne qui speedrunne sur elle-même ? Ou j’ai mal compris ?
Non tu as raison, la vidéo monte effectivement le truc en épingle, toutefois…
C’est peut-être là que se trouve la réponse que je cherche. Il n’est pas impossible que la partie de moi qui trouve ça cringe le ressent parce qu’au final, ici Celeste n’est qu’une excuse pour sociabiliser et briller en société. L’acte en lui même pourrait être swappé avec n’importe quel autre. Il y a bien une obsession, mais je n’ai pas l’impression que c’est la même que celle des compositeurs ou des peintres qui n’ont d’autres choix que de créer pour arriver à un équilibre mental, sans se préoccuper des réponses à leurs créations. Ici l’obsession est aussi d’être le premier à y arriver, c’est quand même beaucoup plus vain et puéril. Mais je peux me tromper.
Je constate aussi que je suis beaucoup plus sensible et fasciné par les runs qui induisent des glitchs, sans vraiment comprendre pourquoi.
Je relis la conversation au dessus. Dis donc, des fois je me dis « je suis vieux » et heureusement je lis vos conneries et « ça va », en fait. C’est sur Bouledefeu of all places qu’on va juger la façon dont les gens passent leur temps ? Le site de la passion pour le travail du bois et des réparations de flippers et de l’apprentissage du mongol en LV3 et de l’Histoire des calculettes de Sharp ? Allons bon. Laissez les gamins tranquilles.
J’ai malheureusement pas vraiment eu le temps de mater grand chose question speedrun en 2023 mais je doute que grand chose puisse battre « un shiba qui remplace ROB le robot pour une speedrun sur Gyromite » à l’AGDQ2024.