[Ciné/Docu/TV/Streaming] C'est Michael Bay et Don Draper qui rentrent dans un bar

(big nope :point_up:, je trouve ça tellement mortifère comme concept meta)

C’est sans doute mon plus gros reproche à faire à Yellow Jackets, qui est de ne pas avoir su s’arrêter à une saison auto contenue. J’ai poussé un gros soupir sur le convenu cliffhanger de fin de saison, qui vide d’un coup tout espoir d’un truc qui aurait pu dépasser le « simple » survival psychotique, et redescend au rang d’aimable série B un peu teigneuse. Le concept était efficace en tout cas, mais j’en reprendrais pas une deuxième.

Même punition pour le divertissant mais lambineux Archive 81, qui est un genre de Stranger Things se passant dans un immeuble à New York. Quelques gentils passages horrifiques, quelques plot twists un peu gratos, hop cliffhanger, revenez saison 2, non merci.

On est aussi en plein dans Inventing Anna : évidemment que l’histoire de base était faite pour la télé, surtout vue la fascination américaine pour les escrocs. Par contre la série ne sait vraiment pas ce qu’elle veut être, oscillant entre le brulot féministe, la dénonciation des élites et le concept particulièrement daté et agaçant de girl boss. Sans compter le jeu à peine exagéré de la journaliste, qui doit sans doute faire du yoga oculaire à la fin de chaque journée de tournage.

Nettement, nettement plus essentiel : Landscapers. Quatre épisodes pour cette mini série anglaise qui suit le déroulement d’une affaire criminelle que j’imagine assez connue en Angleterre. La série part sur des bases hyper solides en alignant Olivia Colman et David Thewlis pour incarner un couple suspecté d’avoir tué les parents de madame. Un curieux mélange d’enquête criminelle et de l’étude d’un couple uni dans un amour absolu et sincère, mais empêtré dans le déni le plus total, le mensonge et fleurtant avec la folie à deux. La mise en scène est hyper inventive, avec une utilisation maligne du décor comme instrument narratif, je poussais des petits cris à interval régulier. J’ai en tout cas trouvé cela assez exceptionnel.

Je vous passe sur Matrix Resurrections que j’ai trouvé d’une affligeante pauvreté créative, bloqué dans une triste et molle redite meta du premier film. L’histoire se vautre aussi dans un involontaire mais pénible syndrome sauvons la place et le status du boomer blanc de service, la faute à un Keanu Reeves faisant tjrs aussi peine à voir dans la médiocrité de son jeu, en plus de son âge avancé. Alors que le néo-Morpheus est super, et sous utilisé. J’aurais préféré un film entièrement centré sur lui à la place. Je rejoins @Tristan sur le fait que c’est un peu comble que Matrix en 2022 soit moins impressionnant et moins inventif que le dernier Fast & Furious dans ses scènes d’action. Reloaded avait au moins sa scène sur l’autoroute, lui a sa petite scène avec les drones zombies, mais pas de quoi se relever la nuit.

Séance rattrape sur CRAZY de Jean-Marc Vallée, mort en fin d’année dernière, ou la douce-amère semi-autobiographie du réalisateur sur son enfance, avec un père aimant mais refusant catégoriquement de voir que son fils est gay. Excellent casting qui suit cette famille sur 20 ans, et une jolie tranche de vie québécoise dans les années 60-70.

Tjrs à la rubrique québécoise, Aller Simple, distrayante et légèrement surjouée interprétation de Dix Petits Nègres Ils étaient dix, à la sauce une demie-douzaine de personnes se retrouvent coincés dans un chalet perdu au fond des bois. Morts accidentelles et mystérieuses s’enchainent. Ca n’a pas d’intérêt particulier, si ce n’est peut être de voir plein d’acteurs locaux hyper connus se vautrer avec délectation dans le jeu subtil de Francis Huster.

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Chapeau pour continuer Inventing Anna, j’ai personnellement tenu 20 minutes (soit tout de même deux fois plus longtemps que sur Big Bug). En plus des acteurs en complète roue libre et du côté bingo des clichés de série US, c’est l’angle choisi qui m’ennuie un peu: osef de la vie de cette journaliste, de ses relations avec son mec ou sa hiérarchie, je voulais en première personne le récit de cette formidable escroquerie!

Vu hier Photocopier (« Mauvaise Impression » en VF sur Netflix), petit film indonésien post-metoo plutôt engageant, malgré quelques petites failles de trame.

Dans l’ensemble, le cast de jeunes comédiens est au taquet et cette enquête à base d’outils informatiques banals/lo-fi a quelque chose de rassurant. Pas un chef d’œuvre mais ça fait du bien de voir débarquer des films d’Asie du sud-est aussi carrés formellement et n’ayant pas peur d’aborder des problématiques sociétales actuelles. A voir si vous avez déjà retourné le catalogue ou que vous voulez un aperçu de ce qu’écoute la jeunesse javanaise en ce moment.

Oui complètement, ça parasite complètement ce qui aurait du être le cœur de la série. Pareil sur l’écriture de Anna, oscillant entre empathie et vague tentative de la faire passer pour Hannibal Lecter. Alors qu’il y avait un boulevard pour tout faire de son point de vue, sans ces étranges variations de ton et de thème.

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Cela faisait longtemps que je voulais le voir, il a fallu que je trouve le temps sans doute au moment le plus ironique imaginable : vu sur Canal+ Mr Jones/L’ombre de Staline, biopic sur le journaliste gallois Gareth Jones, qui comme le décrira son neveu, avait « an uncanny ability of being in the right place at the right time ».

Le pitch : un jeune journaliste polyglotte qui a déjà réussi le tour de force d’être le premier reporter étranger à interviewer Hitler se met en tête d’interviewer Staline pour comprendre comment se finance l’économie soviétique, dont les chiffres paraissent aussi impressionnants qu’incohérents. Le film raconte son voyage, en 1933, mais aussi l’admiration de l’intelligentsia anglo-saxonne de l’époque pour la révolution prolétarienne, le fonctionnement hautement paranoïaque de l’URSS stalinienne, les dangers qui y pèsent sur les correspondants étrangers, le faste et la luxure des soirées moscovites de la haute société, et ce confinement qui empêche les reporters de quitter Moscou - sauf quand on est un jeune idéaliste incorruptible comme Gareth Jones. Au passage, on y rencontre Walter Duranty, prestigieux correspondant du New York Times à Moscou, prix Pulitzer qui… comment dire… A la fin de ma carrière, quand je méditerai sur mon absence flagrante de prix Pulitzer, disons qu’il sera ma bonne conscience. Bref, il s’en est fallu de peu pour que je ne pose pas cette critique dans le topic « Les humaines sont des cons », alors qu’il coche méticuleusement toutes les cases.

J’ai globalement beaucoup aimé, sans doute parce que L’ombre de Staline attire l’attention sur un personnage méconnu et qui a pourtant joué un rôle charnière dans l’évolution de la perception occidentale de l’URSS (de ce point de vue, le titre anglais, qui assume davantage le biopic, est plus fidèle au sujet, même si je conçois que « Mr. Jones » ne soit pas très parlant pour le quidam, sans compter le redoutable risque de s’attendre à un film avec Richard Gere).

Mini-point Bernard Pivot fort dérisoire au vu du sujet autant que de l’actualité : là on voit, et surtout entend que le film est pro-ukrainien, c’est que même dans le Donbass, c’est l’ukrainien que l’on entend, pas le russe : on n’y dit pas da mais tak, privet mais dobry din, rleb mais rlib.

Globalement, c’est très bien calibré, avec un jeu d’acteur convainquant, une photo lugubre à souhait, et une progression dans l’effroi et l’inhumain qui ne peut pas ne pas faire son effet, même si on peut se demander s’il était nécessaire d’aller aussi loin dans la démonstration. Personnellement, je le recommande, mais il y a deux manières de le voir : certaines ficelles un peu hollywoodienne rendent le récit plus puissant encore qu’il ne l’aurait été naturellement, mais dans le même temps, et c’est toujours dommage pour un film historique, il faut savoir qu’il prend un certain nombre de libertés, voire trahit les faits à de multiples reprises, à en croire le témoignage de son neveu (qui spoile les trois quart du film) :

Andrea was handed an incredible story on a plate. It could have been told honestly as many great, genuinely ‘true’ historical films are, like Downfall . Instead she has invented multiple fictions. Gareth was a witness to the famine; not, as the film implies, a victim . In truth there was no love interest. He didn’t witness any dead bodies or any cannibalism, let alone take part in any; he never saw any grain requisition, forced labour or body-carts; he was never chased, never ran, never hid or disguised himself on his hike along the railway line. He was never imprisoned. Far from the claims of the film I don’t think he ever felt himself to be in any great danger, protected by his fluency in Russian, his charm and a useful VIP gratis visa. Furthermore, the narrative frame of the film, that Gareth met George Orwell, is simply not true, despite James Norton and the filmmakers attempts to spin otherwise. Similarly, for the claim that Gareth inspired Animal Farm there is no firm evidence.

Sur le sujet, cette critique d’Histoire politique remet avantageusement en contexte le film, son contexte de production, ses enjeux politiques (la question de la désinformation d’Etat en Russie, où il n’a pas été possible de tourner les scènes moscovites) et ses prises de position transparentes.

Rien néanmoins qui doive empêcher de voir ce biopic saisissant, et d’une actualité grinçante. On parle d’un film polono-britannico-ukrainien sorti en 2019, à un moment pas si lointain où l’Ukraine pouvait encore afficher son rapprochement avec l’Europe et son rejet de l’histoire soviétique sans se faire rouler dessus par l’armée rouge.

Pour aller plus loin sur ce sujet ô combien peu riant :

Mini-point « à quoi jouez-vous ? » : assez curieusement, il m’a semblé que le film se prêterait bien à une adaptation en jeu vidéo, sur un registre qui emprunterait tantôt au jeu d’infiltration à la Hitman dans les passages à Moscou tantôt à un open world sinistré à la Death Stranding dans les séquences dans l’arrière-pays.

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Merci, j’hésitais à le voir depuis un moment.

Sur cette affaire de la grande famine, je te conseille aussi le roman Le soleil des morts d’Ivan Chmeliov. Un livre terrible, l’un des chefs d’oeuvre de la littérature russe.

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On fête les 25 ans de Titanic cette année.

Rappelez moi pourquoi on entend jamais parler de Colin Farrel ?

Je l’avais déjà trouvé génial dans cette adaptation de Total Recall

Vie très compliquée ruinée par l’alcool et la drogue quand Hollywood a décidé d’en faire une star alors qu’il avait une personnalité de second rôle et de films expérimentaux. Il joue dans The Batman donc ça va quand même pas trop mal pour lui.

Charmant.

Franchement checke sa filmo, il bosse tranquille, il a fait du blockbuster et pas mal de gros réal (Mann, Lanthimos, McQueen, Coppola fille). Il a aussi joué dans le meilleur Malick.

Après c’est sûr c’est pas Timothée Chalamet. :sweat_smile:

Après Dengeki PlayStation, c’est encore un marqueur culturel important de la presse japonaise de l’Ère Heisei qui nous quitte puisque le numéro daté de mai (donc dispo fin mars) d’Eiga Hihō sera le dernier. La comparaison 1:1 avec la presse française n’est jamais évidente mais c’est un peu le Mad Movies japonais, en parution depuis 1995 et plus ou moins héritier direct de la culture fanzine / dōjin des cinéphiles nippons des années ‘80, avec un fort penchant pour les angles critiques insolites, le cinoche d’exploitation, le cinéma étranger et l’appréciation des nanars. Quelqu’un comme Kojima leur doit sans doute beaucoup, par exemple.

J’étais persuadé que le magazine s’était arrêté il y a un an ou deux. J’avais vu passer une annonce allant dans ce sens, mais le proprio avait peut-être trouvé un moyen de faire un petit bout de chemin supplémentaire ?
Je connaissais la revue principalement pour ses illustrations de couverture, dont certaines ont été réalisées par Tsuyoshi Nagano (Sangokushi, Nobunaga no Yabō: Shōseiroku)

Oui ça fait deux fois qu’il est mort ton chien, Eiga Hihō eut déjà dû s’arrêter en 2020 quand son éditeur historique Yōsensha eut fait faillite mais la rédaction avait racheté les droits du magazine et trouvé refuge chez un nouvel éditeur, Futabasha. Mais cette fois-ci la cession de parution du magazine est en (grande ?) partie dûe à un scandale de harcèlement moral impliquant le rédac’chef, qui a démissionné en fin d’année dernière, donc on peut douter d’une résurrection de l’IP. J’imagine plus facilement l’apparition d’un mook « successeur » avec un nouveau nom.

Après trois années d’audimat en chute libre, Will Smith vient de sauver les Oscars en… MONTANT SUR SCÈNE POUR FILER UNE MANDALE À CHRIS ROCK, je suppose ?

https://www.twitter.com/SheaSerrano/status/1508275046455943170

Toi et moi, Shea, toi et moi !

Les réactions :

https://open.spotify.com/episode/2wJVd7LfVyG2iGl7zmtx2V


Et évidemment…

https://www.twitter.com/b_sendek95/status/1508280930963791874

(via The Guardian)
They’re clapping. There’s a standing ovation. Crying, Will Smith calls Richard Williams a ‘protector of his family’. He’s saying ‘protect’ a lot in a very pointed way. “I’m being called on in my life to love people and to protect people, and to be a river to my people”, he says. “You’ve got to be able to take abuse, you’ve got to smile and pretend like that’s OK”.

He mentions what Denzel Washington said to him after the punch “At your highest, that’s when the devil comes for you”. He apologises to the Academy, and to his fellow nominees.

It is all over the place. But, as far as television goes, this is absolutely electric. “Love will make you do crazy things”, he says.

He’s rambling, but isn’t being played off. Who would dare?

Will Smith ends with “I hope the Academy invites me back”. Will they? We will be talking about this for a long, long time.

Toi et moi, Nicole, toi et moi !

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Tout le monde s’en tamponne après ce qu’on vient de vivre ce soir mais c’est le remake US de La Famille Bélier, co-produit par Apple, qui a gagné l’Oscar du meilleur film. Sacré camouflet pour Netflix.

C’est vraiment le palmarès de la lose.

Drive my car en best picture c’était cramé, le film n’a pas d’angle politique évident contrairement à Parasite. Au moins la nomination lui aura donné une bonne visibilité outre-Atlantique. J’aurais bien vu Park Yoo-Rim en meilleure actrice mais bon.

Par contre que West Side Story se fasse voler Best Picture ET meilleur réal on atteint des niveaux de n’importe quoi stratosphériques. Meilleure expérience en salle de l’année dernière. Je lui aurai tout donné.

Croyez-en Guillermo.

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@Tristan Fallait que Steven monte sur scène casser la gueule de l’acteur sourd-muet, pardi !

Réflexion intéressante sur le voyeurisme (2022) …

… Qui en plus m’a rappelé l’excellent taf de John Berger (1972) …

… Mais je trouve dingue de s’être arrêté au concept so XXème siècle du voyeurisme “direct” alors qu’Instagram, TikTok et tous les mécanismes de violation de l’intimité numérique prédominent largement aujourd’hui et trouvent partiellement leur origine codifiée dans des trucs comme Sliver, Blow up, Body Double, le taf de Sam Barlow etc.

A sa décharge il colle pas mal d’exemples contemporains genre Euphoria et c’est bien documenté d’un point de vue US. A chaque fois que je me demandais s’il allait mettre un truc genre Blue Velvet ou Once upon a time in America je les retrouvais dans la vidéo.

La violation d’intimité numérique repose essentiellement sur sa capacité de diffusion et se résume généralement à la honte ressentie par le personnage dont les secrets ou la nudité sont révélés. Apparemment il y a un excellent film récent sur le sujet mais j’ai pas réussi à le toper.

C’est bizarre qu’il ne mentionne pas le point de vue du voyeur menaçant (ou alors j’ai zappé en faisant ma vaisselle). Les prototypes du slasher (Halloween ou le Black Christmas original) reposent entièrement là-dessus. J’entends bien que le but de la vidéo est de déboulonner l’idée de voyeur inoffensif mais un petit détour m’aurait semblé approprié.

Après ça donne un peu l’impression de mater une vidéo éducative édifiante à destination de collégiens - ce qui au demeurant ne serait pas une mauvaise idée.

J’aurais quand même bien aimé avoir un panel de films plus internationaux mais à repenser au nombre de RPG japonais avec des scènes d’onsen c’est probablement partout pareil.

Triste fin de carrière pour Bruce Willis qui ne pouvait probablement plus faire davantage que les apparitions fantomatiques qui ont (dé)fait sa réputation ces dernières années.