Je ne serais pas foutu de vous dire pourquoi j’étais abonné à Bernardette Banner mais je suppose que j’attendais cette vidéo de knitpicking sur la couture au cinoche (et quelques séries comme Downtown Abbey).
J’ai regardé pour vous la deuxième saison de LOL, qui rit, sort. Je n’assume toujours pas le nom de cette émission alors que ça n’est même pas moi qui l’ai trouvé, beaucoup trop de virgules, on dirait un titre japonais. Tant qu’à faire j’aurais rajouté un truc genre [xr-DL).
J’aurais aussi aimé vous dire que cette saison était plus drôle que la précédente, parce qu’il y avait quand même Eric & Ramzy, mais on reste sur un 6/10 assez moyen, notamment à cause du montage insuuuuupportable blindé de « retour plateau témoignage de ce qu’il s’est passé à ce moment là » complètement poussifs. Et puis je ne comprends toujours pourquoi on a filé le rôle du host à Philippe Lacheau, qui a le charisme d’un caillou. Darmon ne me fait plus rire depuis qu’il s’est payé la tête d’Edwy Plenel complètement gratuitement, mais je dois reconnaître que c’est celui qui avait les meilleurs vannes.
La séquence la plus drôle a été tournée en dehors de l’émission :
Vu aussi, ça casse pas trois pattes à un canard, quelques sketchs rigolos quand même comme le défilé des animaux de Darmon ou le machin wtf d’Audrey Fleurot qui m’a arraché des larmes, beaucoup de réparties vulgos bof bof et de mimes lourdingues, mais bon, vu l’actu de ces dernières semaines, j’étais pas mécontent de regarder un truc con et léger. Et ça a le bon goût d’être très court.
Et tout pareil pour le montage, c’est insupportable, et les retours itw « ça c’était vraiment très drôle » après chaque vanne nulle c’est vraiment la gênance. Heureusement Eric Judor.
Quelle vie. Bientôt le Segagaga Cinematic Universe !
Ce dimanche, j’ai eu l’occasion de voir Drive My Car, oscar du meilleur film en langue étrangère cette année. Ce n’est pas du tout le film auquel je m’attendais. J’avais vaguement compris qu’il s’agissait d’un mélo sur un mec qui perd sa femme et n’a plus le droit de conduire pendant sa période de deuil pour une raison quelconque. Et que la chauffeuse conduit une Saab 900 importée.
En fait, je n’avais raison que sur la Saab. L’histoire se passe principalement dans le Setonaikai (premier bon point) deux ans après le drame. Le protagoniste veuf est un dramaturge impliqué dans une représentation multilingue d’Oncle Vania (le fameux châtelain), pièce dont la familiarité est fortement recommandée pour apprécier Drive My Car puisque son scénario est lui-même une adaptation viciée mais ostensible d’Oncle Vania – un parallèle dont l’ironie échappe perpétuellement au protagoniste. Il est en outre interdit de conduire pendant son mandat avec le théâtre local et laisse donc à regret une gamine de 23 ans conduire sa Saab 900 entre sa baraque et le théâtre.
C’est avant tout l’histoire d’un type qui n’arrive pas à faire le deuil de son couple, dont on comprend toutes les complexités via une « introduction » interminable : le drame et les crédits de départ arrivent au bout d’une demi-heure, le film dure trois heures. On peut carrément parler de premier acte, histoire de faire écho au sujet théâtral.
Je suis très curieux du choix d’avoir longuement expliqué cette relation dès le début, quand la plupart des cinéastes en auraient sans doute dévoilé les tenants (quelles en étaient les forces, les félures, le caractère de sa femme, pourquoi lui tient tant à cette caisse) via des flashbacks éparpillés dans le film pour renforcer le suspense et retenir l’attention du spectateur. En essayant d’en lire plus sur ce choix, là, j’apprends que la nouvelle de Murakami Haruki dont est tiré le film commençait direct dans le setonaikai.
La femme est incarnée par Kirishima Reika (49 piges, toujours canon) qui est fantastique. Je suis moins impressionné par les autres performances, même si pour une fois ce sont les jeunes que je trouve au dessus du lot, comme la fille qui drive his car, elle-même préoccupée par ses propres démons qu’on épluche plus lentement mais qui vont progressivement créer une relation intime et subtile entre ces deux créatures blessées.
On n’est pas du tout dans un buddy movie dramatique avec deux individus que tout oppose mais qui vont finir par s’entendre tsouin tsouin, comme pourrait le laisser craindre l’affiche ; c’est bien plus subtil que ça. C’est un film sur la culpabilité et la jalousie, la digestion du deuil et du temps perdu. Le rythme est très lancinant, comme les jolies routes que traverse la Saab, et sans doute difficile à apprécier sans être enfermé dans une salle de cinéma. À vrai dire, contrairement à The Batman, je n’ai pas vu le temps passer – mais c’est peut-être parce que, cette fois, je n’avais pas une horrible envie de pisser à la moitié du film.
Elle est très bien mais des mois après la séance la scène qui me reste du film c’est vraiment le monologue signé de Park Yoo Rim. La position des acteurs, sa façon de lui effleurer le visage et de s’appuyer sur le corps de l’autre pour lui parler, j’ai trouvé que c’était un moyen hyper inventif et poétique d’utiliser la langue des signes. La mise en scène est minimaliste, il y a trois plans à tout casser, pourtant ça encapsule totalement les jeux d’intertextualité qui sont au cœur du film.
Oui c’est chouette mais je préfère quand même la toute première scène du film. Paradoxalement je trouve que la scène dont tu parles est la meilleure du mec, alors qu’il ne dit rien. Pour moi, c’est le mouvement de sa tête qui fait la scène.
Étonnant que cette mise en avant du language des signes arrive aux mêmes oscars que Coda, d’ailleurs.
Bobby Broccoli !
Très jolie chaine Youtube, et je trouve limite scandaleux que cette video (ainsi que la partie 2, la 3 arrive bientôt) compte aussi peu de vues. Là il parle d’un accélérateur de particules qui n’a finalement jamais vu le jour aux US, et c’est vraiment bien. Le docu sur les frères Bogdanoff est pas mal, mais je recommande surtout celui sur Jan Hendrik Schön, un mec qui a réussi a pipeauter la communauté scientifique jusqu’à quasiment être pressenti comme nobélisable.
Plus ca va, plus j’ai envie de rendre mon abo Netflix et prendre à la place un Youtube Premium (principalement pour pouvoir continuer sur mobile sans avoir de pubs avant pendant et après, et j’espère donner un peu plus de sous aux créateurs de chaînes ? Je sais pas comment marche la répartition quand on passe en payant).
[Mode Radin] Quelqu’un a essayé le trick « Je lance mon VPN et fais semblant d’être en Argentine » pour l’avoir à 1€/mois au lieu des 12€ ? Je préfèrerais largement payer 10-15€/mois mais en donner la majorité directement via patreon etc. aux créateurs genre Anton Petrov, Adam Ragusea, Paul Sutter, et tant d’autres qui m’accompagnent agréablement pendant mes nuits de façonnage.
A ce sujet, connais-tu NewPipe ?
C’est une alternative open source à l’app youtube sur Android, qui devrait répondre à tes besoins. Au cas où…
Oui, j’utilise aussi NewPipe sur mobile pour Youtube.
Pour payer les créateurs, c’est Patreon ou rien, ton abonnement Youtube leur donnera peut-être quelques centimes de roubles au mieux.
Argh toute la famille est en iOS (+ la maison en Full MacOS donc je suis un peu baisé) et j’ai pas trouvé d’anti–pub qui marche sur Youtube mobile.
Et donc gogo Patreon, même si je trouve qu’ils demandent trop je peux pas suivre là : je vais devoir faire ma dame patronnesse (jolie remontée d’acide d’etymologie je trouve : Patreon/patronnesse) qui choisit ses pauvres, super.
Merci Boulette !
Je découvre cette émission qui a le mérite de parler de trucs un peu plus avancés que d’habitude (et avec une belle parité en plus, ça fait plez)
Celui sur la triche est bien aussi
J’avais loupé ce Shinkansen Brochette-Fromage… Y a moyen que ce soit tellement mauvais que ça redevienne bien.
Sinon joli buzz à Hollywood autour du film Barbie (!) avec Margot Robbie et Ryan Gosling (!!) co-écrit par Greta Gerwig et Noah Baumbach (!!!) qui sort en juillet 2023.
Dire que je me disais justement il y a quelque semaines que Cronenberg n’avait rien fait d’intéressant depuis Crash et que c’était dommage qu’il se soit assagit…
I am horrified and aroused.
Ben y avait Existenz après Crash tout de même ! Perso j’aime bien sa late period, je ne vois pas vraiment de croûte (Spider ou Cosmopolis c’était pas génial mais pas honteux non plus).
Le paragraphe d’intro de la review de Top Gun par Peter Bradshaw dans le Guardian m’a bien fait rire.
In the first Top Gun in 1986 – that anti-Strangelove cold war classic – the US Navy’s fighter pilot Lt Pete “Maverick” Mitchell gets accused of letting his ego write cheques his body can’t cash. But with the sequel, it’s quite clear the body of Maverick, played by Tom Cruise, has been cashing cheques with abandon for decades. His pecs have been setting up standing orders. His biceps have been signing off on direct debits. His abs have been authorising BACS transfers and his rock-hard buttocks each have their own PayPal account. In short, as we return to the extraordinary story of Pete Mitchell, it’s plain that he’s still physically solvent, in the opening scene recklessly test-flying a colossal stealth fighter at Mach 10 against orders from the glowering officer on the ground (played by Ed Harris), who is forced to concede that he’s “got balls”. (They’re both configured for contactless payment.)
Sans transition, vu au cinéma.
J’ai grave la motiv ces temps-ci, deux séances par semaine dans des conditions plus ou moins heureuses selon la salle et le genre. Almodovar c’est le bonheur, que des mamies ou des étudiantes en lettres, mais dès que je tente un blockbuster c’est soit le groupe d’ados qui utilisent la fonction lampe torche de leur tél en plein milieu du film et qui t’envoient chier quand tu leur fais une remarque, soit le couple de spectateurs américains en first date qui commentent chaque scène à voix haute (j’essaie de me convaincre que c’est culturel). Dans ma dictature, tous ces gens finiront en prison avec les boulets qui jettent leurs mégots dans la rue et ceux qui font de la trottinette électrique sur le trottoir. Votez pour moi en 2027 !
Everything, everywhere, all at once (Daniels, 2022)
Michelle Yeoh est dans une mauvaise passe : son mariage se délite, sa fille lesbienne lui reproche de vouloir cacher sa sexualité au grand-père qui débarque de Chine, et la petite laverie dont elle est proprio a maille à partir avec le fisc. Contactée par une version de son mari venue d’une autre dimension, elle se retrouve embarquée dans une odyssée cosmique pour sauver le multivers - et sa famille.
Il y a une énergie proprement délirante dans ce film de 2h15 qui paraît en contenir quinze et saute d’un genre à l’autre toutes les trois minutes (comédie hong-kongaise, film de kung-fu, parodie de Wong Kar Wai ou de Ratatouille, etc.). Je n’ai pas vu le film précédent du duo de réals (Swiss Army Man), mais pour un blockbuster contemporain EEAAO dégage une vraie personnalité, même si on devine les types élevés à HK Vidéo, Satoshi Kon et le studio 4°C. J’ai pas passé un mauvais moment et ça aurait totalement sa place dans la vieille collection pop-corn Warner en dépit d’un scénario assez inconséquent. C’est vraiment l’image que je me fais d’un film écrit par une I.A. reliée à Tik Tok et TV Tropes.
Déjà, tout est tellement frénétique que les persos ont très peu de place pour exister. Le film n’a aucune complexité émotionnelle et la fin est consensuelle à souhait, je ne pense pas spoiler en disant qu’on peut résumer ça à « Une mère de famille coincée entre une fille rebelle et un père tradi réalise que l’amour triomphe de tout, qu’on n’est jamais aussi bien que chez soi et que la famille est la chose la plus importante au monde. » FIN.
Le film fait immanquablement penser à Rick et Morty par son thème et ses tendances au zapping maximaliste, avec un humour assez proche mais beaucoup plus bienveillant qui perso m’aura laissé froid. Beaucoup de blagues de stoner, beaucoup de trucs puérils. Pour vous donner une idée, tout repose sur le fait que les personnages peuvent absorber les pouvoirs de leurs versions alternatives en passant d’une timeline à une autre. Pour ce faire, ils doivent effectuer des actions absurdes qui serviront de triggers - et l’un de ces triggers implique que des mecs se collent un trophée en forme de gode dans le cul. Toute la salle était pliée, bon… Vous pouvez vous faire une idée avec leur clip de Turn Down For What, c’est plus ou moins du même tonneau (un milliard de vues non mais wth).
Les séquences de kung fu sont pas trop mal dans un style qui rappelle énormément Jackie Chan (le film était prévu pour lui à la base). Les acteurs sont à l’image du film - all over the place : Michelle Yeoh donne absolument tout ce qu’elle a, son mari (qui jouait Demi-Lune dans Indy !) est très bien, mais leur fille Stephanie Hsu donne une des plus mauvaises performances que j’ai vues depuis des années durant sa grande scène émotionnelle.
Je suis sorti en me disant « c’était distrayant mais quand même bien débile, allez, un petit 3/5 » et puis je suis allé checker les reviews en ligne, et c’est carrément du délire. Tout Internet est parti sur un consensus comme quoi ce serait le plus grand film de tous les temps. Je n’avais pas vu ça depuis les sombres heures de la sortie en France d’Amélie Poulain, quand Kaganski avait risqué la lapidation pour avoir dit qu’il trouvait ça pourri.
Là c’est la même, il y a deux gros poissons qui ont osé dire que c’était pas terros (Bradshaw dans le Guardian et Brody dans le New Yorker) et j’ai le sentiment qu’ils vont disparaître dans un accident d’escalator ou se faire déporter en Corée du Nord. Le film n’est pas encore sorti en France mais je suis très très très curieux de l’accueil critique.
Memoria (Apichatpong Weerasethakul, 2021)
L’histoire d’une expat à Bogota (Tilda Swinton) qui est poursuivie par un son très violent qu’elle est la seule à pouvoir entendre. Est-elle en train de sombrer dans la folie ? Est-elle le jouet de forces cosmiques ?
Perso je ne sais toujours pas, le film reste très évasif en dépit d’un twist final assez surprenant (comique involontaire ? je vous laisse décider).
C’était mon premier Apichatpong en salle et ce serait mentir de dire que je n’ai pas souffert. Une majorité de plans fixes qui semblent durer dix minutes, très peu de dialogues, très peu de mouvement. Comme d’habitude les cadrages sont beaux à en chialer mais quand même…
Il y a des idées magnifiques, parfois sur une scène ça fonctionne totalement - je pense à celle où un ingé son tente de reproduire ce bruit que l’héroïne est seule à pouvoir entendre. Comme on ne l’a pas entendu depuis vingt minutes, on cherche nous aussi à le recréer dans notre tête, on est lancé sur la même piste, on réalise à quel point les mots sont inutiles pour le décrire.
J’ai également beaucoup aimé l’angoisse qui s’installe quand le spectateur comprend que le son (par ailleurs assourdissant) peut surgir n’importe quand, on se prend à appréhender chaque nouvelle scène.
Mais bon parfois c’est juste super chiant.
THE BATMAN (Matt Reeves, 2022)
Ah bah youtube me donne la VF.
Pour le coup c’est fastoche, le film est un remake de Seven avec un ado tourmenté qui se déguise en Batman et écoute Something in the Way pour se sentir encore plus mal (apparemment c’est le seul morceau de Nirvana sur son Iphone). On retrouve vraiment tous les marqueurs du classique de Fincher, une ville constamment sous la pluie, un méchant en proie à la folie des grandeurs qui mène le héros et son vieux flic mentor à travers un jeu de pistes, la visite dans son appart où il a gribouillé partout sur les murs. C’est vraiment de la grosse repompe (à part une scène d’église qui fait plutôt Coppola).
Ca se regarde bien, c’est ludique, il y a de vraies belles scènes (une course poursuite sur l’autoroute, une fusillade dans le noir complet que viennent éclairer quelques rafales de balles), le Batman de Pattinson est monolithique juste ce qu’il faut, par contre son Wayne est un peu neurasthénique, faudrait qu’il fasse une cure de magnesium. Zoe Kravitz est méga belle, franchement, ça dépasse l’entendement.
Je reste admiratif de la filouterie de DC qui ne cherche pas à jouer sur le terrain de Marvel mais se contente de reproduire des classiques du cinéma 80’s/90’s pour une audience qui n’était probablement pas née à leur sortie. Le Joker c’était King of Comedy, là c’est Fincher, bientôt le Parrain, l’Echelle de Jacob ou Terminus avec Johnny Hallyday, les paris sont ouverts.
Vortex (Gaspard Noé, 2022)
Dario Argento et Françoise Lebrun sont un vieux couple d’intellos de gauche. Ils semblent heureux, mais elle n’a plus toute sa tête, et leur fils toxico (Alex Lutz, très bien) n’a pas la force de s’occuper d’eux. Lentement, les choses empirent…
C’est à peu près tout ce qu’il y a à dire d’un scénario dont tout le monde connaît la fin. Le film est plus ou moins improvisé de bout en bout et il ne s’y passe pas grand-chose, il se déroule dans un temps de vieux, avec les mêmes gestes refaits mille fois, les discussions de famille qui restent en suspens, on est à mi-chemin du documentaire et du néoréalisme.
Noé a ajouté un gimmick de splitscreen qui fait que le film suit à la fois le père et la mère, avec l’écran découpé au milieu. Sorti de la symbolique évidente (le temps qui fait que l’on s’éloigne, chaque être enfermé dans sa propre existence, etc.) je n’ai pas trouvé que ça ajoutait énormément au film, quelques belles scènes quand les corps se rejoignent et quelques prouesses techniques (quand les personnages se croisent et qu’on se demande où sont les caméras).
Pas un visionnage très fun, vous l’aurez deviné, sur un sujet auquel on préfère généralement ne pas penser. J’ai trouvé que ça avait beaucoup d’impact, la fin aurait pu ouvrir sur quelque chose de nunuche et lumineux, mais non, on reste sur une sécheresse brutale, en même temps c’est la vie, voilà.
Jallikattu (Lilo Jose Pellissery, 2019)
Un buffle s’échappe. Tous les hommes du village se lancent à ses trousses.
Le premier film que je vois en Malayalam je crois, Supapivot represent. Un truc franchement radical, dépourvu de scénar, et qui s’enfonce peu à peu dans la barbarie. Juste des hommes lancés contre un animal, au bout d’un moment ça devient presque abstrait, avec une fin quasi-mythologique. A noter que ça met un certain temps à démarrer, mon comparse de cinoche s’est carrément endormi (c’était la dernière séance). Apparemment le réal est totalement culte, je crois que c’était l’oscar submission de l’Inde l’année dernière, un choix franchement audacieux. A tenter si vous aimez les trucs expérimentaux.
The Card Counter (Paul Schrader, 2021)
Oscar Isaac est un joueur de poker itinérant qui peine à oublier son passé de garde à Guantanamo.
Je m’attendais à un film sur le poker, mais sorti d’une intro didactique c’est principalement une histoire de politique américaine, de culpabilité et de PTSD. Beaucoup de sobriété, une mise en scène au cordeau, l’interprétation est impeccable comme d’hab avec Oscar Isaac. Du cinéma à la papa très solide pour nostalgiques du nouvel Hollywood.
Madres Paralelas (Pedro Almodovar, 2022)
Janis (Penelope Cruz) est photographe de mode, presque quadra. Tombée enceinte sans l’avoir prévu, elle se lie d’amitié avec sa compagne de chambre, une gamine un peu paumée. En parallèle, Janis cherche à faire la lumière sur la mort de son grand-père, exécuté par les partisans francistes.
Je ne sais pas à combien d’Almodovar avec Penelope Cruz on en est mais je commence vraiment à les mélanger. On nage ici en plein mélo, avec des portraits de femmes fortes dans une Espagne où les hommes sont morts ou démissionnaires. Très belle interprétation de Cruz comme à son habitude. Le film embarque pas mal de twists, certains téléphonés, d’autres presque choquants en dépit du fait que les personnages trouvent ça normal (tu sens tout de suite que c’est pas un film américain). Je n’ai pas trouvé le raccord entre les maternités multiples et l’histoire espagnole très éclairant, peut-être un manque de culture de ma part. En fait ça fait des années que je ne suis pas allé en Espagne et j’étais plutôt concentré sur les couleurs vives dans l’appart de Cruz (comme souvent la photographie est éclatante), ainsi que sur les détails de bouffe et de pinard (la cuisse d’iberico de bellota sur le comptoir de la cuisine, Penelope qui cuisine une tortilla). Que voulez-vous, on ne se refait pas.
Tout le monde au bureau a adoré l’Almodovar, mais tout le monde ne discutait que de la cuisine de Penelope, de l’autre cuisine qu’elle a après avoir déménagé qui est tout aussi belle, de l’assiette de jamon parfaite qu’elle sort d’on ne sait où quand un gars débarque à l’improviste, de la couleur des carreaux sur les murs, de la cloche à Manchego, ou de la leçon de tortilla.
Et c’était le cas des espagnols aussi donc c’est pas que nous.
Vendu, merci. Je recherche en ce moment ce cinéma purement sensoriel, dénué des structures narratives formatées et qui tente de formaliser du concept de manière primesautière, honnête et brute, même si mon cerveau n’est pas toujours prêt. Je repense à une expérience comme La Vie Nouvelle | de Philippe Grandrieux (2002) qui m’avait bien réveillé intellectuellement. Exactement ce dont j’ai besoin en ce moment.
N’étant pas cinéphile, c’est une recherche molle pleine de sérendipité (et d’ovnis sur Tënk) mais il faut que je me purge de ce We Are The Flesh / Tenemos la carne vu cette semaine, archétype du film poseur lent, porno-violent-abscons pour rien. Le blu-ray servira de cale.
C’était mon premier Apichatpong en salle et ce serait mentir de dire que je n’ai pas souffert.
Hi hi. J’espère au moins que tu étais bien assis, mes fesses se souviennent encore d’une séance de Blissfully Yours dans un petit cinoche d’art & essai du 5e arrondissement parisien dont les sièges en bois étaient disposés sur surface plane, m’obligeant à me contorsionner deux heures durant pour voir l’écran sans gêner la personne de derrière. Par contre, l’intrigue de Memoria me parle fort et je le verrai volontiers dans mon canap douillet. Merci pour toutes ces recos.
J’imagine que tu le sais mais pour le coup n’importe quel Grandrieux (genre Sombre) ou Weerasethakul devrait faire l’affaire.
Autant Memoria j’ai des réserves autant Oncle Boonmee et la deuxième partie de Tropical Malady c’est vraiment le bonheur.
Sinon j’ai Cow dans le backlog depuis un mois. 1h30 sur la vie d’une vache.
Dans le docu sans parole, y a le poste d’ouverture de ce topic, 1h dans la peau de chiens errants à Istanbul (hint: ça se passe mieux que tu le penses) :
Ou ce machin avec des caméras embarquées sur un navire de pêche, qui est sur ma to do depuis 2012 :
Je garde aussi un souvenir terrifié de Notre Pain Quotidien, des fois que tu souhaites conjuguer expérience sensorielle et recherche de motivation pour devenir vegan et aller vivre dans une commune agricole bio auto-suffisante.
Si tu cherches le trip sensoriel ultime cela dit, y a Le Fils de Saul, et ses 2h00 en immersion totale dans un camp de concentration nazi, en plan séquence et avec un dispositif de mise en scène incroyable. Ça reste je pense la plus grosse baffe que j’ai prise au ciné ces dix dernières années. Mais c’est évidemment hyper hardcore.