Je suis fort étonné que tu n’aies pas lu le bouquin avant le film car j’aurais volontiers parié que tu étais un fan invétéré de David Grann.
Dis donc, chaque fois que je reviens dans ce topic, je remarque que mon brouillon de films vus cette année s’amplifie sans que je ne tape jamais le post. C’est l’heure du grand coup de balai de fin d’année, allons-y.
Killers of the Flower Moon
★★★★ C’est l’histoire d’une injustice raciste et coloniale causée par l’argent du pétrole ; c’est un peu le Hero’s Journey de la vraie vie, quoi. Le fait divers tourne autour d’une famille amérindienne clairement victime d’une vendetta raciale, série de crimes qui inspirera la création du FBI pour traiter ce genre de conspiration dépassant (ou impliquant) la justice locale. Le film est très différent du bouquin, en adoptant le point de vue d’un perso secondaire du bouquin : le mari anglo-saxon d’une des amérindiennes. Comme The First Slam Dunk, donc, mais c’est quand même moins bien que The First Slam Dunk.
Avant de voir le film, je trouvais la longueur du cut (3h35) de Scorsese insultante pour les producteurs et financiers du film, pour les gérants de cinéma et pour les spectateurs. Maintenant que je l’ai vu : OK, c’était super, j’en retirerais pas une minute. Mais ça aurait tout à fait pu être découpé mini-série en trois épisodes, ou même étendu sur une véritable saison, avec plus de scènes pour le toujours épatant Jesse Plemmons. Limite, coupe le film en deux façon Kill Bill ou Grindhouse, histoire que les mêmes rares personnes qui sont allées voir le film paient deux fois.
Oppenheimer
★★★☆ C’est l’histoire de la bombe atomique Florence Pugh, et aussi je crois de scientifiques derrière qui construisent un truc important à côté de l’éblouissant corps nu de Florence Pugh ? Je n’ai pas trop fait gaffe au B Plot. Mais Florence Pugh, pfouyaya♪
À froid, je trouve tout l’aspect scientifique et bombe pas génial. Ça n’explique finalement pas grand chose, et la scène-clef de l’explosion de Trinity ne m’a fait ni chaud ni froid. Par contre, je trouve la construction de l’intrigue et le deuxième versant Gyakuten Saiban du film absolument épatants. Et super duper casting comme d’hab avec John Papsidera, qui à mon sens est le True MVP de la filmographie de Nolan. C’est possiblement la meilleure interprétation d’Emily Blunt, et n’importe quel petit rôle de trois lignes est refourgué à une star, genre Kenneth Branagh. Justement…
A Haunting in Venice
★★☆☆ C’est l’histoire d’Hercule Poirot perdu dans un film d’épouvante. Le concept est pas idiot : on prend une enquête assez quelconque des dernières années du catalogue Agatha Christie, et on transforme la base de la trame (mini-drame en banlieue anglaise avec un sous-texte social) en film d’épouvante façon Blumhouse dans une maison hantée à Venise. C’est le troisième film Poirot réalisé par et pour Kenneth Branagh.
Je n’étais pas fan de son Orient-Express pour les raisons bien expliquées dans cette critique vidéo. J’adore son Mort sur Le Nil mais pas forcément pour les bonnes raisons comme déjà expliqué sur Boulette. Celui-ci est entre les deux. J’aime beaucoup la façon dont est traité ici le personnage de Poirot dans un contexte surnaturel ; on sent que les scénaristes ont potassé le personnage. Et les maniérismes de réalisation de Branagh sont moins gênants dans cette grande baraque. Recommandé de toutes façons si vous aimez bien les Whodunits mais ça reste mineur.
Blackberry
★★★☆ La véritable* histoire du Blackberry, *un peu beaucoup chiquée et exagérée quand même pour les besoins de la dramaturgie, mais (et c’est le plus important) très fidèle à « l’esprit » de ce qui s’est passé. Je suis biaisé car complètement dans le cœur de cible : j’ai eu un crackberry de 2009 à 2015 et c’est un des bidules préférés de ma vie. <Au point que j’ai effacé toute une tangente perso sur le bidule qui n’avait rien à voir avec le film.>
C’est une comédie filmée à peu près aussi ambitieusement qu’un épisode de The Office, sur des nerds canadiens brillants en électronique et un peu nuls en rapports sociaux, qui tombent sur un connard agressif mais persuasif, et les trois s’accommodent de bosser ensemble pour créer et surtout commercialiser le premier véritable smartphone. C’est très (très) drôle et grosso modo exactement ce que la série Silicon Valley aurait dû faire : aborder plus frontalement un « vrai » sujet, et ne durer qu’une séance de cinéma. Aucune raison d’aller voir ça en salle mais, de toutes façons, je crois qu’il ne sortira jamais autrement qu’en VOD ailleurs qu’aux USA et dans son Canada natal. Par contre, l’OP est top ; je vous la mets ici qu’au moins vous ayez pu profiter du meilleur moment de cinéma du film.
Doctor Sleep
★★☆☆ C’est, accrochez-vous, la suite de The Shining (réellement écrite par Stephen King en 2013) qui se demande ce qu’est devenu Danny adulte. C’est sans doute la meilleure moins pire idée possible pour une suite à The Shining mais, bon sang, qui est assez timbré pour oser réaliser une suite à The Shining ? Mike Flanagan, le mec de Hush et de la série The Fall of the House of Usher, apparemment.
Le film souffre du même problème que Blade Runner 2049 : tout ce qui est original et propre à cette suite est finalement pas trop mal, mais tout ce qui rend trop hommage à l’original, avec trop de déférence, fait un peu tiep’. C’est moins énervant que pour Blade Runner, à la fois parce que Flanagan a moins rien compris au film auquel il fait référence que Villeneuve, mais aussi parce que Flanagan a beaucoup moins de talent que Villeneuve. Du coup, pour un truc aussi inutilement casse-gueule, il s’en sort pas trop mal, mais on s’en fout un peu. Si vous êtes une petite nature, le film ne file finalement pas trop les jetons.
Ça fait cinq, on fera les cinq suivants demain.