Je suis allé voir 3 films chelous coup sur coup, et ça m’a redonné envie de passer du temps au cinéma.
Dans l’ordre, The Summer with Carmen
(Je mets l’affiche parce que les trailers sont tous un peu nuls)
Deux potes discutent sur une plage de drague près d’Athènes. L’un doit préparer un film pour un producteur, l’autre propose que le sujet soit sa récente rupture d’avec son mec au cours de laquelle il s’est retrouvé à adopter son chien, Carmen.
C’est un film méta, où les idées de scènes deviennent des flashbacks plus ou moins romancés, mais surtout avec une réflexion sur les structures consacrées d’une histoire, combien elles ressemblent peu avec la façon dont chacun vit sa vie, et combien on se retrouve à lire sa propre vie à partir de structures narratives artificielles, comme si on devait nous-mêmes avoir un voyage du héros comme un monomythe (par exemple, le héros évolue en apprenant de ses erreurs et ne les répète pas, ce qui nous fait nous juger nous-mêmes plus durement quand on « échoue » à évoluer sans tomber dans les mêmes ornières). Bonus en plus sur l’hétéronormativité du concept et de combien ça joue à faire lire les vies gay encore plus comme des échecs hors de la norme.
Ça a l’air un peu pédant dit comme ça, mais c’est juste le thème. En vrai, c’est très drôle, les dialogues sont vifs, l’ambiance est très légère et fabuleusement ensoleillée (j’ai vu ça en plein mois de février déprimos, ça m’a donné un plein de vitamine D). Et pour un film plein de mecs à poils qui baisent fréquemment, c’est surtout un des rares films sur deux mecs qui sont amis et dont l’amitié est le thème principal, sans la moindre composante sexuelle, et je ne me souviens pas du dernier film où deux hommes étaient, justes, amis et soutiens moraux l’un de l’autre. Dans l’ambiance de la crise de masculinité qui touche tout le monde en ce moment, ça fait du bien de voir ça, même si c’est un film ultra indépendant dans la niche de la niche.
Après les pédés, les autistes.
Un « documentaire hybride » fait par un atelier de gens autistes qui jouent aussi dans le film et assurent le côté technique. L’idée est de ne pas utiliser de narration traditionnelle, mais utiliser différents outils et perspective pour rendre compte de la façon dont les gens sur le spectre autiste perçoivent le monde. C’est clairement une expérience, possible que quelqu’un de neurotypique reste complètement à l’extérieur (ou veuille davantage de narration ou de personnages) mais d’un point de vue du spectre, plusieurs scènes ont résonné de façon extrêmement forte. Vraiment très intelligent et honnête (plusieurs des concepteurs/acteurs sont actifs sur la scène artistique avant-gardiste londonienne et ça se sent beaucoup).
Et enfin, les trans.
À côté de l’excellent « I saw the TV glow » qui était à la fois incroyablement bien fait, mais aussi, euh, « normal », The People’s Joker est totalement punk et abrasif. Il semble que l’auteure ait commencé son film comme une simple parodie de Batman, puis au fur et à mesure de la conception du projet, elle s’est rendue compte à quel point les motifs du Joker entraient en résonnance avec l’histoire de sa transition, et a commencé à construire un film totalement barré, avec l’aide de plusieurs collaborateurs aux skillsets disparates qui chacun contribuent à un aspect ou un personnage sans aucun effort pour lisser leur intégration. Tout est filmé en écran vert (normal vu le personnage) pour unifier la chose, c’est chaotique et malgré tout il y a une ligne narrative très claire qui émerge, c’est peut-être celui des trois films qui m’a le plus interpelé dans le sens « le cinéma ça peut être ça aussi ».
Ah, et aussi, Mikey 17 c’était rigolo.