[Ciné/Docu/TV/Streaming] C'est Michael Bay et Don Draper qui rentrent dans un bar

Vu Spider-Man No Way Home. C’est sympatoche. L’attaque du film, pleine de peps, vaut le coup d’œil, c’est plutôt bien joué dans l’ensemble, et il y a (un peu de) Dr. Strange donc ça ne peut pas être nul de toute façon. Quand même un goût d’inachevé avec ce scénario-prétexte un peu bidon (oh zut tout le monde connaît l’identité de Spider-Man, il faut jeter un sort d’amnésie collective, oh zut le sort a eu l’effet inverse, il y a des méchants !). Franchement on est à ça du filler en jeu vidéo (j’ai d’ailleurs vraiment eu peur à un moment que le film ne consiste littéralement qu’à aller chercher un à un les méchants pour les mettre en prison). Puis ça part en truc un peu plus inattendu (en tout cas pour les trois pelés comme moi qui n’avaient tellement pas capté l’existence de ce film qu’ils avaient réussi à ne pas se faire spoiler. Cela accouche d’une scène façon « Le cœur des hommes » assez inattendue, et franchement rigolote. Pour le reste, hors l’intro au montage remarquable, ça n’est visuellement intéressant que quand Dr Strange est à l’écran, c’est-à-dire pas si souvent.

Au-delà du spectacle lui-même, agréable, discrètement méta(verse) et tout à fait oubliable, le film me paraît intéressant pour deux points. Le premier, c’est sa manière ultra frontale de faire référence à l’ère Trump : Spider-Man est poursuivi par des intox infamantes, la société est divisée entre ses fans et des complotistes (ils sont présentés littéralement ainsi) qui le détestent, et l’unique présence médiatique est celle d’un animateur cynique et rauque dont l’emballage visuel est celui de RT et le style une parodie à peine voilée d’Alex Jones, le mec derrière Info Wars, bastion historique du conspirationnisme d’extrême sur le web ricain. Ça donne rétrospectivement une couleur intéressante à ce Spider-Man en tant que photo d’époque : à la première trilogie des années 2000 qui se montrait fédératrice, le Tisseur y étant le symbole triomphant du New York post-11-Septembre (c’est en tout cas les souvenirs que j’en ai, je ne les ai pas revus depuis), près de deux décennies plus tard, il navigue dans une mégalopole divisée, polarisée, et qui chose étonnante, n’a pas besoin d’ennemi, car elle a enfanté le sien : la défiance et l’anémie sociale. Rien de révolutionnaire évidemment, c’est encore plus facile à raconter en 2021 qu’en 2016, mais bon, ça colore le film.

Politique mis à part, je n’avais initialement pas prévu de voir le film, ni même de Marvel, ayant le sentiment d’avoir très largement fait le tour. Je pense avoir vu un bon 70-80 % des Marvel sortis ces deux dernières décennies. Même ainsi, j’ai réussi à me retrouver largué dans le scénario à plusieurs reprises, la faute à des persos dont l’arc, voire l’existence même m’avait échappé. Je ne saurais dire si c’est la faute du film ou la mienne. Je pense surtout que tout Sony qu’il soit, Spider-Man No Way Home pousse très loin le nouveau contrat de spectateur institué par Marvel : il ne présuppose même plus qu’on puisse aller voir le dernier long métrage en date sans avoir une connaissance globale du Marvelverse, ou un abonnement Disney+, ce qui est devenu plus ou moins la même chose. Je trouve ça aussi fascinant qu’un peu triste. C’est pas mal aussi d’arriver dans un film et de pouvoir tout découvrir sans avoir l’impression de tout rater. Mais c’est peut-être un peu trop cinéma hollywoodien d’avant, et comme l’annonçait subtilement le titre de ce Spider-Man, il n’existe aucun moyen de revenir en arrière.

Matrix Reloaded. Revu en speed. C’est fou comme c’est nul. Jusqu’à ses vingt dernières minutes, le film se contrefout de sa propre mythologie, c’est juste un bête film d’action un peu kitsch dont les seuls moteurs sont les bons sentiments, un chara design tape-à-l-oeil et la performance volontiers cabotine de Lambert Wilson. À un moment, j’en suis arrivé à la conclusion que Matrix et Star Wars sont des jumeaux inversés : Matrix premier du nom est la la prélogie explicative réussie d’une duologie (?) d’action-SF dont tout le monde se carre, là où Star Wars 1 est la prélogie explicative dont tout le monde se fout d’une trilogie d’action SF réussie. Je me demande ce qui se serait passé dans un monde où leur ordre respectif de sortie aurait été inversé.

Matrix Resurrections. Vu sans avoir trouvé le temps de revoir le 3 en entier (ça aurait pourtant aidé). Et… Boarf. La première demi-heure très méta et franchement autoparodique m’a mis de très bonne humeur, la suite m’a achevé d’ennui. C’est ni un remake ni un reboot, juste une suite qui joue, parfois habilement, parfois moins, de son univers pour retomber sur ses pattes d’un point de vue scénaristique. À la limite, le film a le bon goût de parfois surjouer l’autocitation, mais ça ne maquille pas assez une ironique sensation de déjà-vu - et, surtout, plus embêtant, de rien a raconter. Franchement, à certains moments, passé le petit jeu un peu méta du début, et dès que l’on sort de la matrice, ça devient aussi générique qu’une trouzieme suite de Terminator. C’est du cinéma de collage, avec des motifs réassemblés, un peu comme une Star Wars VII (quelques moments d’autodérision salvateurs en plus). Accessoirement, j’ai également été un peu dérangé par le changement de style de Lana Wachowski, qui filme beaucoup plus en lumière naturelle et a renoncé à l’étalonnage verdâtre et les contrastes appuyés qui ont fait la signature de la trilogie. En soi je m’en fiche, je ne suis pas conservateur ni très attaché à cette dernière, c’est juste que je n’y vois aucune justification scénaristique probante (ok je sais il y en a une mais on ne va pas se mentir, c’est plus une explication commode qu’une véritable raison). J’ai parfois eu l’impression d’être devant des plans de Cloud Atlas ou Sense8, pas Matrix - c’est d’ailleurs assez assumé. Du reste je ne suis pas un très grand fan du cinéma des Wachowski, que je trouve assez dégoulinant de mièvrerie, et ce Matrix 4 ne m’a pas fait changer d’avis. Et je vous passe sur les répliques sorties de nulle part (wtf le rant du Merv) et le TGCM permanent des scènes dans la matrice. Quelques bonnes surprises quand même : la présence et la performance de Neil Patrick Harris dans un rôle aussi inattendu que taillé pour lui ; et quelques scènes visuelles de robot sympathiques quoique très secondaires.
Plus en profondeur, j’ai un peu eu l’impression de voir un film d’autocongratulation de Lana, une œuvre à l’autogloire des Wacho, qui se moque davantage du fandom et de la Warner que de leur propre œuvre, certes majeure dans le paysage de la pop culture mais enkylosée dans un premier degré, un fatras de métaphysique de pacotille et un héritage interlope qui quitte à faire dans le méta, laissait un peu plus de place à l’introspection critique.

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Si vous vous intéressez un poil au cinéma japonais, la dernière publicité de Suntory est vraiment extra.

Vu Matrouxe: Ressuscitement hier, les mots me manquent pour exprimer la violente nullité du film.

Ca s’ouvre sur un plan magnifique, le décor qui se reflète dans une flaque d’eau avec une netteté totale avant qu’une botte ne vienne s’écraser pour briser l’illusion. Après ça tout est mauvais, au point que je me demande qui a voulu que ce film existe, tant il est dépourvu de tout désir de cinéma.

Déjà d’un point de vue cinématographique, les scènes d’action se limitent généralement à du gun-fu poussif, sans idée de mise en scène et sans adrénaline (OK, il y a UN plan pas mal vers la fin avec les fenêtres, ça dure dix secondes). Souvent, le film recrée plan par plan des séquences clés des épisodes précédents - mais en beaucoup moins bien. C’est particulièrement flagrant dans la scène d’ouverture du film, qui reprend celle de Matrix 1 en la vidant de toute énergie. Au bout d’un moment ça n’essaie même plus, Neo passe le dernier tiers du film à mettre ses mains devant lui pour arrêter des balles et des missiles toutes les dix minutes. Et puis il y a des flingues, des flingues partout, à un moment je me demandais où les gens trouvaient tous ces flingues et pourquoi ils se tiraient dessus, les fusillades n’ont aucune origine et aucune justification, on a l’impression que tout le monde est incapable de se parler alors on se tire dessus par dépit. J’ai du mal à croire ce que j’écris, mais il n’y a pas une seule scène d’action correcte dans ce film : pour une saga qui a durablement redéfinit les canons du cinéma d’action US en alliant l’esthétique HK à la puissance de feu Hollywoodienne, ça fait mal au cul.

Au niveau de l’histoire, ça commence par une grosse bouillie méta avec des clins d’oeil pas franchement drôles avant de se lancer dans une histoire de princesse à sauver, avec pas mal d’éléments des films précédents qui sont jetés aux spectateurs*trices sans grand impact. Ca ne raconte pas grand-chose sur l’époque, on a du mal à dégager une vision ou même une idée générale au-delà du méta-commentaire qui voit Lana régler ses comptes avec la réception de son oeuvre. C’est évidemment mal écrit et très très mal joué. La scène post-générique est à la limite de l’insulte.

J’ai pas spécialement de problème avec le fait que la Warner claque 190 millions de dollars pour produire un blockbuster qui critique les blockbusters de façon bien cynique, ça fait longtemps qu’on connaît les règles du jeu, mais le film est totalement mortifère, tout est triste et dépourvu d’enthousiasme, il n’y a aucun élan vital, rien. Je suis sidéré de l’accueil positif que lui a réservé la presse française, après avoir parcouru quelques critiques on peut résumer ça à « C’est nul mais comme c’est fait exprès c’est super ! ». Merci les cocos.

Le plus mauvais film que j’ai vu cette année, et j’ai quand même vu Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu 1 & 2.

Queqlues remarques:

  • Il n’y a aucune mention de Lilly Wachowski au générique, nib, zéro. C’est 100% du Lana. Je ne sais pas s’il faut y voir une explication quant à la qualité du film.
  • C’est le premier film que je vois qui comporte des Covid coordinators. L’histoire ne dit pas si on peut choper le Covid dans la Matrice.
  • Si comme moi vous vous êtes demandés à quoi renvoyait le « Quote from Don De Lillo used with permission » pendant le générique, c’est « It is easier to bury reality than to dispose of dreams » - Americana (1971)

Les crédits mentionnent « The Wachovskis », mais ça se limite aux personnages, pas aux 50 extraits de la première trilogie retouchés à la truelle (les films Matrix sont connus pour avoir une colorimétrie qui change tous les ans, au gré des ressorties sur différents supports).

Vu le film hier. Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis demandé « qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». Je ne suis pas un grand amateur des films 2 et 3 qui, malgré les analyses poussées de certains exégètes et les intentions des réalisatrices, m’ont toujours semblés un peu lourds voire idiots par endroit. Matrix 4 parvient à se hisser en dessous de ses ainés et je le placerais même en dessous du Hook de Spielberg dont il reprend le pitch - un être doté de pouvoirs surhumains et vivant dans un monde imaginaire oublie son passé en vieillissant puis est rappelé à son bon souvenir des années plus tard.


On avait parlé de The flying luna clipper sur old Boulette, film réalisé presque intégralement sur MSX, un groupe de personnes a réalisé une interview de son réalisateur multi-tâche.

https://romchip.org/index.php/romchip-journal/article/view/127

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N’écrivons pas sur un coup de sang des choses qu’on pourrait regretter ensuite, imagine si Kamui te lisait…

Je pige pas ta véhémence. Que la partie “Matrix Remake” soit parfaitement quelconque, certes. Perso je la trouve moins énervante que Matrix 2 et 3 mais chacun ses points d’achoppement. Mais je te trouve très dur avec le début et peu charitable avec la dernière scène à laquelle tu n’accrédites qu’un plan. Toute la scène vaut le coup. En fait, c’est comme “ça” (i.e. comme un film de zombis) qu’ils auraient dû jouer toutes les scènes d’action du film ; c’eût été plus drôle, plus pertinent niveau prod (pour pas forcer Keanu à jouer des scènes d’action à 50 piges) et même plus pertinent vis-à-vis du discours du début.

Oui, bon, j’y vais à la truelle… Je sais pas, à la base je voulais juste des scènes d’action ambitieuses, des propositions visuelles fortes ou un minimum de mise en scène. De fait, le film n’a (à mon sens) rien de tout ça, et son côté pensum ne me passionne pas.

Je sais que des gens comme Rafik Djoumi ont écrit des tartines à ce sujet, mais j’ai toujours considéré la trilogie comme du Gibson-lite sympatoche qui épousait parfaitement à l’esprit du temps. Pour moi les Wacho resteront les réals d’un unique chef d’oeuvre, Speed Racer - et d’un très bon film, le premier Matrix.

Par ailleurs si l’avis de Djoumi vous intéresse et que vous avez une heure à perdre (ils sont pas franchement chauds sur le film - ah, et ils spoilent tout).

Bon alors, cette saison 6 de The Expanse

Si je n’étais pas autant ému par les scènes dans l’espace, je pense que j’aurais lâché ici. Je n’ai pas le souvenir que ça surjouait autant dans les précédentes saison, l’acteur qui joue Marco Inaros en fait des tonnes, on se croirait dans une telenovelas. La prod est plus au niveau, manque de budget, c’est cheapos comme dans les 90, les FX sont bâclés, j’ai du repasser certaines scènes plusieurs fois pour comprendre ce qu’il se passait.

Reste les scènes dans l’espace <3

Quand je pense qu’ils vont en faire un jeu de parlote chiant à la Telltales plutôt qu’une simu ça me donne envie de bouffer mes pantoufles.

D’après les showrunners ils avaient vraiment un cycle de 6 saisons en tête, mais comme toi je trouve que celle-ci est à la peine et je ne pige pas comment ils comptent tout boucler en deux épisodes.

Mention spéciale au subplot de la gamine sorti de nulle part, on a l’impression qu’ils ont mélangé les bobines avec une autre série sur la table de montage.

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Il y a aussi cette émission de radio avec Djoumi et un philosophe, qui était plutôt sympa quoique assez basique:

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Gros buzz Outre-Atlantique chez les gens de confiance (notamment Shea Serrano qui en plus est un ancien enseignant dans un bahut à problèmes) pour Abbott Elementary, rapidement résumé comme The Office chez les Profs avec un regard acide mais pas désespéré sur les affres et petites joies de la profession.

Mes pensées vont aux jeunes parents et aux profs qui démarrent 2022, d’ailleurs…

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Pris de flemme et de flippe du virus, j’ai failli ne pas aller voir Last Night in Soho, le récent film d’Edgar Wright (Spaced, Shaun of the Dead, Baby Driver etc.) qui passait au cinoche pas loin de chez moi pour encore quelques jours. Qu’est-ce que je suis con !

C’est un film fantastique, enfin déjà j’ai adoré le film mais j’entends « fantastique » dans le sens Festival d’Avoriaz, critiques de sorties VHS dans Mad Movies et cette tendance du début des années 80 vers un film d’horreur plus cérébral et moins explicite, inspiré par les réalisateurs italiens comme Dario Argento, le cinéma inventif de Carpenter et des expressionnistes farfelus comme Jean Rollin. Il y a des scènes qui font (un peu) peur mais ce n’est pas le fond du film ni son principal intérêt.

C’est l’histoire d’une jeune étudiante timide (jouée par Thomasin McKenzie) qui rentre dans une prestigieuse université de stylisme à Londres. Son jardin secret : les années 60. Elle est fan d’Audrey Hepburn et de Petula Clark, elle écoute les vieux vinyles de sa mamie, elle fantasme de vivre à cette époque.

Elle va être servie puisque la vieille baraque dans laquelle elle trouve une chambre de bonne près de Goodge Street se révèle être une espèce de portail spectral vers les années 60, et ses sommeils lui permettent de « hanter » la vie d’une jeune beauté de l’époque (Anya Taylor-Joy), ce qui se révèle au départ un kif absolu évidemment, en plus d’une source d’inspiration stylistique lui permettant de survoler ses camarades de classe.

Mais vous voyez venir le truc : tout va très vite déraper dans le scabreux et le sordide pour sa muse plongée dans la réalité de la condition féminine des années 60, et les nuits de l’héroïne vont littéralement virer aux cauchemars, au point d’être terrifiée de son prochain coup de somme tandis qu’elle cherche à élucider ce qui s’est vraiment passé il y a soixante piges.

Une des raisons pour lesquelles j’y allais à reculons, c’était la crainte du côté naphtaline des années 60 idéalisées façon Wes Anderson. Mais pas du tout, c’est même un regard assez pertinent sur les dangers d’idéaliser le passé et sur le filtre critique de la nostalgie. L’héroïne est une jeune sotte qui est persuadée de connaître un univers séduisant mais en réalité terriblement misogyne, oppressant et dangereux pour les femmes de Londres à l’époque. Il y a d’ailleurs une lecture féministe évidente du film – quasiment tous les agents scénaristiques de l’intrigue sont féminins – dont j’aimerais entendre la critique sur des sites genre Demoiselle d’Horreur.

Le début du film est parfait, avec la maestria habituelle de Wright pour placer et déplacer sa caméra, des effets spéciaux numériques et pratiques impeccables mais jamais gratuits, des chorégraphies qui valent le ticket de cinéma à elles seules (notamment la scène money shot du film, au Café de Paris, qui survient très tôt dans l’histoire). La seconde moitié du script est plus faible, d’autant qu’elle perd à mon sens une des forces du pitch de départ : les rêves se mêlent à la réalité, et du coup l’angoisse de s’endormir n’a plus de raison d’être puisque, de toutes façons, les fantômes peuvent débarquer partout.

Wright est moins à son aise dans le registre du frisson pur, mais les actrices portent le reste du film sur leurs épaules avec des performances épatantes de toutes les personnes concernées, dont la grande Diana Rigg pour son tout dernier rôle au cinéma juste avant sa disparition, mais aussi Terrence Stamp dans une caméo cabotine.

Il y a juste un rôle mal écrit dans le film : le pauvre romantic interest de l’héroïne qui franchement ne sert pas à grand chose et semble moins un être humain qu’un outil écrit pour simplifier quelques transitions du script. C’est paradoxal pour un film qui justement parvient à complexifier et humaniser les icônes stylistiques du passé. Évidemment, la bande-son tabasse mais l’inverse eut été un comble. Une vraie belle proposition de cinéma que je recommande chaudement sur le petit comme sur le grand écran.

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Un excellent film en effet et qui m’a donne envie de revoir le non moins excellent " Don’t Look Now (Ne vous retournez pas)" de Nicolas Roeg.

Effectivement je n’avais pas fait le rapprochement sur le coup mais cela ferait un excellent double ticket. Ça spoilerait un peu l’intrigue donc je vais flouter mais j’ai surtout pensé à Sette Note in Nero de Lucio Fulci et bien sûr un hommage évident à Psycho sur un plan vers la fin.

D’ailleurs (attention là je mentionne carrément la fin), à mes yeux, la différence fondamentale avec un giallo d’époque est que Wright n’ose pas tuer (ou interner) l’héroïne et éventuellement lui donner raison post mortem, et je trouve la conclusion un peu molle par conséquent, mais cette différence participe un peu au côté woman empowerment du film qu’on aurait difficilement vu dans le cinoche italien des années 70.

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On en avait parlé, content de voir qu’on est d’accord sur tous les points, sauf un.

Le film part en effet sur cette idée mais pour moi Wright met le feu aux rideaux sur son dernier tiers.

Le plot twist du film place la victime dans le rôle du bourreau, et ses bourreaux dans celui des victimes. C’est particulièrement flagrant lorsqu’on réalise que les zombies qui poursuivaient la meuf depuis le début ne lui voulaient aucun mal mais souhaitaient seulement qu’elle les aide à quitter les limbes où ils croupissent.

Ca m’a franchement estomaqué durant la séance, et sure enough on trouve un paquet d’articles qui considèrent le film sous cet angle. C’est vraiment dommage que toute la partie giallo se casse la figure à ce point, un pote se demandait s’il aurait pas mieux valu y aller à la fond dans l’ésotérique, avec une histoire de maison hantée ou quelque chose comme ça.

Je reste super emballé par les hommages esthétiques à Argento, avec des idées toutes bêtes mais qui marchent à fond, comme l’enseigne au néon qui plonge la chambre dans des ambiances Suspiria. La B.O. est au poil, comme toujours avec Wright.

Un making of sympa ou il analyse la meilleure scène du film.


Vite fait, j’ai vu le dernier Carpenter majeur qui me manquait, Assault on Precinct 13. J’étais motivé mais le film m’a laissé assez froid, surtout dans la gestion de l’espace et la progression narrative de la scène de siège, qui n’est finalement pas très longue et que je n’ai pas trouvé très ambitieuse.

Je comprends que les gens soient attachés au côté sale gosse de Carpenter (ici, la scène de la glace) mais plus les années passent et moins je comprends le culte qui entoure sa filmo. J’ai aussi revu Jack Burton l’année dernière et ça a beaucoup moins bien vieilli que le souvenir que j’en avais, du coup je flippe de revoir l’Antre de la Folie.

Ah c’est marrant, je me suis enfilé Prince des Ténèbres puis l’Antre cette semaine, et je peux te confirmer que c’est très, très vieillot pour les deux. On est dans la gentille série B 80’s, et non dans le classique à admirer, comme les Spielberg millésimés Close Encounter, Jaws ou Indy 1. Y a un côté inventif et grotesque propre à cette époque du film d’horreur high concept qui a un certain « charme », mais c’est difficile à regarder sans une certaine (énorme) distance. Reste un bel exemple de l’artisanat de l’époque. Mais j’ai peur de relancer The Thing du coup.

EDIT == Ah et j’ai aussi vu They Live!. Même punition, mais au moins y a un discours sur le consumérisme, la lutte des classes et les inégalités de la société américaine, qui garde une belle actualité en 2022. Malaise par contre devant le héros joué par Roddy Piper, 34 ans à l’époque, mais dont une vie d’anabolisants lui donne l’apparence d’un monsieur musclé de 50 ans …

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J’ai revu The Thing deux fois au ciné ces dernières années quand il repassait à coté de chez moi, ça passe encore nickel. Le coté minimaliste du film avec son unité de lieu et sa façon de jouer sur l’invisible et le hors champ fait encore des miracles aujourd’hui et la tension reste intacte. La scène qui passe le moins bien aujourd’hui est bien sûr celle de l’autopsie, déjà parce que c’est la plus grand-guignolesque mais aussi à cause de la restauration HD qui montre tous les détails des effets spéciaux un peu fauchés. Mais le reste a surprenament bien vieilli.

Par contre j’ai récemment revu Escape from New York et découvert Assault on Precinct 13 et en effet ça a pris des rides. Je réalise bien que le second était déjà fauché à l’époque, mais j’ai eu du mal à croire à l’histoire so-80’s à base de gangs armés jusqu’aux dents qui s’en prennent aux premières personnes qui passent dans la rue et à cette horde qui déferle sur le commissariat sans véritable raison ou motivation… J’imagine bien qu’à l’époque ça devait être autrement plus impressionnant, mais 40 ans plus tard on a des séries B d’action autrement plus efficaces et inventives.

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Les éclairages m’ont aussi rappelé le travail de Mario Bava par certains côtés.

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Tiens vu que je me suis promis de poster un peu plus, le tout sponsorisé par ma télé 42" (pas mis les pieds au ciné depuis l’été dernier je pense) :

The Power Of Dog : le gros ticket Oscar de Netflix, réalisé par Jane Campion, avec Cumberbatch dans le rôle d’un cowboy un brin aigri. J’avoue que je suis resté de marbre, devant ce qui est une version plus ronchonne et inversée de Call Me By Your Name. Reste une belle photo, de chouettes acteurs, mais c’est tout.

Ghostbuster Afterlife : alors c’est bcp mieux que le reboot de 2016 (moins roue libre et plus concentré), mais ça refait exactement le schéma du Star Wars Episode 7. A savoir, de supers acteurs, un bon rythme, une histoire « solide » (ça reste GB hein). Mais aussi une repompe telle quelle de la trame narrative du premier GB, et une collection de clins d’oeil fan-service vraiment pas nécessaire.

Dune : bon ok, 70% de la valeur du film aurait été de le voir sur grand écran, mais bon Covid oblige, j’ai fait sans. Dune est une des oeuvres fondatrices de mon adolescence, mais je l’ai jamais relue, et je pense que c’est très bien ainsi. C’est hyper fort visuellement, ça se débrouille pas trop mal pour raconter l’histoire et j’ai pas vu le temps passé. Mais j’ai zéro vibré. Est-ce que c’est la faute un réel et louable effort de rationalisation de la trame narrative ? En tout cas, ça m’a donnée l’impression de revoir Danse avec les Loups, sous le prisme d’une assez con-con power fantasy ado. Tu es tout sec ? Tu vas devenir balèze, chopper Zendaya et rider un gros vers des sables TTWWWWWWWOOOIN SOLO DE GUITARE. Même dans Avatar y a un meilleur discours écolo que ça. Et la fin qui se termine sur un mollasson combat au couteau, j’avoue avoir trouvé cela un peu faible. Tant qu’à faire, autant rajouter 30 minutes et finir sur une grosse baston avec victoire de Paulo, et on serait passé à Dune 2.

Ah et aussi, ce film est imbitable pour un non-spécialiste : ma copine me demandait toutes les 30 secondes c’était qui la dame habillée en noir, et qu’est ce qu’elle fout là, et le gros c’est l’Empereur, ah non, ah ok alors c’est qui les soldats SADOKEN, et les fremens, ils viennent d’où, l’épice c’est du carburant pour les fusées c’est ça, etc.

Don’t Look Up : honnête et grinçante parabole sur le changement climatique, ça se regarde très correctement, mais sans plus. J’ai envie de dire qu’on s’en souviendra avant tout pour sa tentative de record du monde du casting le plus maboule de la terre.

Succession saison 3 : waaaah que c’est brillant, que c’est chouette, que c’est bien joué. Je reste conquis, mais j’ai le sentiment qu’on a atteint un plateau qualitatif avec cette saison. Alors on parle d’un plateau stratosphérique hein. L’implosion de Kendal est d’une rare cruauté, tout comme les épisodes à thème comme celui de la conférence des actionnaires, ou de la fête d’anniversaire, sont d’une perfection :chefkiss:. Le montage des 15 dernières minutes du final est particulièrement brillant. Curieux de voir si ça va monter encore, ou commencer à tourner en rond avec la saison 4.

Yellow Jackets, la it-series de HBO. Le final arrive dimanche, donc peut être que ça va changer mon opinion. La prémisse est super fort, mais je trouve que le double mystère passé et présent est un peu redondant. J’aurais préféré une exploration des traumas un peu plus fine 25 ans plus tard, qu’un who dunnit bateau. Casting en béton par contre, et les filles qui jouent les ados sont tops. Sauf que celles-ci ont la répartie d’adultes dirigées par Sorkin. C’est censé être des ados de 15 ans qui luttent pour leur survie en forêt, pas des gens qui jouent dans The Social Network. Au final ça promet bcp, mais y a pas bcp plus de profondeur que dans un Carpenter tiens.

Tjrs chez HBO les gars sûrs, y a le bcp plus sensible et hyper bien foutu Station Eleven. Fiction post-apo qui exploite avec intelligence le format série avec un montage jouant sur plein de périodes mais jamais confus. Ca évite toutes les tropes du genre (les zombies, le survival, le cannibalisme, l’hyper violence), tout en appuyant sur ce qui touche au coeur de la fin d’un monde, à savoir le deuil, la perte et la reconstruction dans toutes ses
dimensions. Y a quelques scènes dans les premiers episode’s qui sont remarquables pour aller tirer la larme de façon méritée. On peut lui reprocher un tout petit peu de gras avec le pseudo arc du Prophet, mais j’ai trouvé que c’était d’une rare intelligence sur un genre plus qu’éculé, et faisant preuve d’une belle maitrise de son format.

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Mais justement c’est cette décision que je trouve pertinente dans Last Night in Soho. Rester dans la victimisation des pauvres gamines impuissantes, ce serait vachement vieux schnock XXème siècle comme interprétation des protagonistes féminins. Sandy a retourné le destin des filles anonymes abusées et oubliées contre leurs bourreaux : ce sont eux qui ont fini victimes impuissantes, déshumanisées et anonymisées (même Eloise ne peut discerner leurs visages) dans un Soho qui a rapidement oublié leur disparition – on le voit quand Eloise cherche des articles à la bibliothèque, mais aussi quand elle retombe sur les lieux de leurs crimes, qui ont tous été impitoyablement effacés par le temps, alors que la baraque de Sandy est toujours là. Je n’ai pas du tout eu le sentiment que le film nous demandait de les plaindre, au delà d’une simple empathie naturelle (purement masculine?) du niveau « wow bah j’aimerais pas être dans cette situation… ». D’ailleurs tu noteras qu’Eloise ne leur vient pas en aide. Quand elle comprend qui ils sont et qu’ils lui donnent le combiné téléphonique, elle refuse de l’utiliser, et elle approuve et pardonne les exactions de Sandy lors de leur dernière conversation. Elles sont même physiquement réconciliées dans le dernier plan du film. Ce sont les pompiers qui interviennent à cause de l’incendie, pas les flics et on n’a aucun signe que l’affaire a été complètement résolue par les flics ensuite.


J’ai aussi revu The Thing lors de sa sortie 4K au cinoche il y a deux, trois ans et adoré ; ça n’avait pas pris une ride. (Mais j’aime aussi toujours autant They Live donc…)

Je suis retombé sur une archive de documentaires BBC datant de 2006/2007, période de transition du grand-public entre TV cathodiques (encore souvent 4/3) et écrans plats 16/9. Les synthés sont tous décalés pour convenir aux différents types d’affichage. C’est mignon, j’avais complètement oublié ce détail.

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