[Ciné/Docu/TV/Streaming] C'est Michael Bay et Don Draper qui rentrent dans un bar

18 février pour The Cuphead Show! sur Netflix.

Pour un truc en 3D qui essaye d’imiter l’effet 2D qui essaye d’imiter le style années 30, je trouve ça plutôt pas mal fichu.

J’hésite à vous conseiller cette série.

On s’est enquillé les 6 épisodes sans rechigner, donc quelque part elle est réussie : les acteurs sont bons, c’est bien filmé, un des personnages principal passe son temps dans ma Megane (du coup j’en ai racheté une deuxième) et c’est une enquête dans un sous-marin nucléaire, il m’en fallait pas plus.

Mais il y a aussi beaucoup de clichés (le personnage principal qui revit un trauma en flashback), une histoire d’amour qui ne sert absolument pas le récit, et certaines situations hautement improbables. J’ai aussi un gros doute sur certains aspects techniques.

Mais ça se passe dans un sous-marin nucléaire, et ça se voit gratuitement sur Arte TV.

Tiens, au passage sur ce sujet :
Je n’avais pas encore vu « Extras » (de Ricky Gervais) jusqu’à peu.
Et j’ai trouvé ça très marrant, autant que « The Office ».
Avec les stars de ciné en guest, il y a des épisodes avec des situations vraiment énormes.
Je suppose qu’un anglais a cette impression sur chaque épisode. Mais pour ça il faut connaître les ex-stars de la télé UK quoi.
Et il y a un gros côté « Curb Your Enthusiasm » dans les situations, on le ressent beaucoup quand on connaît.

2 « J'aime »

J’ai un peu hésité à me l’envoyer vu les critiques tiédasses, mais le pitch était beaucoup trop fait pour moi pour que je puisse sérieusement résister : j’ai vu Les traducteurs. C’est génial. Génial-tout-le-monde-ne-peut-pas-aimer-et-clairement-je-vais-vous-le-survendre-et-vous-serez-déçus, mais génial quand même.

Le pitch, croisement improbable entre un Agathie Christie, La Casa de Papel et le topic Pivot : un éditeur véreux en possession du manuscrit tant attendu du dernier tome de la trilogie à succès d’un Dan Brown français enferme dans un manoir-bunker dix traducteurs, avec un objectif : les faire traduire ledit manuscrit pour assurer une sortie mondiale simultanée, en veillant à ce que rien ne fuite du fameux roman. Sauf que, patatras, le roman fuite. L’éditeur est furieux, et commence son enquête pour savoir lequel des dix traducteurs a commis cet insupportable parjure.

On est donc sur un bon vieux whodunit des familles pensé comme une déclaration d’amour à la littérature en général et aux romans policiers du début du XXe siècle en particulier. Tous les personnages sont dessinés à gros traits, de la Russe intense qui s’identifie de manière psychotique à un des personnages de la trilogie au Grec misanthrope dont on se demande ce qu’il fait là en passant par la Danoise qui aurait voulu être romancière. Il y a un côté Casa de Papel, dans ce casting international un peu foutraque, et ce décalage entre le cerveau surpuissant à l’origine de leur réunion, et cette brochette quasi carnavalesque de personnages excentriques.

Arrivé à ce stade du récit, je me dois de poser deux informations essentielles à la compréhension du film, qui est une expérience franchement atypique, pour ne pas dire bizarroïde : tandis que l’éditeur est joué par Lambert Wilson, jubilatoire dans ce rôle de CEO littéraire sadique, les dix traducteurs sont (presque tous) interprétés par d’authentiques acteurs étrangers, qui à quelques lignes près, s’expriment en français - qui n’est donc pas leur langue maternelle. Résultat, on a parfois l’impression d’être moins devant un film que dans une soirée Erasmus un peu guindée, et d’autant plus étrange que les différents acteurs ont un niveau de français assez hétérogène, pour ne pas dire à la limite de l’incompréhensible pour certains, mais qui est réuni par un même texte, très écrit. Il faut vous imaginer votre pote de cours de soir en allemand intermédiaire qui se mettrait à parler avec des germanophones d’autres pays en déclamant du Goethe : c’est curieux, et franchement pas naturel. Clairement, j’ai failli perdre madame en cours de visionnage à cause de ça, alors que c’est au contraire génial : une partie de l’intrigue repose sur le fait qu’ils soient polyglotte, bordel. Et accessoirement le casting est dingo: quel autre film français réunit une James Bond girl, l’acteur principal de The End of the f*** world, Riccardo Scamarcio, Eduardo Noriega et, euh, Frédéric Chau (excellent par ailleurs) ?

Ce côté curieux, le jeu d’acteur assez particulier, les accents qui s’entrechoquent dans une bouillie de texte trop écrit mal prononcé, tout ça donne un peu une impression très déstabilisante, donc, mais le film a la bonne idée de ne pas se tromper de registre. A l’image du manoir du milliardaire russe, à l’intérieur incompréhensiblement repeint en gris, conférant une étrangeté naturelle à de nombreuses scènes, ou la musique jazzy pleine de légèreté de Jun Miyake, qui, je cite madame, donne parfois un petit côté Inspecteur Gadget (?) à l’ambiance, ou encore le jeu d’acteur délicieusement cabotin de Lambert Wilson, qui apporte un côté pulp… Bref, l’atmosphère décalée du film permet à la mayonnaise de prendre, aussi curieuse soit-elle.

Le reste, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à @Tristan à plusieurs reprises, c’est donc un policier qui tourne autour de la question de la figure de l’auteur, de la force du texte et des langues, qui cite Agatha Christie comme James Joyce, passe d’un idiome à un autre sans jamais s’excuser, et qui tout en ne ressemblant à pas grand chose de connu, maîtrise son récit de bout en bout, jusqu’au final jubilatoire, que je me garderais bien de vous spoiler.

(mais purée, cette scène où pour piéger l’éditeur, les traducteurs se mettent à parler espagnol puis chinois, je la veux chaque matin dans mes veines)

Bref, j’ai adoré ce film, qu’il faut je pense apprécier comme une anomalie qui, par miracle, survivrait à son propre projet suicidaire ; un espèce de petit morceau de cinéma très hors du temps, avec son jeu d’acteur et son atmosphère insituables ; son art remarquable du récit et sa jubilation communicative à martyriser ses personnages ; son sous-texte étonnant sur l’exploitation des traducteurs ; sa galerie de jurons aussi fleurie que polyglotte ; la perfection impeccable de son architecture narrative.

Ironiquement, le film, qui visait clairement une distribution internationale (36 pays en tout) est sorti en 2020, la pire année imaginable. Je lui souhaite d’avoir la seconde vie qu’il mérite. En bonus, des affiches d’autres pays :

5 « J'aime »

Merci du tuyau Vigil sur Arte TV, ça faisait des mois que j’essayais de la choper !


Emballement total du Guardian sur la nouvelle série d’Attenborough - qui cette fois s’attaque au monde végétal.


Le topic des SERIES de mon Noël.

Yellowjackets

Les deux derniers ne sont pas encore sortis chez moi mais je suis surpris du niveau de buzz de la série Outre-Atlantique, c’était vraiment le gros truc de fin d’année, alors qu’in fine c’est une formule assez standard:

  • Lord of the flies chez les meufs, une idée déjà expérimentée dans le (plutôt bof) The Wilds chez Amazon. Un set-up idéal pour explorer toute la palette des archétypes féminins (la rebelz, la folle de Dieu, la cheerleader, etc.) et installer des luttes de pouvoir débarrassés de tout élément romantique straight. Bon, pour le coup y a un ou deux mecs mais ils ne prennent pas trop de place…
  • Double-timeline [passé dramatique] + [présent où les personnages tentent de vivre avec ses conséquences].
  • Des bouts de Lost pour le côté ésotérique et la tendance à cliffhanger plus que de raison.

Je crois que tout ça tient beaucoup au casting des personnages adultes et à leur facteur cool 90’s, avec une Juliette Lewis revenue des enfers (on a du mal à voir une continuité entre son jeu et celui de l’ado qui l’incarne, mais c’est pas grave). Le personnage de Christina Ricci est clairement la meilleure idée de la série, une créature à la Stephen King dont il serait difficile de parler sans spoiler mais dont la présence illumine chaque épisode. Stephen King qui par ailleurs aime beaucoup la série.

L’ensemble ne manque pas d’énergie et la BO certifiée 90s (PJ Harvey, Hole, les Pumpkins) enfonce encore le clou de la nostalgie, mais je crois que tout ça finira par s’écrouler faute de pouvoir résoudre ses éléments ésotériques de façon satisfaisante. En attendant, c’est du bon améritrash du dimanche soir.

Succession S3

Plus d’intérieurs que d’habitude pour cette saison (et pour cause). Au début j’ai eu peur que ça patine, mais on a vraiment senti une montée en puissance au fil des épisodes et le finale était encore une fois époustouflant - la série n’est jamais aussi satisfaisante que lorsqu’elle se pare des atouts de la tragédie classique. L’épisode de l’anniversaire est entré tout droit dans mon top 3.

Toujours les meilleurs dialogues de la télé contemporaine, même si les facilités d’écriture commencent à se faire sentir chez certains personnages (principalement Logan Roy dans ses accès de vulgarité).

L’intrigue progresse très peu mais on s’en fout, on est tellement attachés aux personnages qu’ils peuvent faire une saison sur un seul événement majeur et dérouler leur partition le reste du temps. Je n’avais pas remarqué à quel point le jeu des acteurs était codifié avant de tomber sur tout un tas de parodies où les mimiques sont retranscrites spot-on.

https://www.tiktok.com/@taylorgraysen/video/7041026013890907439?is_copy_url=1&is_from_webapp=v1&lang=fr

Emily in Paris S2
Toute ma famille se fout de ma gueule, j’y peux rien, c’est totalement débile mais je suis fasciné. Il n’y a pas grand-chose à en dire, une américaine neuneu propose des idées marketing nulles à des parisiens pseudo-snobs qui boivent du champagne tous les midis et à la fin elle se fait retweeter par Brigitte Macron. Les tenues d’Emily sont tellement mal coordonnées que je suis certain que la costumière le fait exprès. Peut-être qu’à la saison 3 il y aura une rupture de ton comme dans Mullholland Drive et on se rendra compte que tout ça n’était qu’un rêve érotique d’Emily coincée dans une chambre de bonne du 11e pendant le confinement.

The Witcher
A ma grande surprise j’ai beaucoup aimé la saison 1, principalement grâce à son découpage procédural. Il y a évidemment une trame de fond mais chaque épisode peut se suivre comme une petite aventure réglée en 50 minutes. Ca donne à la série un côté Sword & Sorcery un peu pulp, comme dans Conan ou le Cycle des Epées de Leiber. Il y a aussi un côté low key assez rafraîchissant à l’heure où tout le monde tente de rejouer le hold up du big epic à la Game of Thrones. C’est pas un chef d’oeuvre mais les acteurs y mettent du coeur et la série ne pète pas plus haut que son cul. Même l’humour pouet pouet me fait rire.

Malheureusement la S2 fonce tout droit dans la grande histoire et n’a pas du tout le même charme mais à ce stade j’ai trop commit je vais être forcé de me taper six saisons de plus.

The Wheel of Time

La roue de secours d’Amazon en attendant qu’ils arrivent à sortir leur Tolkieneries de fin d’année. C’est à peu près tout ce que n’est pas The Witcher S1, ça se prend très au sérieux avec des histoires de grande prophétie et d’élus, ça grandiloque de partout, Rosamund Pike tente de sauver les meubles mais la sauce ne prend jamais, gros soucis de rythme, casting très moyen, etc. Vraiment un cas d’école de Game of Thrones wannabisme.

Midnight Mass
Une série d’horreur religieuse par Mike Flanagan, le showrunner de The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly Manor. L’histoire se déroule sur une petite île dont la vie paroissienne va être chamboulée par l’arrivée d’un prêtre mystérieux. On retrouve tous les marqueurs du gothique US, la bigoterie, la pauvreté, le poids de la morale, l’incapacité à s’arracher au déterminisme social. La série n’est pas exceptionnelle mais je tenais tout de même à saluer la performance d’Hamish Linklater (que vous avez peut-être vu dans The Big Short) dans le rôle du prêtre, à mon sens la meilleure performance de l’année si on exclut Succession. J’avais vraiment l’impression de voir Nick Cave déclamer des sermons - il faut dire que la ressemblance physique est frappante.

L’épisode 5 est franchement excellent, et bizarrement ça semble une habitude chez Flanagan, un showrunner qui réussit toujours ses épisodes 5 au détriment du reste et je ne sais pas à quoi c’est dû, peut-être qu’une ancienne malédiction plane sur sa famille.

4 « J'aime »

Vu The chef / Boiling point, petit film anglais de Philip Barantini filmé en 1 plan-séquence, sur la dure soirée d’un chef cuisinier dans un resto branché londonien. Rien d’incroyable et les deux twists qui arrivent vers la fin ne m’ont pas paru indispensables, mais la représentation du stress si particulier de ce job est plutôt bien rendue (ma compagne qui bosse dans la restauration s’est d’ailleurs barrée au tiers du film… ).

3 « J'aime »

Perso j’aimerais voir les 3 épisodes de « Les mondes invisibles de Richard Hammond », Google me ramène rien de solide…

(Checke Dailymotion)

Bingé Vigil, en effet il y a un paquet de trucs hautement improbables qui se retrouvent côte à côte avec des éléments qui se veulent réalistes - ce qui évidemment les fait ressortir encore plus. Je suis du même avis que toi sur le côté superflu de la romance centrale.

Un aspect qui m’a emballé c’est le fait que l’enquête se heurte régulièrement aux impératifs de la vie dans le sous-marin, et les zones de friction et de tension que ça implique entre l’autorité de la détective et celle du capitaine. C’est clairement l’histoire d’une outsider qui se pointe dans un univers homogène et se retrouve forcée de saouler tout le monde pour pouvoir faire son taf. J’ai également trouvé la résolution de l’histoire plutôt finaude d’un point de vue politique en dépit de son aspect complotiste.

Bref c’était sympa mais je ne comprends pas trop les reviews délirantes du Guardian, et dans un genre assez proche je crois que je lui préfère quand même Le Chant du Loup.

1 « J'aime »

30 après que tout le monde l’ait redécouvert, je découvre Soy Cuba. Wooof (enfin, surtout sa cinématographie).

3 « J'aime »

T’as eu le DVD dans ton salon pendant près de six ans ! C’était le disque rangé entre les films de blondes frigides et les aventures d’écolières détectives donc je comprends que t’aies peut-être été induit en erreur sur la nature du contenu.

Peut-on poursuivre en justice un film qui nous promet une actrice qui finalement n’apparaît pas dans le film ? Je vais être honnête : pour Ana de Armas, j’aurais fait pareil.

Ca me rappelle ce plan complètement fou (posté ici d’ailleurs ?) d’un film soviétique de 1957 :

Tiens en parlant de réalisateur qui se fait plaisir, j’ai vu l’autre jour The Vast of Night sur Amazon, sorte de miniature impressionniste de Rencontre du Troisième Type, réalisé pour $700k, et donc hyper inventif pour contrebalancer son modeste budget. Le pitch se tient à : une petite ville au Nouveau Mexique dans les années 50, des Ovnis. C’est très verbeux, et les premières 10 minutes peuvent être éprouvantes, mais c’est vraiment un des meilleurs films sur le sujet depuis longtemps. Le film se tient par une mise en scène aventureuse (attention, ça spoile mais ça vaut le coup d’oeil si vous comptez pas regarder le film), et un petit nombre d’acteurs en béton qui te racontent littéralement une histoire ambitieuse sans effet spéciaux. J’ai trouvé hyper malin et j’ai maintenant son réal, Andrew Patterson, sur mon radar.

1 « J'aime »

Wow merci ! Je viens tout juste de dépiler cet onglet, et je n’arrive pas à croire que ce film a été tourné en 1964. En dehors de la technicité des plans, la photo est incroyable, les acteurs sont d’une beauté indécente, et j’ai une envie irrépressible de partir au soleil. A Cuba aussi du coup.

EDIT ANECDOTE : il y a un connard dans ma ville qui a piqué le DVD à la médiathèque et qui refuse de le rendre depuis 2020.

Il n’y aura plus de nuit (2020 - Eléonore Weber)

Un documentaire aride, majoritairement composé d’images nocturnes provenant de caméras embarquées dans des hélicoptères d’assaut. Le théâtre des opérations est imprécis, quelque part au Moyen-Orient. Le point de vue du pilote ou de l’artilleur est celui du spectateur. Il n’y a aucune musique et pas de vraiment de structure narrative, juste un texte lu par une voix monocorde qui mêle réflexions de la réalisatrice et analyse des images par un pilote français, présenté sous le nom de Pierre V.

Très vite, on prend conscience qu’en dépit de la vision absolue que procure la caméra thermique il nous est impossible de comprendre ce qui se passe en bas. Est-ce un terroriste armé d’un AK-47 ou un paysan avec une fourche ? Le pilote, et donc le spectateur, ne peut pas en être certain. De fait, à mesure que le film progresse et que les scènes se succèdent, on réalise que rien ne ressemble plus à une bavure qu’une opération régulière.

La force du film provient de cette mise en situation, qui donne à vivre l’absurdité expérientielle d’une guerre moderne où le pilote ne peut pas espérer une vérité des images malgré la technologie délirante mise à sa disposition. Le leitmotiv revient tout au long du film à travers les analyses de Pierre V. qui trouve toujours une explication rationnelle aux comportements des pilotes, tout en insistant bien sur le fait qu’ils ne peuvent jamais être sûrs de ce qu’ils voient. Il explique à la réalisatrice qu’elle ne peut pas recevoir les images comme lui les reçoit.

La réalité de la guerre, c’est en partie ça : des gens dans des hélicoptères qui tirent sur des silhouettes anonymes. C’est évidemment insoutenable mais à travers la caméra tout est atténué. Quand la fumée se dissipe il n’y a plus que des petites taches sur le sol. Il faut produire un effort intellectuel pour prendre la mesure de ce qu’il vient de se passer.

Le film n’offre aucun contrechamp, sauf un seul, très particulier, à la toute fin, et on est toujours dans un rapport asymétrique face à l’action. En tant que joueur de jeu vidéo cela interroge évidemment notre rapport au régime de productions des images, et plus particulièrement au premier Modern Warfare qui propose un niveau visuellement indissociable du film. La fiction est une organisation du réel et quand Call of Duty me confronte à des ennemis je sais que ce sont des ennemis parce que cela fait partie du contrat et qu’il est entendu que le jeu ne ment pas.

Je ne sais pas si cela participe d’une grande fabrique du consentement qui irait main dans la main avec le complexe militaro-industriel. Un jeu est un jeu, de mauvais goût peut-être, mais personne n’a besoin d’être convaincu que la guerre est grotesque. Reste que le parallèle entre ces images et leur représentation est troublant. J’ai du mal à le formuler mais c’est à mon avis un grand film politique, et si des journalistes jv plus brillants que moi traînent sur ce forum il y aurait sûrement un édito à faire sur ce que tout ça raconte de notre pratique.

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On a passé un bon moment merci ! Mais alors oui, je ne m’explique pas l’apprêté de cette intro, qui à failli laisser ma moitié sur la route, d’autant plus que ça ne colle pas avec le rythme de la vie à l’époque.

J’ai beaucoup aimé, ça va me laisser de chouettes souvenirs, mais il y a aussi plein de trucs étranges, principalement parce que le réa en fait trop : l’intro façon 4ème dimension, c’était pas nécessaire, comme les retours à cette télé en plein milieu du film, je ne vois pas l’intérêt. Plusieurs fondus au noir qui tombent un peu comme un cheveux sur la soupe, et surtout un manque de lumière global qui rend le visionnage très problématique sur une tablette par exemple, même si c’est raccord parce qu’à l’époque les rues n’étaient pas super éclairées.

Bon et puis s’enfuir dans une forêt la nuit en pleine période de stress, c’est pas très crédible non plus, même si on est en 1950, que les gens ne sont pas encore formatés par les faits divers et le cinéma (notamment les films d’horreur), à moins du partir du principe qu’on leur dit de faire ça dans leur tête, mais les héros ne semblent pas « concernés ».

Anyway, la mise en scène est superbe, l’unité de lieu et de temps est fantastique, les décors sont incroyables, et je ne pouvais qu’être happé par les scènes dans la radio, le répartiteur téléphonique, et tout le matos d’enregistrement qu’ils utilisent (ils se sont vachement entrainé pour que leurs manipulations soient naturelles).

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Agréablement ivre, il suivit sans même y penser le couloir vitré qui conduisait à sa chambre. La première chose qui le frappa, en entrant, fut le poster de Keanu Reeves. L’image était extraite de Matrix Revolutions, elle représentait Neo aveugle, le visage barré par un bandeau sanguinolent, errant dans un paysage d’apocalypse.

C’était probablement symptomatique qu’il ait choisi cette image plutôt que l’une de celles, nombreuses, qui le représentaient accomplissant une prouesse d’arts martiaux. Il s’abattit sur le petit lit, terriblement étroit, il avait pourtant couché avec des nanas dans ce lit, enfin avec deux.

Matrix était sorti quelques jours avant le dix-huitième anniversaire de Paul ; il avait tout de suite été enthousiasmé. La même chose devait arriver à Cécile deux ans plus tard, avec le premier volet du Seigneur des anneaux. Beaucoup avaient considéré par la suite que ce premier volet de la trilogie Matrix était le seul réellement intéressant, par les innovations visuelles qu’il apportait, et qu’en-suite c’était un peu du réchauffé. Paul ne partageait pas ce point de vue, qui à ses yeux ne faisait pas assez de place à la construction scénaristique.

Dans la plupart des trilogies, que ce soit Matrix ou le Seigneur des anneaux, il y a un fléchissement d’intérêt dans la deuxième partie, mais une reprise de l’intensité dramatique dans la troisième, c’est même dans le cas du Retour du Roi une apothéose ; et dans le cas de Matrix Revolutions, l’histoire d’amour entre Trinity et Neo, au départ un peu incongrue dans un film de nerds, finit par devenir réellement bouleversante, en grande partie grâce à l’interprétation des acteurs, c’est du moins ce qu’il avait pensé à l’époque, et qu’il pensait encore le lendemain à son réveil, ce matin du 25 décembre, presque vingt-cinq ans plus tard.

Je mets ça ici pour le clin d’oeil, mais c’est un extrait du dernier roman de Michel Houellebecq, Anéantir.
J’en suis au début, c’est un peu foutraque dans la veine de Sérotonine, mais plutôt touchant.
L’intrigue tourne autour des deepfakes: comme toujours le Michel est à la pointe des nouvelles technologies!

EDIT: fini. Bon ben c’est un honnête mélo, qui délaisse en cours de route l’intrigue géopolitique au profit des mamours de vieux couple hétéro dont le Michel est friand. Quelques bonnes feuilles (et un renvoi aux Chevaliers du Zodiaque!), mais on est assez loin de ses meilleurs crus.

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Je crois me souvenir qu’on avait parié sur « un film ou une série Netflix d’ici trois ans » au moment de l’explosion médiatique de l’affaire Anna Sorokin / Anna Delvey. Finalement, cela aura mis cinq ans mais c’est Netflix et Shonda Rhimes qui s’y collent. 11 février, dix épisodes.

Moins pour Astier (la promo est loin derrière nous maintenant) que pour Vincent Perrot qui

1°) A un nom définitivement rigolo
2°) Est vieux ET jeune en même temps (une maladie quantique)
3°) Surjoue ses questions MAIS en pose de vraiment bonnes, en voilà au moins un qui bosse, c’est pas Quotidien quoi.

Ah c’est l’ancien présentateur de la météo fan de musique de film je crois.