[Les champs de Pivot] Le stupéfiant topic des 漢字, de l'ετυμολογία et des 𓀀𓋍𓉏𓅢

La traduction de Laurence Haim me fait relativiser mes lacunes en anglais.

C’est quand même étrange pour Laurence Haim, ça doit faire trente cinq ans qu’elle est là-bas depuis son poste de correspondante à Canal. Heureusement que sa carrière musicale a décollé depuis (pouet pouet).

Sans surprise, un ami italien m’informe que les boîtes renvoient aux coucougnettes. L’expression n’est pas vulgaire et acceptable dans n’importe quel contexte selon lui.

Bonus track Le Japon:

くそくらえ。。。

Il faut dire aussi que c’est chaud patate pour les traductions, vu qu’à la base le mini-scandale vient de l’outrance de la formulation et non de l’idée fondamentale qui n’est pas neuve chez lui (il dit la même chose mais en plus « cash », vraisemblablement parce qu’on lui a assuré sondages à l’appui que cela lui ferait gagner des points dans telle ou telle catégorie dont il a besoin).

Surtout qu’en plus il y a deux façons VRAIMENT différentes de comprendre sa phrase « continuer à emmerder les antivax jusqu’au bout » :

  • j’emmerde les antivax : je leur pisse à la raie, qu’ils aillent se faire foutre, retenez-moi ou je fais un malheur ;

  • j’emmerde les antivax : je vais leur rendre la vie plus difficile, je souhaite les emmerder dans leur vie quotidienne car je pense que l’intérêt général prévaut, et que même pour eux, si je les emmerde assez, ils verront un intérêt à se faire vacciner.

Dans un cas (le premier), c’est une insulte pure et simple.
Dans l’autre c’est une annonce de politique générale.

A mon avis il joue sur les deux tableaux, ce qui rend la traduction extrêmement difficile car il faut choisir. Si j’étais machiavélique j’aurai avancé qu’il compte sur une reprise internationale de son expression avec la traduction « allez vous faire foutre », histoire d’augmenter son aura d’homme fort balek à l’étranger et par ricochet en interne (y’a que le président en fonction qui peut foutre un tel bordel, les autres candidats sont relégués au second plan et condamnés à l’inaction, ou a tout le moins à seulement réagir, donc être dans son ombre).

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Pas de grosse surprise en effet mais un peu plus de contexte :

Je pense que c’est l’équivalent de « casser les noix ».

En tout cas maintenant je pige mieux le contexte de la vanne du Gorafi !

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Oh, tout à fait, à 100 jours de l’élection on peut partir du principe que tout le monde fait de la grosse popol et qu’il a jugé que la double-lecture et la vulgarité seraient payantes d’un point de vue risk-reward.

Après sur le piss off en particulier c’est clairement le premier point de ton post qui a été privilégié alors que sémantiquement le second est quand même plus fondamental en tenant compte du contexte.

Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…

Il y a un fil Twitter chez Lauren Collins où tout le monde y va de sa proposition (avec des bouts de Sopalin dedans :slightly_smiling_face:).

https://mobile.twitter.com/laurenzcollins/status/1478671567353753604

Une bonne vidéo sur l’origine des noms des équipes de football japonaises. Je ne me suis pas trompé de topic ; ça explique beaucoup de choses sur la psyché linguistique du pays et comment Square-Enix trouve ses titres.

« journaliste » en chinois : 记者 (jìzhě)
« prostituée » en chinois : 妓者 (jìzhě)
Je suis catastrophé. Même pas besoin de créer un mot-valise foireux pour dire « journalope » en chinois, la vanne est livrée d’office avec le lexique de base.

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Une review du Guardian sur un dictionnaire de termes fictifs liés à la tristesse.

More enjoyable are the less gloomy, even jaunty coinages, such as “justing” (“the habit of telling yourself that just one tweak could solve all of your problems”), “proluctance” (“the paradoxical urge to avoid doing something you’ve been looking forward to … stretching out the bliss of anticipation as long as you can”), and “bye-over” (“the sheepish casual vibe between two people who’ve shared an emotional farewell but then unexpectedly have a little extra time together”).

Par ailleurs, l’article ouvre sur un dictionnaire similaire compilé par Douglas Adams et John Lloyd qui m’était inconnu, The Meaning of Liff. Les associations m’ont semblé obscures mais les définitions sont très marrantes.

http://liff.hivemind.net/

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Direct dans ma signature automatique de mail

Ah, appris un mot allemand sympa ce matin, Vorführeffekt.

The phenomenon that something which was previously working correctly, suddenly does not work correctly when one tries to demonstrate the operation to others.

Eh oui, ils ont bien un terme pour le fameux Effet Bonaldi !

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Ouais c’est l’effet démo chez nous (traduction littérale d’ailleurs). mais comme plein de mots c’est vachement plus klasse en allemand.

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Le saviez-vous #52 : les hispanophones et lusophones se partagent des mèmes pour moquer la ressemblance entre leurs deux langues.

Je me lance dans la lecture de cet ouvrage légal, dont j’ai entendu beaucoup de bien et que l’on doit à Geoffray Brunaux (2019).

Les premières pages évoquent la question du terme-même de « jeu vidéo » et renvoient vers ce court article de 2015. (En accès libre)

→ Si quelqu’un croise un topo sur l’adoption du terme « console », je suis client.
Je me souviens qu’ado, j’avais écrit un lettre à Joypad pour le demander s’il savaient le pourquoi et le quand de l’adoption du terme en informatique. Je crois que Rahan m’avait répondu « Bonne question, aucune idée ! ».

Simple supposition : c’était souvent vendu au rayon hi-fi où l’on pouvait trouver des consoles audio. Les consoles « vidéo » des années 70-debut 80 comportaient leur lot de boutons et de molettes ; je comprendrais que le rapprochement ait pu être fait entre les deux.

Ivre, je me demandais quelle était le degré de différences entre le mandarin et le cantonnais. Tl;dr: c’est proche mais pas pareil, un peu comme le castillan et le portugais, mais la vraie originalité est que l’intercompréhension est quasi totale à l’écrit mais bien plus faible à l’oral, la lecture des idéogrammes étant très différente en cantonnais. Surtout, une phrase typiquement mandarine, lue en cantonnais, fait sens, mais l’inverse n’est pas vrai. Une petite vidéo sympatoche en anglais sur le sujet :

Mais le pire, moi qui hurlait mes grands dieux en parlant des cinq tons du thaï, c’est que cantonnais en compte six (et même neuf en comptant les différences de longueur de ton). Cette vidéo devrait faire hurler tous les japonophones et sinophones de ce forum, qui connaissent bien ces six caractères mais sous des prononciations très différentes, mais qui se lisent tous si en cantonnais.

Pour contexte, ils se lisent respectivement en mandarin | japonais :

詩 : shī (« cheu », intonation longue et constante) | shi (lecture chinoise) / uta (lecture japonaise)
史 : shǐ (« cheheu », intonation qui descend puis monte) | shi ou ji / fuhito
試 : shì (« cheu! », avec la même intonation qu’un « sheh » des familles) | shi / tamesu
時 : *shí" (« cheu? », ton montant, genre incrédule) | shi ou ji / toki
市 : shì (« cheu! », idem plus haut) | shi ou ji / ichi
是 : shì (« cheu! », idem plus haut) | shi ou je / kore, sunao, tadashi, et wiktionary me donne encore plein d’autres lectures mais ça m’estrange, je n’ai aucun souvenir d’avoir déjà vu cet idéogramme utilisé en japonais, peut-être est-il un peu snob ?

Concrètement on voit bien que dès qu’une langue utilise un système lexical monosyllabaire, c’est le bordel absolu, trop de mots qui se ressemblent, obligeant soit à favoriser les variantes à deux syllabes (ce que tend à faire le mandarin), soit à jouer avec les tons (ce que le cantonais pousse à un niveau redoutable).


Découverte merveilleuse d’hier soir, le bopomofo, l’alphabet taïwanais dédié à la transcription du mandarin, accessoirement ancien concurrent vaincu du système pinyin (l’équivalent chinois aux furagana japonais, pour permettre aux lecteurs débutants de lire un idéogramme inconnu d’eux).

Je trouve le bopofomo d’une poésie incroyable. Le voici (les couleurs correspondent à l’ordre des traits, rouge pour le premier, vert pour le second, bleu en dernier) :

Je ne sais pas ce qui me fascine le plus dedans, qu’il s’agisse d’un authentique alphabet plutôt que d’un syllabaire (son nom vient de la prononciation des quatre premières lettres de haut en bas ; manifestement le son o correspond à une voyelle neutre) ; que je ne le découvre que si tard ; ou qu’il s’agisse d’un cousin des kana japonais : certaines lettres semblent d’ailleurs identiques, quoique la prononciation diffère, comme ㄙ (mu en japonais mais s ici), ㄝ (se en japonais, e ici) ou ㄑ(ku en japonais, et, euh, tɕʰ en taïwanais, débrouillez-vous avec ça).

Ca me fait penser qu’il existe également un système de transcription de l’arabe en mandarin, le Xiao’erjing.

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Le sachiez-vous ? Le verbe occire a un passé composé, un futur, et même un plus-que-parfait, mais ni présent ni imparfait. Comment faisaient donc les gladiateurs d’antan qui occissaient leurs ennemis ?

Cet article hautement littéraire m’apprend qu’il n’est pas le seul dans ce genre de cas, c’est également le même tarif pour ouïr, et qu’à l’inverse, discontinuer ne se conjugue à aucun autre temps que le présent ; que frire n’a ni pluriel (!?) ni subjonctif (?!), que git et gisait ont pour infinitif gésir mais que personne ne gésira, jamais.

Pourtant il est évident que chaque soir que dieu fait les boss d’Elden Ring m’occissent sans répit, voire pour certains à la lame enflammée me frient les fesses, et que quand bien même ils ne me frissent pas, je sais bien chaque fois en y retournant que quelques minutes seulement s’écouleront avant que je ne gisasse inertu dans ma propre flasque fiente de sang.

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Cette anecdote sur l’origine du terme ultracrépidarianisme est assez géniale.

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Probablement l’article définitif de ce topic. Polyglotte, passionnant, émouvant aussi.

https://www.washingtonpost.com/dc-md-va/interactive/2022/multilingual-hyperpolyglot-brain-languages/

TIL le célèbre terme allemand schadenfreude a son équivalent en chinois : 幸灾乐祸 (ou 幸災樂禍 en chinois traditionnel). Littéralement « chance-désastre-amusement-désastre », « rejoice in disaster », dans la langue de Kate Nash.

Si j’en crois le wikipedia chinois (google-traduit à l’arrache parce que la flemme), ça n’est pas un néologisme forgé sur mesure pour rendre schadenfreude mais un très vieux concept chinois :

Lucky disaster (rejoice when people are in trouble [2] ) originated from Zuozhuan ( Warring States 468 BC-300 BC) in the 14th year of Duke Xi, [3] and joy in misfortune (please take pleasure in the misfortune of others [ 2]) 4] ) The language comes from Zuozhuan Zhuanggong twenty years. [5] Schadenfreude together refers to being jealous and taking pleasure in the misfortunes of others. [6] The language comes from the Northern Qi ( South and Northern Dynasties AD 420-581) Yan family admonishing soldiers ( yan Zhitui ). [7] Similar words in Western languages ​​are derived from the German schadenfreude ( Schadenfreude , literally translated as hurtful joy), which means to obtain happiness through the suffering of others [8] .

Il semble que l’expression vienne d’un antique traité de Yan Zhitui, un membre de la dynastie Qi du Nord, circa VIe siècle. Au milieu de vingt tomes de considérations éthiques familiales, il écrit :

國之興亡,兵之勝敗,博學所至,幸討論之。入帷幄之中,參廟堂之上,不能為主盡規以謀社稷,君子所恥也。然而每見文士,頗讀兵書,微有經略。若居承平之世,睥睨宮閫,幸災樂禍,首為逆亂,詿誤善良;如在兵革之時,構扇反覆,縱橫說誘,不識存亡,強相扶戴:此皆陷身滅族之本也。誡之哉!誡之哉!

Malheureusement, je ne trouve pas de traduction, à part celle, très frustrante évidemment, de Google Translate. N’en attendez rien, si ce n’est l’impression de toucher du doigt un truc qui serait potentiellement intéressant, si le sens n’était pas compressé en 56k. Si jamais quelqu’un qui a sa ceinture noire en chinois classique passe par là, en tout cas, ça m’intéresserait de mieux comprendre ce petit bout de texte, qui a l’air assez délicieux de dandysme.

L’ascension et la chute d’un pays, la victoire ou la défaite d’un soldat, et la connaissance du monde, c’est une chance d’en discuter. Entrant dans le rideau, visitant des temples et des salles, il est dommage pour un gentleman de ne pas pouvoir accomplir les règles du Seigneur et de chercher pour le bien de la société. Cependant, chaque fois que je vois des scribes, je lis pas mal de livres militaires et j’ai un peu d’écritures. Si vous vivez dans un monde de paix, regardez le palais, jubilez dans le malheur, la tête est rebelle et chaotique, et faites faussement une erreur de gentillesse ; comme au temps de la révolution militaire, vous construisez des fans à plusieurs reprises, parlez et à terre, ne savent pas s’il faut survivre ou mourir, et s’obliger à se soutenir : c’est tout. Le commandement ! Le commandement !

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Aucune connaissance en chinois chez moi mais Deepl donne quelque chose d’un peu plus lisible :

« La montée et la chute des nations, la victoire et la défaite des armées sont autant de sujets de connaissance dont je suis heureux de discuter. Il est honteux pour un gentilhomme d’entrer dans une tente ou de fréquenter un temple et de ne pas être capable de suivre toutes les règles de son maître afin de planifier son pays. Cependant, chaque fois que je vois un scribe, il a étudié les livres militaires et a un peu d’expérience. Si, en temps de paix, ils regardent de travers le palais, se réjouissent des désastres, et sont les premiers à provoquer la rébellion et à méconnaître le bien, ou si, en temps de guerre et de révolution, ils sont les premiers à constituer un éventail, et à parler de tentation, et à se soutenir mutuellement sans savoir s’il faut vivre ou mourir : ce sont là les causes de la mort et de la destruction. C’est la cause profonde de la destruction de notre peuple. Réprimandez ! »

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