♪ Quaaand je jouuue ♪ Impressions, questions et discussions JV

Hou là là, c’est compliqué Slitterhead.
J’y allais sur le pied de guerre, prêt à défendre l’honneur de Toyama et des petits développeurs indé japonais, mais… hum.

Le gros problème est juste que le concept de base ne marche pas. On peut sauter d’un humain à l’autre et prendre possession d’eux… mais personne ne réagit. Il y a deux parties distinctes, une où l’on explore la ville et une où l’on se bat contre les monstres, et ça ne marche ni dans l’un ni dans l’autre. Quand on explore la ville, on voit deux personnages qui se parlent, on en possède un pour progresser… et l’autre reste debout sans réagir, fixant le vide où sa meuf/son pote de clope se tenait une seconde plus tôt. Il y a des moments où l’on doit monter sur le toit d’un immeuble, puis sauter dans le vide et changer d’humain une seconde avant de s’écraser au sol. Et personne ne réagit au fait que quelqu’un vient de commettre un suicide devant eux.
C’est pareil pour les combats de monstre : il faut qu’il y ait des humains autour pour pouvoir passer de l’un à l’autre et utiliser le système. Et je suis désolé, je veux bien faire tous les efforts de suspension of disbelief du monde, mais quand une petite meuf se met à avoir des griffes plus longues que son bras et fait berserker barrage sur une mante religieuse-poulpe géante qui vient de décapiter trois autres types, voir les quidams juste rester là à regarder l’issue du combat/attendre d’être possédés/bouffés à leur tour, c’est compliqué.
Et ça a beau être un jeu PS2 tombé dans une faille temporelle, je pense que même à l’époque on aurait tiqué. C’est pas Crazy Taxi, quoi.
C’est con parce que le système ouvre des possibilités intéressantes de jeu. Mais je pense que le gameplay ne va juste pas avec le setting. Justifier une AI pas réaliste ou pas humaine, c’est possible ; ils auraient pu faire un jeu de SF où tous les quidams sont des androides qui n’ont pas le fight or flight response par exemple ? Ou un truc post-apocalypse de zombies où on a des monstres qui bouffent les zombies et l’esprit possède les zombies pour les combattre ?

Mais non. Et le problème, c’est que le setting du jeu est bougrement chouette à défaut de coller au jeu : on est dans un Hong Kong de Wong Kar Wai des années 90. Les immeubles bondés et un peu vétustes, les lueurs en néon, la narration éclatée qui se rejoint progressivement… quelle incroyable idée ! Oui, même en jeu PS2, c’était un super endroit où faire le détective sur une série de meurtres horribles d’origine surnaturelle ! Mais pas comme ça.
Aussi, le jeu a tellement peu de budget qu’à part quelques scènes, non seulement tout n’est pas doublé, mais en plus… les personnages sont doublés en anglais uniquement. WHY. Si le but était de doubler pour le plus grand nombre à l’international, bah, c’était pas le bon jeu de toute façon. Et s’ils étaient OK pour laisser le japonais dans les sous-titres, ça ne changeait pas de doubler en cantonais ? L’ambiance est le point le plus réussi du jeu, et avoir des gens parler en sexy-cantonais-Wong-Kar-Wai aurait beaucoup aidé !
Mais non, c’est random anglais. BLEH.

Après, le jeu est intéressant et intrigant, hein. L’idée de jouer un body snatcher comme ça est intéressante. Sauter d’un balcon à l’autre pour monter au sommet de l’immeuble non pas comme Spiderman, mais en possédant des quarantenaires fatigués qui clopent en fin de soirée qui regardent l’autre immeuble d’un regard vide, c’est un super mood ! L’idée de considérer les gens comme de simples meat bags et les faire se suicider juste pour bodysnatch à 20 centimètres du sol et les implications de jouer une conscience qui ne s’intéresse pas particulièrement à la moralité de tuer des humains pour sauver des humains est cool ! Peut-être qu’il aurait fallu faire un truc à la Limbo ou Inside à la place ?
Le combat est bof mais pas mauvais. Une histoire de parry pour monter une jauge qui déclenche un witch time. Bof, rien de génial.
Le design des monstres est très bien et l’environnement musical est top. Le scénario est cool pour le peu que j’en ai vu. Tous les potes de Toyama ont répondu présent et c’est bien.

C’est « à voir par curiosité » mais c’est clairement pas le Saga Emerald Beyond de Silent Hill 2 que j’attendais.

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Il y a 4 jours j’ai vécu un petit miracle : sur un malentendu ma fille s’est endormie d’un coup à 21h30, ce qui n’était plus arrivé depuis noël 2023. Alignement des planètes, ma douce et tendre, terrassée par une dure journée de labeur, s’est elle aussi endormie au même moment, ce qui ne pouvait signifier qu’une seule chose : j’avais 1 heure rien que pour moi. 1 heure. Il n’allait pas falloir la gâcher.

Fébrile face à cette soudaine opportunité, j’ai fait ce que n’importe quel homme censé aurait fait : j’ai lancé Dota 2.

J’allais devoir la jouer finaude, 1 heure équivaut à une partie, pas le droit à l’erreur. Inutile de choisir un héros offensif, mes sens sont émoussés, je ne connais plus la méta, il était plus safe de choisir un support et de babysit un carry : même si on se faisait rouler dessus, j’aurais été au chaud derrière lui à faire mon job, le temps de retrouver mes reflexes.

Mais quel support ? Pas un support qui ne sert plus à rien en fin de partie, un support rigolo toute la game, un bon vieux Treant Protector, qui dans sa nouvelle version peut passer à travers les arbres tout en devenant invisible à leur proximité. Un délice.

Au bout de toutes ces années, j’ai pris gout à cette idée saugrenue de jouer avec 5 parfaits inconnus qui ne communiquent absolument pas, et tenter de trouver sa place dans ce chaos ambient tout en acceptant son sort. Une belle allégorie de notre société.

Parfois il se passe des choses magiques, comme dans cette partie, qui a durée plus de 60 minutes (c’est très rare), parce que ça rendait coup sur coup, mais surtout parce qu’il n’y avait absolument aucune direction précise des deux côté.

Sans vraiment le vouloir j’ai enchainé les kills, l’argent coulait à flot, j’étais pas prêt, je ne savais pas dans quel objet investir tellement tout a changé, je prenais n’importe quoi, ça n’avait ni queue ni tête.

J’adore les late game avec Treant, parce si on y arrive on débloque un pouvoir tardif qui permet de sentryser la quasi totalité de la forêt, c’était illuminé comme en plein jour, l’équipe d’en face ne comprenait pas pourquoi on arrivait à anticiper autant, c’était chouette. J’adore Treant. J’adore Dota.

Je crois que je viens de replonger.

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