Qu'ouije? T'entends?

Le top des 56 albums de metal qui ont retenu mon attention en 2021.

N°56 à 51
  1. ABIGORUM - Vergessene stille
    (13/04/2021 - Satanath Records)

Abigorum est un duo germano/russe, la Mère Patrie étant ici représentée par Alexey Koryolov, le dirigeant de Satanath Records. Bien que présenté comme un groupe de black doom ambient, on aurait peut-être davantage tendance à le rattacher au black metal atmosphérique, très peu de riffs pouvant prétendre d’une quelconque ascendance Sabbathienne. Abigorum évolue toutefois dans une sphère différente de celle d’un Midnight Odyssey, par exemple. Plus froid que mélancolique, le duo étire fortement ses morceaux, et use de motifs musicaux récurrents sur certains d’entre eux, conférant ainsi à ce deuxième long format un statut évident de concept album, auquel une plus grande variété n’aurait cependant pas fait de mal. Reste une atmosphère envoûtante, qui parvient sans grande difficulté à happer et retenir l’attention durant les quarante minutes de ce voyage hostile et désolé.

Abigorum - Erhebt eure mit Blut gefüllten Hörner - YouTube

  1. THE MONOLITH DEATHCULT - V3 - Vernedering : Connect the Goddamn Dots
    (14/05/2021 - Human Detonator Records)

Septième album des Néerlandais, 'V3 – Vernedering’ est aussi le troisième et dernier album de leur trilogie débutée en 2017 avec ‘V1 – Versus’ et poursuivie en 2018 avec ‘V2 – Vergelding’. Si c’est avec plaisir que l’on retrouve le death metal semi avant-gardiste du quatuor, toujours impeccablement produit, bardé de riffs accrocheurs, saupoudré de samples de voix et ponctué de quelques rythmiques technoïdes, il est regrettable que ce disque se caractérise par une certaine fainéantise, avec son dernier tiers qui recycle abusivement le riff principal d’un morceau du premier (‘Gone sour doomed’). Le groupe s’est permis un peu tout et n’importe quoi au nom de son humour et du caractère conceptuel de sa trilogie, et si cela est loin de faire de ‘V3’ un mauvais album, espérons que The Monolith Deathcult s’abstiendra à l’avenir de tout écart de conduite de ce genre, et usera plus intelligemment de sa gaudriole.
The Monolith Deathcult - Gone Sour, Doomed (Official Music Video) - YouTube

  1. LASCAILLE’S SHROUD - Othercosmic divinations II
    (06/04/2021 - Autoproduction)

La productivité reste un précepte indéracinable chez Brett Windnagle, qui nous a gratifié cette année de deux albums de Lascaille’s Shroud. Et si ‘The gold flesh of the sun’, deuxième itération sortie en Novembre, ne m’a pas convaincu, ‘Othercosmic Divinations II’ est une livraison très honorable. Sans prétendre véritablement à la tenue et la majesté de ses derniers prédécesseurs, il maintient un niveau d’exigence générale dont le constat reste agréable, a fortiori quand sur le plan progressif, le death m’a proposé en ce début de décennie bien moins d’oeuvres marquantes que certains de ses autres sous-genres. ‘Othercosmic Divinations II’ est donc un solide représentant du death prog de 2021, en espérant toutefois que son impact moindre et la relative dispensabilité de son successeur n’annoncent pas une perte d’inspiration prolongée chez l’Américain.
Lascaille's Shroud — WHAT OF YOU THERE IS IN ME【 Othercosmic Divinations II 】 - YouTube

  1. EMBER SUN - On Earth and heaven
    (01/03/2021 - Aural Music)

Ember Sun est le projet solo de Lorthar, guitariste d’Order Of The Ebon Hand, groupe de black metal dont le dernier album en date s’était fait une place au sein de mon top 2019. Le Grec affiche ici son goût prononcé pour le funeral doom, avec une ferveur remarquable puisqu’il signe à lui tout seul l’écriture, les arrangements et l’interprétation des trois quarts d’heure de ce premier long-format. S’il donne par moments un léger sentiment de répétitivité, ‘On Earth and heaven’ mérite pourtant absolument le détour : en oscillant entre mélancolie et menace sur ses vocaux, guitares et claviers, l’opus évite avec adresse les pièges du mélo et de la monotonie dans lesquels nombre de ses cousins sombrent sans grande subtilité. Intelligent et plaisant malgré quelques choix de mixage discutables, il fait espérer que son auteur creuse ce nouveau sillon qu’il vient d’inaugurer.
My Essence Fades in Time - YouTube

  1. ALKERDEEL - Slonk
    (05/02/2021 - Counsouling Sounds)

Bien que se présentant grosso modo comme un groupe de black doom sur sa page Bandcamp, ces Belges ne semblent répondre à leur propre définition que sur le premier des quatre morceaux constituant ce quatrième album. Et si l’on ne va certes pas le mettre de côté puisqu’il occupe un bon gros tiers de la cuvée tout en allant fureter du côté du post-black (au sens large), l’identité du quatuor s’arc-boute davantage autour d’un black metal à l’ancienne, aussi étouffant qu’enragé, et parfois légèrement confus. Alkerdeel a néanmoins le chic pour plonger son auditoire dans des atmosphères cauchemardesques, rehaussées par le choix d’un enregistrement live (systématique depuis leurs débuts), et soutenu par des hurlements possédés, sans oublier des riffs relativement simples mais qui font mouche. Si vous ressentez le besoin d’un disque suintant de décrépitude, voilà de quoi vous repaître.
Alkerdeel - Zop - YouTube

  1. IMPALED NAZARENE - Eight headed serpent
    (28/05/2021 - Osmose Productions)

Sept ans après ‘Vigorous and liberating death’, dont le titre n’était donc pas prémonitoire, ces vétérans de la scène black metal finlandaise remettent le couvert avec un treizième album qui, s’il ne change clairement pas la donne sur le plan musical, a au moins le mérite de corriger enfin certains errements de la plupart de ses prédécesseurs du même siècle. En particulier, le mixage accorde une place appréciable à la basse, gage d’un son plus épais et enveloppé, bien plus agréable à l’oreille que l’obsession forcenée pour les mediums que le groupe a trop longtemps entretenue auparavant. Nanti de paroles toujours aussi peu subtiles qu’autrefois, guère concerné par l’originalité (à l’exception notable d’une très honnête conclusion chassant sur les terres du doom), ‘Eight headed serpent’ fait néanmoins le job sans forcer, et s’impose comme l’album le plus intéressant d’Impaled Nazarene depuis ‘All that you fear’, sorti tout de même en 2003.
Goat of Mendes - YouTube

N°50 à 41
  1. FROGLORD - The mystic toad
    (02/07/2021 - The Swamp Records)

Froglord est-il bien composé d’un seul membre ? Pourquoi bâtir son discours écologiste autour d’une obsession pour les grenouilles ? Est-il normal de pratiquer un doom oscillant entre stoner et sludge quand on est basé à Bristol, berceau historique du trip-hop ? Autant de questions auxquelles je suis bien incapable de répondre. Seule et unique certitude que je sois parvenu à me forger : ce deuxième album mérite le détour. De bons riffs, un certain sens du groove et une production à l’avenant sont autant d’atouts permettant à Froglord de tirer son épingle du jeu, même si sa personnalité n’est pas encore tout à fait affirmée au-delà des thématiques qui l’animent. ‘The mystic toad’ est un disque très appréciable, qui a en plus la bonne idée de varier ses tonalités d’un morceau à l’autre, évitant ainsi tout monolithisme. En attendant d’éclaircir mes interrogations, Froglord est indubitablement à suivre.
Froglord - First Contact (Official Video) - YouTube

  1. BLOD - Serpent
    (19/02/2021 - Malpermesita Records)

Hormis Hangman’s Chair et Year Of No Light, les représentants hexagonaux du post doom ne se bousculent pas au portillon pour accrocher l’oreille de votre serviteur. Saluons donc comme il se doit ce duo qui, s’il s’appuie certes sur une puissante base sludge, propose un son aéré qui se tient à distance des contrées boueuses bâties par les piliers fondateurs du genre. Les sept morceaux constituant ce deuxième album sont autant d’itérations de cette approche qui ne mise ici ni sur l’immédiateté, ni sur une grande variété, interrogeant ainsi la capacité de renouvellement des Parisiens. Mais il est bien difficile de ne pas être happé par les vocaux d’Anna W, qui ne sont pas sans rappeler Zofia Fras d’Obscure Sphinx, ainsi que par le sentiment d’envergure développé par les guitares d’Ulrich W, qui soutiennent indéfectiblement le climat de ce disque, que des paroles extrêmement sombres viennent tendre encore plus. À défaut de louanges, Blóð mérite largement la curiosité.
Blóð - Hecate - YouTube

  1. WHEEL - Preserved in time
    (09/04/2021 - Cruz Del Sur Music)

Il aura fallu huit ans à ces Allemands pour accoucher d’un successeur au très bon ‘Icarus’. Le quatuor, plus que jamais attaché à ses racines musicales, témoigne sur ce troisième album d’une foi absolue dans le doom traditionnel épique, que son silence prolongé n’a guère altéré (ce n’est pas le titre de l’opus qui prétendra le contraire). N’en résultera évidemment pas de la nouveauté propre à ouvrir au metal des perspectives insoupçonnées, mais l’inspiration et la dextérité d’un groupe qui a toujours pris et prend encore soin de son sens de la composition, entre riffs très construits et théâtralité vocale. Wheel reste l’un des descendants les plus respectables de Candlemass, et mériterait un peu plus de considération pour parvenir à maintenir avec un tel brio la flamme d’un genre que ses géniteurs ne pourront pas défendre à eux seuls éternellement.
WHEEL - She Left In Silence - YouTube

  1. VULTURE - Dealin’ death
    (21/05/2021 - Metal Blade Records)

Vulture suinte les années 80. De par sa musique, sa production, son look, son logo, le quintette allemand invoque l’héritage metal de cette décennie de manière décomplexée, ce qui se comprend aisément à l’écoute de ce troisième album. Le groupe a l’immense mérite de prendre son sujet très à cœur, et de proposer un speed/thrash de très bonnne facture, qui répond sans mal aux exigences de frénésie, d’accroche et d’habileté guitaristique qu’il doit généralement satisfaire, bien qu’il aime piéger de temps à autres par des rythmes moins évidents qu’attendus. ‘Dealin’ death’ n’a peut-être pas cette capacité à s’imprimer dans le cerveau pour ne plus en sortir, mais l’ambition et le sérieux affichés par ses auteurs en font l’une des résurgences années 80 les plus honorables de cette année. Vulture rappelle ainsi que lorsque l’on fait du vieux intelligemment, on ne fait certes pas du neuf, mais on peut faire de l’actuel.
Vulture - Dealin' Death (OFFICIAL VIDEO) - YouTube

  1. DARKTHRONE - Eternal hails…
    (25/06/2021 - Peaceville Records)

Deux ans après le très convaincant ‘Old star’, Darkthrone persiste et signe en lui proposant une suite logique. Passé une première écoute qui désarçonne quelque peu, le disque se révèle dès la suivante et montre de réelles qualités qu’une production un peu plate et indéfinie avait préalablement camouflées. Explorant avec un poil plus d’insistance les contrées doom que son prédécesseur, le black metal de Fenriz et Nocturno Culto n’a finalement toujours pas son pareil pour embarquer l’initié dans un périple mouvementé. Cerise sur le gâteau, il continue d’évoluer subtilement, s’autorisant quelques audaces de goût comme l’introduction d’un clavier Moog sur l’intrigante conclusion de ce dix-neuvième album qui, s’il n’a pas la tenue d’un ‘Old star’, assure toujours aux vétérans norvégiens leur pertinence et leur respectabilité.
Wake of the Awakened - YouTube

  1. DEAD HEAT - World at war
    (04/06/2021 - Triple-B Records)

Le crossover thrash n’est pas l’un des sous-genres metal dont je sois le plus friand, ce qui ne l’empêche pas de produire de temps à autres un disque propre à me satisfaire. Ainsi en va-t-il du deuxième album de ces Californiens, qui ne semblent pourtant pas motivés par l’originalité si l’on en juge par les visuels et certains titres de leurs morceaux, très ancrés dans les canons définis depuis des lustres par leurs aînés. Dead Heat se distingue néanmoins par un usage de rythmes groove metal un peu plus appuyé que la moyenne, s’assurant dès lors une certaine fraîcheur qui ne leur était pas promise a priori. La compétence générale du groupe fait le reste, zigzaguant avec adresse entre les élements thrash et hardcore qui se taillent inévitablement la part du lion. ‘World at war’ montre un potentiel indéniable de la part de Dead Heat, en espérant que le quintette saura à l’avenir entretenir sa touche caractéristique.
Dead Heat - World At War - YouTube

  1. GRAVE MIASMA - Abyss of wrathful deities
    (14/05/2021 - Sepulchral Voice)

Malgré près de vingt ans d’existence (dont quatre sous un autre nom) et des EP qui pourraient être considérés comme plus que ce qu’ils sont, ce n’est officiellement que le deuxième album pour ces Britanniques dévolus à la cause du death metal. Le trio montre néanmoins qu’il n’a clairement pas chômé pendant toutes ces années, tant il fait parler son expérience avec une certaine facilité. Sans faire preuve de génie, Grave Miasma aligne les riffs prenants les uns après les autres, et les imprègne d’une atmosphère remarquablement malsaine, en parfaite osmose avec les thèmes occultes et macabres abordés au travers de leurs textes. Malgré une longueur peu habituelle pour un album plutôt à l’ancienne et globalement très homogène (cinquante-deux minutes), ‘Abyss of wrathful deities’ dégage une intensité qui prend rapidement l’ascendant sur quiconque oserait y pénétrer, même en connaissance de cause.
GRAVE MIASMA - Rogyapa (Official Music Video) - YouTube

  1. OBSOLETE - Animate // Isolate
    (19/04/2021 - Unspeakable Axe Records)

Je ne saurais dire ce qui a déterminé ce quatuor américain à se nommer ‘Obsolete’. Sincérité ? Ironie ? Passion pour Fear Factory, qui ne transparaît pourtant pas franchement à l’écoute de ce premier album ? Les paris sont ouverts, mais avec ‘Animate // Isolate’, le groupe ne semble pas spécialement d’un autre temps. Leur death/thrash technique ne sonne pas franchement daté, assène de beaux moments de bravoure, et maîtrise un tant soit peu sa violence. Et si ces coquins n’ont pu s’empêcher d’y injecter nombre de rythmiques bien tordues qui complexifient l’écoute par moments, la composante thrash et un certain sens de la mélodie leur garantissent de trôner fièrement au-dessus du tout venant d‘une scène tech death actuelle qui, dans les grandes largeurs, me les brise par son agressivité superfétatoire. Bien qu’il soit loin de se laisser dompter totalement, ‘Animate // Isolate’ est une belle démonstration de talent technique et artistique.
Obsolete "Still" (Unspeakable Axe Records) - YouTube

  1. KAUAN - Ice fleet
    (09/04/2021 - Artoffact Records)

Quatre ans après un album plus ambiant qui avait échoué à retenir mon attention, Kauan revient à ses amours traditionnelles, partagées entre black metal, doom, post-rock et folk. Si les Russes ne m’ont pas toujours convaincu, même quand ils évoluaient sur leurs terrains de prédilection, ‘Ice fleet’ est à mes yeux une réussite. Parfait croisement de leurs différentes influences, ce neuvième long-format ne rivalise pas vraiment avec le superbe ‘Sorni nai’ de 2015, mais se révèle néanmoins l’une des meilleures œuvres du quintette, puisqu’il garde intacte l’élégance dont il est coutumier. Là où de nombreux groupes plus ou moins voisins versent dans l’émotion pour l’émotion, Kauan use intelligemment de ses inspirations et rappelle que l’émotion peut être un moyen et non une fin en soi. Ainsi le démontre ce bel album, déterminé à transporter son auditoire, ce qu’il accomplit fort bien.
KAUAN: "Hauta" from Ice Fleet #ARTOFFACT - YouTube

  1. HORNDAL - Lake drinker
    (09/04/2021 - Prosthetic Records)

À l’écoute de ce deuxième album, Horndal est de toute évidence un groupe qui n’en veut. Originaire d’une petite ville suédoise au Nord-Ouest de Stockholm qui lui donne son nom, ce quatuor assène un sludge sans concession, avec pour thématique le véritable déclin de ladite localité dans les années 70, après la fermeture de l’usine d’acier qui employait la majorité de sa population. Si elle est parfois nuancée par quelques mélodies délicates en arrière-plan, leur musique reste pour une très large part le reflet d’une débauche d’énergie et de fureur, que l’on pourrait situer quelque part entre Kylesa et une acception plus directe des débuts de Mastodon. Inversement proportionnel aux températures dont leur région est coutumière, le groupe bouillonne et maintient la pression presque tout au long des trois quarts d’heure de ce ‘Lake drinker’, remarquable d’efficacité, à l’image de leur premier opus déjà très convaincant.
HORNDAL - ROSSEN (LYRIC VIDEO) - YouTube

N°40 à 31
  1. MOON COVEN - Slumber wood
    (07/05/2021 - Ripple Music)

Si je suis moins boulimique de stoner doom qu’à une époque, cela n’empêche pas quelques émules de parvenir encore à me prendre par surprise avec une proposition pertinente. Tel est le cas de ce quatuor Suédois, qui signe avec son deuxième album une prestation très honorable et pleine de bonne volonté. Moon Coven n’exerce pas dans les bas-fonds généralement privilégiés par Electric Wizard et compagnie, appréciant même tourner les yeux vers le ciel, comme en témoigne la voix de David Leban, aérienne mais aussi un peu fluette, contrastant un peu trop avec la terre ferme au sein de laquelle guitares, basse et batterie évoluent. C’est heureusement le seul véritable défaut (pas très méchant d’ailleurs) de ce disque, car l’énergie et les riffs sont bien là, et attestent d’un groupe qui fait honneur à son genre fétiche.
Moon Coven - Further (Official Music Video) | Ripple Music - 2021 - YouTube

  1. HACKTIVIST - Hyperdialect
    (18/06/2021 - UNFD)

On aurait pu croire que la fusion entre grosses guitares et hip-hop n’avait plus rien à dire, à l’écoute de son dispensable revival porté par Prophets Of Rage et autres Powerflo. Aussi peut-elle remercier ce quintette britannique qui vient la revigorer en lui appliquant une variation qui, enfin, va véritablement de l’avant. Scansions venimeuses sans être beuglées (coucou Death Grips), guitares djent gigantesques, nappes synthétiques et production moderne sans être moderniste : Hacktivist est peut-être très ancré dans son époque, probablement redondant dans son approche, possiblement peu capable de se renouveler, mais sa détermination à faire avancer le schmilblick fusionnel fait de son deuxième album une pierre angulaire de la fusion de cette décennie, bien plus inventive et rafraîchissante que le réchauffé qui nous a été servi peu auparavant.
Hacktivist - HYPERDIALECT feat. Aaron Matts - (Official Video) - YouTube

  1. ACCEPT - Too mean to die
    (29/01/2021 - Nuclear Blast)

Les tauliers du heavy metal à l’Allemande avaient échoué à m’intéresser après 2010 et l’excellent ‘Blood of the nations’, chose qu’ils n’avaient d’ailleurs pas beaucoup plus réussi avant. Mais avec ‘Too mean to die’, Accept parvient à un équilibre qu’il a trop rarement obtenu durant une carrière pourtant immense. L’efficacité voulue par le sextet est incontestablement atteinte, sans abuser de la pomposité dont il a pu parfois se rendre coupable, ce qui va de pair avec la production d’Andy Sneap, légèrement moins appuyée qu’à l’accoutumée. Très solide d’un bout à l’autre, coulant de source, conclu par une très belle réinterprétation du Samson Et Dalila de Camille Saint-Saëns (combinée à la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak), ce seizième opus du groupe est le meilleur album de heavy metal traditionnel de 2021 qui soit parvenu aux oreilles de votre serviteur.
Accept - Samson And Delilah - YouTube

  1. THY RITES - Nekrolatreia
    (25/04/2021 - Satanath Records)

Que serait un top metal de mon cru sans un bon petit album de black/thrash à se mettre sous la dent ? Un top metal de mon cru quand même, mais quand on est Brésilien, qu’on fonde un projet du nom de Thy Rites en 2005, qu’on en est le seul membre originel actif, assurant visiblement tous les instruments, et qu’on balance un paquet de riffs accrocheurs à grands renforts de guitares pénétrantes, tournoyantes et virevoltantes, plus concentrées sur l’efficacité que sur l’agressivité, on n‘a pas volé sa place dans ce récapitulatif. Assis sur une production fruste mais équilibrée, où aucun élément n’est mis de côté, ce quatrième album défile à toute berzingue avec une frénésie libératrice. Et si sa très faible propension à se jouer des codes du sous-genre auquel il se consacre, conjointe à une tonalité de sol un peu trop récurrente (ça change du mi et du ré, c’est déjà ça), l’empêchent de tutoyer les sommets, ‘Nekrolatreia’ reste une belle démonstration de talent de la part de son géniteur.
THY RITES - The Cursed Slumber - YouTube

  1. ORYX - Lamenting a dead world
    (30/04/2021 - Transalation Loss Records)

Bien que discret, ce trio en est à son quatrième album, et fait bon usage de la bouteille qu’il a acquise jusqu’ici. Parangons du sludge doom, les Américains montrent en cinq morceaux et une quarantaine de minutes qu’ils ont quasiment tout ce qu’il faut artistiquement parlant pour s’élever au rang de haut dignitaire du sous-genre. Guitares imposantes, riffing menaçant, versatilité vocale entre abois et gutturalités, percussions lourdes et production soutenant parfaitement l’ensemble : Oryx mérite clairement plus de reconnaissance qu’il n’en a pour l’instant. On peut certes pointer une personnalité pas encore tout à fait affirmée, ainsi qu’un exercice de style de quinze minutes un peu inabouti en fin de parcours, mais cela ne saurait empêcher ‘Lamenting a dead world’ de prétendre au statut d’incontournable de 2021 dans sa catégorie.
Misery - YouTube

  1. FLUIDS - Not dark yet
    (04/06/2021 - Hells Head Bangers Records)

Mélanger le grindcore et l’industriel est à ma connaissance extrêmement peu commun. C’est donc avec une très grande curiosité que j’ai attendu le troisième album de ce trio américain, après découverte d’un morceau annonciateur. Fluids suit au final une démarche très proche d’une bonne partie de la scène metal industriel, concentrant l’essentiel de sa facette mécanique sur la batterie (intégralement programmée dans la cas présent). Cela n’empêche pas le groupe de montrer une réelle singularité en se distinguant des rendus plus technoïdes du cybergrind, au prix toutefois d’un grand monolithisme, ce ‘Not dark yet’ étant particulièrement attaché à une tonalité (celle de la bémol en l’occurrence, ce qui est également inhabituel au passage). Mais si on accepte de l’écouter sous un angle conceptuel, la coulée de lave sonore qu’engendre Fluids n’aura pas grand mal à emporter avec elle les plus impétueux d’entre vous (et moi).
FLUIDS "Life Spent" - YouTube

  1. INHUMAN ARCHITECTS - Paradoxus
    (16/07/2021 - Vicious Instinct Records)

Je crois avoir déjà évoqué dans mes tops précédents à quel point je peux être pointilleux vis-à-vis du deathcore, sous-genre au sein duquel il est pour moi absolument crucial que ses pratiquants parviennent à un équilibre relevant presque du funambulisme entre les différents éléments musicaux. C’est ici le cas avec ce quintette portugais qui, pour son premier album, a su s’entourer des bonnes personnes pour mettre en valeur ses riffs destructeurs, ses blasts beats effrénés, et ses alternances entre hurlements et vociférations rauques, sans dénaturer quoi que ce soit par un mixage à la ramasse ou un mastering outrancier. S’il reste classique dans son approche, ‘Paradoxus’ évite adroitement les pièges dans lesquels certains cousins pourtant plus audacieux sont tombés, et place Inhuman Architects parmi les nouveaux venus de la scène deathcore les plus dignes d’être surveillés.
INHUMAN ARCHITECTS - NEPHILIM [OFFICIAL MUSIC VIDEO] (2021) SW EXCLUSIVE - YouTube

  1. ZGARD - Place of power
    (21/05/2021 - Schwarzdorn Production)

Bien que je l’ai découvert avec ‘Astral glow’ en 2013, j’avais quelque peu délaissé Zgard, projet porté à bout de bras par le multi-instrumentiste Yaromisl, qui n’est clairement pas du genre à chômer puisqu’il propose avec ‘Place of power’ son septième long-format en moins de dix ans. N’ayant guère suivi son évolution, je me bornerai à constater deux choses : la première, que l’Ukrainien s’est fait de plus en plus concis au fil du temps (c’est l’album le plus court de sa carrière avec 47 minutes) ; la seconde, que son black metal aux accents folk reste tout à fait pertinent, happant rapidement par ses riffs honorables ainsi qu’une atmosphère oscillant entre froideur et accents épiques, qui devrait parler à n’importe quel amateur du genre. Zgard poursuit sa route avec assurance, et il me tarde désormais de rattraper les différentes étapes de son parcours.
Zgard - Old Ruins (Track Premiere) - YouTube

  1. ERDVE - Savigaila
    (23/07/2021 - Season Of Mist)

Il n’est pas commun que le sludgecore s’invite en ces lieux, mais il a signé cette année deux déflagrations majeures qui m’ont particulièrement marqué. La première est l’oeuvre de ces Lithuaniens, qui en quarante-deux minutes sidèrent par l’intensité dont ils sont capables. Ce deuxième album, parfait successeur de l’inaugural ‘Vaitojimas’ sorti trois ans auparavant, n’a de cesse de cogner, gifler, abraser, secouer dans tous les sens puis jeter à terre sans que l’on ait nécessairement compris ce qui venait de se produire. Il n’en oublie pas moins quelques moments d’accalmie venant nuancer tout cela, mais c’est bien le concentré de colère et de frustration qui sert de carburant à ce disque, où vocaux et instruments semblent condamnés à hurler lorsqu’ils sont à l’unisson. Incroyablement revigorant et survolté, ‘Savigaila’ est certainement l’une des catharsis les plus mémorables de ce millésime.
Erdve - Lavondėmės (official music video) 2021 - YouTube

  1. EVILE - Hell unleashed
    (30/04/2021 - Napalm Records)

'Hell unleashed’ est ma première expérience avec ce quatuor britannique, l’un des acteurs remarqués de la résurgence du thrash au cours des années 2000. À l’instar de leurs compères grecs de Suicidal Angels qui surfent sur les mêmes vagues, Evile n’est, à l’écoute de ce cinquième album, pas franchement débordant de personnalité, se contentant pour l’essentiel de recettes maintes fois éprouvées, qui n’ont pas de quoi faire du groupe un marqueur de son temps. Mais sa niaque, à la fois considérable et maîtrisée, portée par une excellente production et diverses incursions vers le death, est tout à fait convaincante et rappelle précisément pourquoi lesdites recettes restent très usitées. Là où Suicidal Angels s’est à mes yeux essoufflé au fil des ans, Evile garde une conviction inébranlable en sa musique, signant ainsi l’une des meilleures œuvres de thrash codifié de cette année.
EVILE - Hell Unleashed (Official Video) | Napalm Records - YouTube

N°30 à 21
  1. BORGNE - Temps morts
    (21/05/2021 - Les Acteurs De L’Ombre)

Ce n’est que cette année que j’ai entendu parler pour la première fois de ce combo suisse qui a déjà plus de vingt années et désormais dix albums derrière lui. Alternant l’Anglais et le Français dans ses textes, Borgne est adepte d’un metal industriel extrême de qualité, majoritairement black avec trémolos de guitare à foison et double grosse caisse pénétrante, et ponctué par des passages dark ambient qui, sans être indigents, n’ont clairement pas la même force d’envoûtement. Le groupe parvient tout de même à faire passer la pilule des soixante-treize minutes sans trop de difficultés, d’autant qu’il n’oublie pas de varier ses plaisirs, notamment en début et fin d’album en allant fureter vers le mid-tempo, le doom et quelques passages dansants. Malgré ses défauts, ‘Temps morts’ fait aisément pénétrer dans cette cité industrielle déchue qui lui sert de visuel. Les amateurs de la facette industrielle de Blut Aus Nord peuvent tenter le coup sans hésiter.
Borgne - Vers des horizons aux teintes ardentes (Single track) - YouTube

  1. COUNT RAVEN - The sixth storm
    (29/10/2021 - I Hate Records)

Deux ans après Candlemass, c’est au tour d’un autre vétéran de la scène doom suédoise de mettre fin à une période prolongée sans album à se mettre sous la dent. Et si contrairement aux pères fondateurs de la branche épique du genre, Count Raven n’a strictement rien produit pendant ce hiatus, c’est avec éclat que Dan Fondelius et ses acolytes reviennent aux affaires. Le trio renoue en effet avec une inspiration qui n’avait plus retenu mon attention après ‘Destruction of the void’, sorti en 1992. Entre mélodies travaillées, intonations Osbourniennes et production au diapason, ‘The sixth storm’ réussit à maintenir l’intérêt pendant ses soixante-treize minutes (malgré une conclusion un peu à part, hommage à la défunte femme de Fondelius). Remarquablement fluide et coulant, il fait regretter que le groupe ne donne pas de ses nouvelles un peu plus fréquemment.
COUNT RAVEN - The Giver and the Taker - YouTube

  1. INTRAVEINEUSE - Chronicles of an inevitable outcome
    (21/04/2021 - Autoproduction)

Il est toujours appréciable de voir un groupe mâcher le boulot d’un scribouillard en se décrivant lui-même avec précision. Aussi, lorsque ce duo parisien cite Type O Negative et Hangman’s Chair comme principales influences, soyez assurés qu’il ne ment pas une seule seconde sur la marchandise. Citant explicitement le premier par certains de ces tics (les dérapages de guitare outranciers, notamment) et rappelant le second par des passages aériens, Intraveineuse dresse un pont entre deux générations singulières du doom, tout en y apportant sa propre touche sur le plan structurel puisque ce premier EP (c’est ce qu’il est officiellement) est constitué d’un seul et unique morceau de trente-deux minutes, entièrement instrumental. Le résultat est assez réussi et mérite amplement d’être encouragé, ne serait-ce que dans l’espoir de voir le groupe travailler sur un successeur.
Intraveineuse - Chronicles of an Inevitable Outcome EP - YouTube

  1. ASTYANAX - Extreme antinatalist design
    (20/06/2021 - Pathologically Explicit Recordings)

Avec son visuel propre à écarquiller de perplexité les yeux de tout quidam qui vous croiserait affublé du tee-shirt de l’album, vous ne serez guère surpris d’apprendre qu’Astyanax œuvre dans le brutal death. Mais si ces Texans, qui accouchent là de leur deuxième long format, font peu de cas de la subtilité du contenant, ils n’ont pas oublié de faire preuve de sérieux et d’application pour créer le contenu. Il n’y a certes aucune révolution à l’horizon, mais le groupe a ce chic pour écrire des morceaux efficaces sans être simplistes, relevés par une production moderne mais intelligente : nettement supérieure à celle de leur premier opus, elle assure le caractère percutant de ce ‘Extreme antinatalist design’ tout en lui évitant des superfluités ou des rendus façon mur de son qui fatigueraient les tympans sans se poser la question du plaisir procuré. Visiblement décidé à devenir un solide pilier du sous-genre qu’il affectionne, Astyanax est indéniablement sur la bonne voie.
ASTYANAX - CRUCIFYSTERECTOMY [OFFICIAL LYRIC VIDEO] (2020) SW EXCLUSIVE - YouTube

  1. THY CATAFALQUE - Vadak
    (25/06/2021 - Season Of Mist)

J’avais été plutôt désappointé par ‘Naiv’, précédent effort de Thy Catafalque, qui m’avait semblé un peu manquer du grain de folie que le seul maître à bord, Tamas Katai, a pourtant pour habitude de saupoudrer sur chacun de ses opus. Il aura suffi d’un an pour que le Hongrois remette la main sur cet ingrédient indéfinissable et le répande sur ce dixième album. Sans qu’il y ait nécessairement un morceau qui se détache du lot, ‘Vadak’ rappelle à quel point le Hongrois garde cette incroyable faculté à métisser guitares rageuses, batterie programmée frénétique et folk dépaysante, avec une énergie et une originalité telles que Thy Catafalque reste aujourd’hui considéré comme avant-gardiste. Si comme moi vous aviez préféré accoster l’an passé, vous pouvez de nouveau embarquer, tant la traversée est vivifiante.
Thy Catafalque - 'Köszöntsd A Hajnalt' (Official Track Premiere) 2021 - YouTube

  1. FEED THE CORPSES TO THE PIGS - This insidious horror
    (15/10/2021 - Horror Pain Gore Death Productions)

Donner des cadavres aux cochons. Avec un nom de ce calibre, qui plus est sur un label au nom peu subtil au-delà du raisonnable, il semblait surdéterminé que ces Américains oeuvrassent dans le grindcore le plus caricatural. En lieu et place de cela, Feed The Corpses To The Pigs fait étalage sur ce premier opus de nombreuses influences, certes extrêmes, mais qui les protègent de tout étiquetage à la va-vite. Inspirés par le death, mais aussi le thrash, le black et le crust punk, le quatuor ne cherche pas à fusionner ces éléments, mais plutôt à en faire usage quand cela lui semble pertinent. Ce choix judicieux, allié à des riffs d’excellente tenue et une production avec ce qu’il faut de testostérone, permet au groupe d’aligner trente-deux minutes aussi variées que délectables, menées tambour battant, et garantes d’un plaisir immédiat, durable et communicatif.
Feed the Corpses to the Pigs - Jesus is my Respirator (Lyric Video) - 2021 - YouTube

  1. FEAR FACTORY - Aggression continuum
    (18/06/2021 - Nuclear Blast)

Six ans après le très bon ‘Genexus’, l’usine à peur sort enfin une nouvelle création de ses fourneaux. Ultime (et très bonne) contribution du chanteur Burton C. Bell, qui a fini par quitter le groupe sur fond de querelles juridiques, ‘Agression continuum’ est le constat que Fear Factory fait toujours du Fear Factory, et sait encore le faire bien. Il était légitime d’en douter au premier abord, où l’on peut être chagriné par des enrobages orchestraux un peu gauches, alors que les Californiens avaient déjà montré leur capacité à les intégrer convenablement sur ‘Obsolete’ vingt-trois ans auparavant. Mais ce défaut s’amenuise à mesure que ce dixième album (je mets ‘Concrete’ de côté) se laisse découvrir, et n’entame pas la foi que le guitariste Dino Cazares garde plus que jamais dans ce metal industriel extrême et syncopé, toujours prompt au concassage de tympans. Du beau travail, en attendant de voir comment l’après Bell va être abordé.
FEAR FACTORY - Disruptor (OFFICIAL MUSIC VIDEO) - YouTube

  1. YOTH IRIA - As the flame withers
    (25/01/2021 - Pagan Records)

Composé entre autres de musiciens passés par Rotting Christ, Yoth Iria s’inscrit dans une veine relativement voisine, pratiquant un black metal mélodique fort bien produit. Ce n’est pas là le seul atout de leur musique : le groupe montre un talent impressionant pour construire des riffs pouvant rapidement s’imprimer dans un coin de la tête sans se départir d’une certaine sophistication. Tout juste regrettera-t-on un déroulé un peu maladroit, avec trois morceaux consécutifs aux tempi posés pour conclure un album jusque là fort vivace. Que cela ne vous interdise surtout pas de vous pencher sur le cas de ces Grecs, qui après un premier EP, signent avec ce premier long-format une jolie bravade. Venir chasser sur les propres terres de son ancien groupe peut être chose très délicate, mais Yoth Iria s’en tire avec les honneurs, et un potentiel dont j’attends la prochaine expression avec enthousiasme.
Yoth Iria - The Red Crown Turns Black (Official Music Video) - YouTube

  1. NIVATAKAVACHAS - Ascraedunum
    (06/04/2021 - Satanath Records)

Déjà aux manettes de Borgne, classé un peu plus bas, le Suisse Bornyhake, équivalent helvétique de Rogga Johansson en matière de stakhanovisme musical, s’est fendu d’un nouveau projet à la personnalité remarquable. En seulement trois morceaux pour trente-trois minutes, Nivatakavachas développe sur ce premier opus un amalgame de black et de death, mâtiné de dissonances et pourvoyeur d’une atmosphère dantesque et intense. Très homogène, tiraillé entre ses structures progressives et ses riffs accessibles mais très construits, ‘Ascraedunum’ convoque guitares oppressantes, batterie forcenée et vocaux d‘outre-tombe dans un même élan, vers des paysages cataclysmiques prêts à accueillir les plus téméraires comme s’ils pénétraient dans leur dernière demeure. Probablement l’une des plus fortes allégories de la folie parues ces douze derniers mois.
Nivatakavachas - Oneiromancy - YouTube

  1. SPELLJAMMER - Abyssal trip
    (26/02/2021 - RidingEasy Records)

Bien qu’il ne s’agisse que de son deuxième album en quatorze ans d’existence, Spelljammer n’entend pas bousculer outre mesure la niche où il évolue : le stoner doom. Masterisé par Esben Willems, batteur de Monolord, ‘Abyssal trip’ déambule sur des terrains défrichés depuis belle lurette, que le groupe n’entend pas ré-ensemencer à grands renforts d’innovation et/ou d’iconoclasme. Mais le disque porte fort bien son nom : les coups de massue assénés par le trio sont invraisemblablement pesants, descendant des dizaines de pieds sous terre pour y rejoindre ceux portés autrefois par Sleep, Electric Wizard ou même le Monolord des débuts, et trôner fièrement à leurs côtés. Les Suédois ont beau ne pas prétendre à l’inventivité, ils ont forgé un véritable mammouth, épais et velu, évoluant dans les abysses avec une nonchalance déconcertante.
Spelljammer - Abyssal Trip | Official Music Video | RidingEasy Records - YouTube

N°20 à 11
  1. GOJIRA - Fortitude
    (30/04/2021 - Roadrunner Records)

Cinq ans auront été nécessaires aux Français pour donner naissance au successeur du controversé ‘Magma’. Si sur certains aspects, ‘Fortitude’ est sans doute un peu plus conservateur que son prédécesseur, ce n’est pas votre serviteur, peu adepte de ce dernier, qui s’en plaindra. Se référant parfois explicitement au ‘Roots’ de Sepultura (l’ouverture de ‘Born for one thing’, très nettement calquée sur ‘Straighthate’ des Brésiliens), le quatuor ne songe clairement pas revenir à ses marottes progressives d’antan, tant il mise sur l’efficacité de son écriture via une alternance de bon aloi entre exigence relative et accessibilité. Et si cette dernière peut parfois confiner au simplisme, le puissant groove de l’ensemble, mis en valeur par la production d’Andy Wallace (déjà présent au mixage sur ‘Roots’), reste bien difficile à parer. Le meilleur de Gojira est probablement déjà derrière eux, mais de belles choses restent plus que plausibles pour les années à venir.
Gojira - Amazonia [OFFICIAL VIDEO] - YouTube

  1. ENTROPY ZERO - Quantum gates
    (07/05/2021 - Autoproduction)

Entropy Zero est un duo nantais dont les membres ont pour pseudonymes F-2301 et K-47, sont obsédés par la science-fiction sous toutes ses formes, et semblent décidés à ouvrir de nouvelles perspectives au metal industriel. Cette dernière étiquette semble d’ailleurs bien réductrice, le groupe affublant des noms de sous-genres à chacun des cinq morceaux de ce deuxième album où, à l’exception d’un étonnant interlude jazz, tout converge vers la sensation de puissance. Synthétiseurs, machines, percussions et basse hybride sont unis dans une même fougue pour nous porter vers de lointaines galaxies inexplorées, mais avec une telle énergie, une telle conviction et une telle assurance que la peur ne pourrait même pas s’y inviter, malgré quelques moments sombres. Au contraire, le plaisir de la découverte est le seul guide au sein de ce voyage inventif et mémorable qu’est ‘Quantum gates’.
Entropy Zero - FPS (video clip) - YouTube

  1. INHUMAN CONDITION - Rat°God
    (04/06/2021 - Listenable Insanity Records)

Composé de morceaux initialement écrits pour un nouvel abum de Massacre mais rejetés par Kam Lee, chanteur et mentor de ces derniers, ce premier album d’Inhuman Condition est évidemment un serment d’allégeance au death metal à l’ancienne, avec ce que cela suppose d’originalité… toute relative, dirons-nous. Mais Taylor Nordberg et Jeramie Kling, accompagnés par le vétéran Terry Butler à la basse (Death, Massacre, Six Feet Under, Obituary), montrent une telle ardeur à la tâche et tapent si bien dans le mille que l’efficacité implacable de ce ‘Rat°God’ ne peut que susciter l’adhésion. Blindé de riffs accrocheurs et parfait dans sa concision, cet opus se hisse sans complexe dans les hautes sphères de sa catégorie, et surpasse à mes yeux le dernier album de Massacre, un peu trop clinique pour parvenir à me séduire.
Inhuman Condition - Euphoriphobia official video - YouTube

  1. ORNAMENTOS DEL MIEDO - Ecos
    (11/06/2021 - Solitude Productions)

Ornamentos Del Miedo ayant échoué à m’intéresser avec son inaugural ‘Este no es tu hogar’, deux ans auparavant, c’est simplement par curiosité ponctuelle pour les sorties de Solitude Productions que j’ai jeté une oreille à ce deuxième effort de 65 minutes. Bien m’en a pris ! Le projet solo d’Angel Chicote a cette fois-ci capté toute mon attention, grâce à un dosage parfait de tous les ingrédients qui constituent un bel album de funeral doom. Impeccablement produit, l’opus n’est ni vraiment sombre (malgré des vociférations à l’avenant), ni vraiment mélancolique. L’Espagnol fait ici prédominer la facette épique du doom funéraire, portée par des guitares aussi massives qu’aériennes, qui entonnent des airs d’une grande majesté. Étais-je passé à côté de quelque chose lorsque le premier album était sorti ? En attendant de répondre un jour à cette question, ‘Ecos’ est mon album de funeral doom préféré de 2021.
Ornamentos del Miedo - 04 - Animal Que Reza - YouTube

  1. NEUROTECH - Solace
    (18/03/2021 - Autoproduction)

Le Slovène Wulf a mis fin au hiatus de Neurotech, décidé lors de la sortie de ‘The catalyst’ quatre ans auparavant. Ses projets parallèles lui ayant permis d’explorer ses différentes obsessions électroniques depuis lors, ce neuvième album redonne aux grosses guitares un peu de la place qu’elles avaient lentement perdu au fil du temps, tout en maintenant la facette future pop qui s’était progressivement imposée pour former l’hybride qui a fait la personnalité de Neurotech. En résulte un disque réjouissant, efficace et plus subtil qu’il n’y paraît, Wulf restant très enclin à jouer sur les temps faibles pour construire puis asséner ses implacables ryhtmiques. Rarement notre homme s’est montré aussi inspiré, signant peut-être là le meilleur album de Neurotech, en attendant un nouveau long-format très prometteur début 2022.
Neurotech - Light Betides - YouTube

  1. AUTOKRATOR - Persecution
    (05/11/2021 - Krucyator Productions)

'Persecution’ est le quatrième album de ce duo français en constante évolution. Probablement conscients que mélanger le drone et le death metal avait ses limites, comme en témoignent leurs deux premiers opus à peu près inécoutables, Loïc Fontaine et David Bailey avaient amorcé un désépaississement de leur son sur leur précédent méfait, à mes yeux l’un des meilleurs albums de metal de 2018. Épaulés par un certain Kevin Paradis à la batterie, les Montpellierains poursuivent sur cette voie avec ‘Persecution’, sans doute leur disque aux riffs les plus explicitement audibles. Cela n’empêche pas leur musique, fort bien produite au passage, de conserver une densité gigantesque, prenant à la gorge tout malheureux badaud traînant dans ses parages et ne le relâchant qu’au bout de trente minutes d’une rare violence et d’une conclusion façon indus martial en spoken word (malheureusement trop longue) pour reprendre ses esprits. L’un des albums les plus intenses de cette année.
AUTOKRATOR - The Great Persecution (Official Audio) - YouTube

  1. MASTODON - Hushed and grim
    (29/10/2021 - Reprise Records)

Quatre ans après un ‘Emperor of sand’ qui ne m‘avait pas franchement parlé, je ne m’étais guère forgé d’attentes particulières vis-à-vis de ce huitième album de Mastodon. Le quatuor d’Atlanta s’est pourtant démené comme un beau diable pour signer un disque d’exception, fort possiblement le plus abouti de sa carrière. Malgré ses quatre-vingt six minutes, ce premier double opus du groupe est mené de main de maître, porté par un naturel et une fluidité qui font passer la pilule avec une aisance déconcertante malgré sa longueur. Alternant entre les différentes influences prog, stoner et sludge des Américains, assis sur une production moins appuyée qu’auparavant, ‘Hushed and grim’ séduit dès la première écoute et semble taillé pour affronter le temps. Sûr des acquis de ses géniteurs, il devrait, si ce monde a un minimum de goût, asseoir un peu plus encore leur réputation.
Mastodon - The Crux [Official Audio] - YouTube

  1. MIDNIGHT ODYSSEY - Biolume Part 2 - The golden orb
    (19/03/2021 - I, Voidhanger Records)

Après deux albums d’ambient en 2020, Dis Pater reprend Midnight Odyssey là où il l’avait laissé, en signant le deuxième volet de la trilogie Biolume, débutée en 2019, avec une petite surprise à la clé. Alors que l’Australien nous avait habitué jusqu’ici à un black metal atmosphérique d’une grande froideur, il fait le choix d’une orientation plus épique (façon Bathory post années 80), comme le subodore le visuel belliqueux de l’opus. Si au premier abord le résultat désarçonne légèrement, notamment avec des samples de cuivres qui n’avaient jamais eu droit de cité jusqu’ici, il n’a rien d’un renoncement et ne fait au final qu’enrichir un panorama musical qui conserve tout son pouvoir de fascination et parvient à maintenir l’attention pendant plus d’une heure et quarante minutes d’écoute. J’ignore quels autres musiciens de la sphère metal peuvent s’enorgueillir d’une telle performance régulièrement renouvelée, mais je ne serais guère étonné s’ils se comptaient sur les doigts d’une seule main.
Midnight Odyssey - Rise of Thunder [Full Single] - YouTube

  1. CAMBION - Conflagrate the celestial refugium
    (26/03/2021 - Lavadome Productions)

Faisant suite à un premier EP sorti quatre ans auparavant, ‘Conflagrate the celestial refugium’ est le premier album de ce trio américain, qui semble considérablement ambitieux. En sept morceaux dévastateurs et un huitième plus atmosphérique (mais pas moins intéressant), Cambion expose brillamment son angle d’attaque du brutal death : un compromis idéal entre des riffs de guitare aussi efficaces qu’accessibles, typiques du death metal originel, et une batterie omniprésente et incroyablement technique. L’immense dextérité du frappeur Chason Westmoreland est en effet l’atout maître de l’opus, alignant sans broncher blast beats vigoureux et fills qui ne déplairaient pas à Dave Lombardo. Servi en outre par un mixage équilibré, ce disque est peut-être ce que le brutal death a produit de mieux depuis le dernier album en date de Dying Fetus.
CAMBION - Eiton Euclarion (Track Premiere, 2021) - YouTube

  1. YAUTJA - The lurch
    (21/05/2021 - Relapse Records)

Aux côtés de ‘Savigaila’ de Erdve, qui pointe en trente-deuxième position de ce classement, 'The lurch’ est l’autre album de sludgecore que je retiens de cette année, et sans difficulté aucune l’un des disques les plus enragés de ce top. Deuxième long-format des Américains, il sidère par les multiples mandales administrées sans la moindre pitié, n’hésitant pas à fricoter parfois avec le grind pour asseoir sa violence maladive. Non contents de maltraiter leurs instruments respectifs, les trois musiciens sont aussi capables d’intervenir chacun sur le plan vocal pour vomir leur fiel, en parfaite harmonie avec ces déflagrations sciemment grattées et tambourinées. Après avoir rugi pendant quarante-six minutes, Yautja laisse l’auditeur complètement groggy. Mais le pire pour ce dernier est encore à venir, car il en redemande.
YAUTJA - The Spectacle (Official Music Video) - YouTube

N°10 à 1
  1. CARIVARI - Reset
    (04/06/2021 - No Good To Anyone Productions)

Wheelfall n’est plus, mais son label a déniché un autre groupe de français furibards qui partage des influences similaires, bien qu’il en fasse un usage fort différent. Le quatuor est lui aussi habité par une colère des plus palpables, mais la fait s’exprimer ici via de grosses rasades de metal industriel chauffé à blanc, accompagnés de vocaux hardcore et de passages tirant sur le grind, un peu comme si Yautja, qui le talonne dans ce classement, avait développé une importante facette industrielle. Ajoutez à cela des machines menaçantes et un cadre posé par des samples relatifs à l’actualité récente (dont des extraits de discours navrants de l’autoproclamé Jupi-t’es-rien), et vous obtenez un premier album aux allures de nuée ardente ; ce qui est certes en concordance avec l’origine niçoise de Carivari, mais n’imaginez pas y trouver trace d’une promenade.
Carivari - Trapped Between Two Mirrors (official video) - YouTube

  1. VEXED - Culling culture
    (21/05/2021 - Napalm Records)

Deathcore, guitares djent, grosse production moderne, grognements d’ours scandés voire saccadés : Vexed avait tout sur le papier pour me faire passer un moment insignifiant à l’écoute d’un seul de leurs morceaux boursouflés de clichés. Pourtant, les Britanniques, aidés notamment par un enregistreur et mixeur aux tympans affûtés (Meyrick De La Fuente), parviennent à doser quasi-parfaitement l’intégralité de ces éléments, auxquels s’ajoutent une batterie plus naturelle que la moyenne du genre (bien que sonnant légèrement indus par moments) et la prestation ahurissante de sa chanteuse Megan Targett, autant capable de vociférations à faire frémir un tyrannosaure que de lignes mélodiques cristallines, qui évitent l’écueil du maniérisme durant la grande majorité de ce premier album. Alternant intelligemment groove monstrueux pour headbangers aguerris et riffs plus élaborés, ‘Culling culture’ est une véritable leçon de maîtrise que nombre de ses semblables devraient méditer.
VEXED - Hideous (Official Video) | Napalm Records - YouTube

  1. KREATIONIST - Dans l’interminable
    (26/11/2021 - I, Voidhanger Records)

Kreationist est le projet solo d’un Belge se faisant appeler Vidi, dont l’homogénéité des paroles est inversement quasi proportionnel à la richesse des moyens employés pour les mettre en musique. Puisant l’intégralité de ses textes chez Verlaine (quand un EP antérieur s’appuyait sur l’oeuvre de Rimbaud), ce premier album les met en valeur par le prisme d’un post-black riche en atmosphère, qui n’hésite pas à emprunter des chemins de traverse parfois improbables, faits de trip-hop, de noise, voire même de dub. En conséquence, la première écoute peut ne pas convaincre, mais laisse déjà ressentir le potentiel créatif de Vidi, dont l’utilisation judicieuse n’est plus à contester dès lors que l’on insiste un tant soit peu. Au final, ‘Dans l’interminable’ est un superbe disque aux frontières de l’avant-gardisme, soit un joli paradoxe au vu de la période des écrits auxquels il se consacre.
Kreationist - Il pleure dans mon coeur - Lyric Video - YouTube

  1. YEAR OF NO LIGHT - Consolamentum
    (02/07/2021 - Pelagic Records)

Ce n’est qu’en 2021 que j’ai découvert Year Of No Light et j’en suis attristé. D’abord porté sur le sludge, les Bordelais ont ensuite pris de la hauteur et invité le post-metal à leur table. Ce cinquième long-format, qui nous arrive huit ans après le précédent, montre à quel point le sextet dompte son sujet à la quasi-perfection. S’étendant sur cinq titres et cinquante-cinq minutes, leur doom entièrement instrumental est un véritable concentré de puissance évocatrice, autant capable de transporter par ses suspensions aériennes que par ses rugissements enragés. Et si le groupe n’avait pas opté pour une rythmique aussi inutilement tordue pour la majeure partie du morceau final, nul doute que ce ‘Consolamentum’, époustouflant par ailleurs, aurait probablement pu prétendre à une place dans mon top 3 de cette année. Foncez dessus si comme moi, vous faites partie des retardataires.
Year of No Light - Alètheia - YouTube

  1. ESOCTRILIHUM - Dy’th Requiem for the Serpent Telepath
    (21/05/2021 - I, Voidhanger Records)

Ma première expérience avec Esoctrilihum, datée de l’an passé avec le précédent album ‘Eternity of Shaog’, ne m’avait aucunement parlé. Je remercie donc ma curiosité d’avoir tendu l’oreille à ce sixième long-format du projet solo (oui oui, encore un) d’un multi-instrumentiste fou qui se fait appeler Asthâghul (guitariste, bassiste, batteur, claviériste, pianiste, violoniste… et gueulard aussi, tant qu’on y est). Incroyablement ambitieux, l’opus donne l’impression, pour tenter un résumé évidemment très imparfait, d’entendre Samaël fusionner ses différentes périodes sur fond de structures progressives et de réverbérations appuyées. Dark, black, néo-folk, death, prog : le Français déploie une richesse d’influences remarquablement amalgamées pendant soixante-quinze minutes si épiques que l’ennui ne parvient guère à se nicher ne serait-ce que dans un tout petit coin. Et une réjouissance nationale de plus, une !
https://www.youtube.com/watch?v=OKXdzQhQSAM

  1. AT THE GATES - The nightmare of being
    (02/07/2021 - Century Media Records)

At The Gates ne m’ayant guère intéressé durant la décennie précédente, je ne pouvais être préparé à la remarquable surprise que l’écoute de ce septième album allait me procurer. Forts d’une production parfaite et d’une inspiration renouvelée, les précurseurs du death mélodique repoussent avec une immense réussite les frontières du sous-genre, en l’enrichissant d’influences progressives du meilleur goût, tout en équilibrant ces apports par une accroche mélodique agréable afin de ne pas perdre le fil. Et si l’ultra-sécheresse des vocaux de Tomas Lindberg en fera compréhensiblement tiquer quelques-uns, elle ne saurait à elle seule noircir le tableau de ce formidable album, dont je rêve qu’il puisse influencer le melodeath des années à venir autant, sinon beaucoup plus que ‘Slaughter of the soul’ le fit en son temps.
https://www.youtube.com/watch?v=oNKxMkHavAw

  1. PSYKUP - Hello karma!
    (05/02/2021 - Regarts / Les Amis De L’Autruche)

Psykup tient indubitablement la forme. Le quintette toulousain a certes pris quatre ans pour délivrer un successeur à l’excellent ‘Ctrl + Alt + Fuck’, mais il serait bien déplacé de chouigner de la sorte devant l’excellence du résultat, qui fait rimer efficacité avec voracité. Suite logique de son prédécesseur, ‘Hello Karma !’ maintient le cap plus direct et compact adopté depuis la fin de son hiatus, avec une meilleure maîtrise des chemins de traverse que son metal avant-gardiste se plaisait à emprunter autrefois, au risque de s’y perdre. Le tout perd peut-être un peu en richesse ce qu’il aura gagné en homogénéité, mais ne se départit jamais d’une expression toujours aussi exigeante et talentueuse de l’énergie bouillonnante dont le groupe dispose encore sous le pied. Aisément l’un des meilleurs albums des adorateurs de l’autruche.
https://www.youtube.com/watch?v=s_jbgf0pHnA

  1. WHARFLURCH - Psychedelic realms ov hell
    (03/09/2021 - Personal Records)

Avec un tel titre, et un visuel qui lui va comme un gant, ‘Psychedelic realms ov hell’ affiche immédiatement ses intentions, qui ne sont pas sans pourfendre certaines conventions : imaginer l’enfer comme un lieu ouvert au psychédélisme n’est en effet pas une propriété qu’on lui prête instinctivement. Wharflurch n’en a que faire, et assène après trois EPs un premier album impressionnant, dont le death metal efficace, mâtiné d’influences diverses (doom, indus, electro) se pare d’une atmosphère qui émerge telle une épaisse volute de fumée multicolore, traduisant les différentes facettes d’un disque moins monolithique qu’il n’y paraît, entre puissance, agressivité, noirceur, oppression, et parfois un peu de mélancolie. On peut penser après coup au dernier Drug Honkey voire à Oranssi Pazuzu dans l’esprit, mais le quatuor américain semble déjà décidé à ne ressembler qu’à lui-même, avec un brio qui force le respect.
https://www.youtube.com/watch?v=CcNJzOPDdhM

  1. OPERA DIABOLICUS - Death on a pale horse
    (26/11/2021 - Season Of Mist)

Neuf ans après un premier album complètement passé sous mon radar, Opera Diabolicus remet le couvert en s’entourant pour l’occasion d’un casting de haute volée, composé de gens passés entre autres par Therion, Candlemass ou King Diamond. Visiblement très inspiré par ces invités ainsi que par une pléiade d’autres moins prestigieux, le duo suédois a sorti le grand jeu, en accouchant de cinquante-neuf minutes d’un superbe metal progresssif épique, chassant sur les terres du heavy traditionnel et du power metal, et nanti d’atmosphères horrifiques mises en place par une riche instrumentation (claviers, violons et orgues). Accompagné d’une production largement à la hauteur, ‘Death on a pale horse’ satisfait à toutes ses ambitions avec éclat, comme si le meilleur de King Diamond était retravaillé par Symphony X. Du très grand art, mûrement réfléchi, qui justifie amplement le temps qui le sépare de son prédécesseur.
https://www.youtube.com/watch?v=fXoiuYb9ukM

  1. HORIZON OF THE MUTE - Devious
    (24/11/2021 - Autoproduction)

Non content d’être parvenu à hisser son projet solo dans mon top 10 les deux précédentes années, Jani Koskela décroche cette fois-ci la timbale. Confirmant la tangente prise sur son précédent effort, le Finlandais poursuit son exploration de contrées plus extrêmes que l’hybride de doom et d’indus martial qui avait auparavant forgé l’identité d’Horizon Of The Mute. Un peu à l’instar du dernier Esoctrilihum, ‘Devious’ convoque de multiples influences, assez similaires à celles d’Asthâghul, mais les inscrit dans la sphère atmosphérique que Koskela trace depuis les débuts de son projet. Et qu’importe si je n’aurais pas été contre un rendu sonore un poil plus propre : le résultat est à mes yeux si singulier, riche et accrocheur qu’il me laisse pantois d’admiration pour la régularité affichée par Koskela, et surclasse selon moi tout ce que le metal a proposé en 2021.
https://www.youtube.com/watch?v=HC-K5kFmIvQ

6 « J'aime »

Bon bon vu que c’est la période des tops : année assez chargée pour moi, donc pas eu des masses de temps d’écouter bcp de musique. Au menu, pas mal de meufs indés, quelques trucs qui overlappent chez @Tristan , quelques vieilleries, des revenants qui me comblaient déjà les années précédentes, clairement pas assez d’artistes francophones (ça me désole un peu), et deux thèmes de film en bonus que j’ai écoutés en boucle cette année.

Si je devais juste choisir une dans ce top 2021, ça serait Julia Jacklin, artiste australienne aux talents de composition et paroles hyper classiques mais hyper carrés, et que j’avais complètement zappée alors que c’est déjà un peu gros. Conseil pour toute personne sur Tinder là bas : faites gaffe pas lui briser le coeur, c’est un coup à se retrouver comme sujet d’étude d’un album concept.


Je réalise que cela fait deux ans à quelques jours près que je ne suis pas allé voir un concert, et ça me manque au plus haut point. Le dernier c’était US Girls en Janvier 2020 juste avant que tout ferme :

4 « J'aime »

Pas sûr d’avoir grand chose de très intéressant à apporter, d’autant que j’ai surtout écouté de la chanson française assez grand public en 2021, mais au cas où, quelques partages :

Prière à mes rêves (Barbara Pravi)

Le titre que j’ai le plus écouté en 2021, me dit Spotify, qui a priori compte plus que moi ce que j’écoute. Une courte supplique érotique demi-éveillée, susurrée, scandée et entêtante, petit bonbon acidulé que j’ai bouloté sans trop m’en rendre compte. Accessoirement j’ai un rapport un peu compliqué à Barbara Pravi, artiste qui a explosé médiatiquement et commercialement en arrachant une quasi première place à l’Eurovision 2021 après une chanson dalidesque as fuck, et qu’on peut raisonnablement accuser de cabotiner un peu, mais qui a une voix et une prestance impeccables, auxquelles en tout cas je ne sais pas dire non. Bref, je plaide coupable.

La chanson du bal ( P.R2B)

Gros coup de cœur pour cette balade électro pop énivrée, languissante, romantique et crasseuse, à l’écriture très scénique, récit nocturne amoureux d’une anti-Cendrillon dans sa « robe couleur de spleen ». D’une manière générale, tout l’album est top. Une de mes découvertes de l’année.

Le monde s’est dédoublé (Clara Ysé)

Autre découverte, mais avec deux ans de retard, cette cavalcade pop tantôt entraînante ou déstabilisante, dans un univers surréaliste entre Mylène Farmer, Lynch et Dali, menée par la voix de cantatrice lyrique exaltée de Clara Ysé, compositrice et romancière franco-colombienne que j’ai depuis bookmarquée. Elle chante également en espagnol, et, oh, wow, cette voix.

Différente (Mesparrow)

J’ai vraiment beaucoup écouté d’interprètes francophones féminines l’année passée, en fait. Ici, une complainte introspective à la signature vocale singulière, grave et incertaine, sur un lit électro pop melliflu.

Pleurs de fumoir (Hoshi / Benjamin Biolay)

Pour une raison que je ne saurais expliquer, j’ai beaucoup écouté des duos en 2021 (c’était déjà le cas du reste en 2020 avec Phoebe Bridgers & Conor Oberst, à peu près le seul truc non estonien que j’ai usé l’an passé). Beaucoup d’amour pour cette chanson passablement gainsbourguienne, qui accessoirement, m’a beaucoup trop rappelé les volutes nocturnes capiteuses du Connétable pour ne pas m’être sympathique.

Mourir sur scène (Camelia)

Quel moment de radio. Depuis que j’ai écouté cette reprise, je ne comprends même pas comment on peut chanter Mourir sur scène autrement, et l’original de Dalida est devenue dans mon esprit le Dance Remix 1983 Edition. Alors, il ne s’agit pas non plus de tomber dans le sacrilège vu son importance symbolique, mais tout de même, ce qui n’était à la base qu’une chanson pour vieille star un peu excentrique, refilée à Dalida après avoir été initialement été pensée pour Halliday et Sardou, et qui n’aurait pas détoné dans un cabaret monégasque, devient une supplication intimiste toute en suspension, à peine expirée, à peine accompagnée, comme une confidence au creux du lit, dans un dernier souffle lumineux.

Hors France, j’ai écouté pas mal de choses, mais quasiment rien de 2021, ni même de 2020, en fait. Allez, si, deux-trois qui me viennent :

Blindness (Grandaddy)

Reprise du Blindness de Metric, réinterprété à la sauce Grandaddy : une balade traînante et éthérée, qui même quand la batterie s’éveille, garde ce côté délicat, planant, presque onirique. Du Grandaddy, quoi, mais je suis toujours content de les entendre.

Farewell to All we Know (Matt Elliott)

Mars 2020 aussi, donc début d’année. Découverte grâce à un ancien post de Tristan (ta sélection de 2020, peut-être, d’ailleurs ?), une balade nostalgique douce-amère d’une incroyable chaleur, grâce à la voix vibrante braisée, presque torréfiée de Matt Elliott. Le genre de voix à vous donner envie de vous assoir sur ses genoux et à vous laisser bercer, vous laisser convaincre que rien n’est triste, même le plus triste. Beau et réconfortant comme un thé aux larmes et aux écorces d’orange au coin du feu.

Who By Fire (Rufus Wrainwright)

C’est terrible, je découvre en cherchant la vidéo YouTube que cette reprise date en réalité de 2018. C’est pas grave, on n’a rien vu, ça joue : l’enregistrement en studio est bien de 2021. Bref, comme son nom l’indique, une reprise du classique de Leonard Cohen par Wainwright, qui lui apporte, outre une longue intro, un grain à la fois plus aérien, plus sensuel et plus flamboyant. J’ai fait toutes les fêtes avec cette chanson. Tout l’album est du reste un excellent album de Noël.

連備胎都不是

Intérêt musical : à peu près néant. C’est kitsch et cheesy as fuck, ça mériterait de passer en musique de fond d’un resto italien à la déco en faux marbre des années 80. Mais 1/ C’est un de mes souvenirs d’une de mes séries préférées de ces dernières années, Scissor Seven (ça fait d’ailleurs des mois que je veux écrire un truc dessus sans trouver le temps) 2/ cette chanson incroyablement mièvre est chantée dans l’animé par un chien à lunettes, et tout de suite le côté dégoulinant d’eau-de-rose passe beaucoup mieux 3/ en vérité j’ai pas le niveau en chinois pour écouter des trucs plus compliqués

Sinon ça n’a vraiment plus rien de nouveau mais ça remonte dans mon top des écoutes 2021, donc je pose ça à l’arrache, en mode capsule temporelle pour mon moi du futur :

Familiar (Agnes Obel)

Près de 26 millions de vues. Je parierais ma chemise que les 4/5e sont là grâce à la série Dark, dont la BO est une masterclass de bout en bout.

Ladies & Gentleman We’re Floatting in Space (Spiritualized)

C’est très connu, non ? Doux, planant, énivrant, dense et léger à la fois. Mais pour moi ça restera éternellement la chanson que je me mettais dans les oreilles en avril 2020 au moment d’aller faire une sortie pendant le confinement. Mais je l’écoute toujours, vu qu’on est toujours en 2020.

When I was done dying (Dan Deacon)

J’ai 6 ans et autant de millions de vues de retard sur le reste des habitants de cette planète, mais j’aime beaucoup ce morceau d’électro-pop complètement psychédélique, borderline névrosé, écouté en boucle cette année.

The Only Thing (Sufjan Stevens)

Aucune idée de ce que ça fout dans mon top Spotify, ni même de comment je suis tombé dessus, mais j’aime effectivement beaucoup. Une balade folk qui sent bon le Simon & Garfunkel, et donne envie de se lover avec son oreiller contre la vitre d’un train en route à travers l’arrière-pays verdoyant un matin d’avril brumeux, parce qu’il ne peut pas y avoir d’autre moyen d’écouter du Simon & Garfunkel.

Ever Had a Little faith? (Belle & Sebastian)

I see a pattern there. La moitié des trucs des années 2010 que j’écoute sont des machins qu’auraient pu chanter Simon & Garfunkel.

Step (Vampire Weekend)

Une autre berceuse mi électro mi Simon & Garfunkel.

By the ports of Europe

Découvert l’an passé, Benjamin Clementine est resté l’un des artistes que j’ai le plus écoutés. Et notamment cette chanson à la fois théâtrale, imprévisible et obsédante, sorte d’opera rock à l’air marin.


Je parlais de moment de radio plus haut, ce moment de télé-là, je l’ai clairement pas vu venir, et, oh, wow. https://twitter.com/tof_beaugrand/status/1480274129035145222?s=21

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Sur le PR stunt de Stromae, Libé est assez véner.

Personnellement partagé entre cet espèce de moment de glissement un peu fou, la mise en scène qui pète le cadre du 20h (j’ai dû m’assurer que le passage avait bien été diffusé sur TF1 au 20h), et le décalage foutrement gênant entre le thème de la chanson et la pirouette marketing. En tout cas je préfère découvrir ça comme spectateur que comme journaliste à TF1.

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Heureusement surpris par la direction du side-project de Thom Yorke et Johnny Greenwood, avec ce premier single hargneux et mal peigné. Un peu comme ce qu’avait fait Nick Cave avec Grinderman.

Retour de Zombie Zombie (et Druillet), en latin. Plutôt honnête.

Vae Vobis , le nouvel album du trio synthwave Zombie Zombie, sortira le 25 février chez Born Bard Records.

@Kanu Wow ce nom surgi du passé !

J’avoue que la pochette et les titres évocateurs des morceaux (In A Cabin, Dalliance in Wave, Time of the Season et autres sous-entendus) du dernier album déniché par Xerf Xpec – comme souvent la vidéo risque de sauter bien vite – m’ont intrigué quant à l’œuvre de Monica Lassen & The Sounds, groupe éphémère (actif entre 1969 et 1971) et apparemment exclusivement consacré à concevoir des albums-concepts sur la thématique de la sexualité du point de vue féminin. Leurs quelques vinyles sont depuis devenus des classiques du sampling. La sexologue suédoise éponyme Monica Lassen, officiellement en charge de vérifier l’exactitude scientifique du projet, est probablement un personnage inventé. Quelle époque…

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https://www.ubu.com/sound/dreyblatt.html

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Rattrapage de 2021, un album de hardcore old-school sud-coréen absolument impeccable, tendance Minor Threat / Black Flag.

10 morceaux en 17 minutes, je trouve toujours ça suspect quand on me parle d’authenticité en musique mais tu sens vraiment qu’ils ont la flamme. Si vous avez un mur à défoncer à coups de maillet ce week-end…

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@dma Il est en feu en ce moment, c’est ouf’. Donnez-lui un Ridge Racer à composer, bordel !

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Obligé.

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#Boom Bap

Cette nana déboite

De fil en aiguille je suis aussi tombé sur ce gars

(Prod par AKH en passant)

(Un autre AKH par contre.)

En boom-bap un peu vieillot mais avec une âme, je surveille ce que fait ByLwansta (Afrique du Sud).

Whaaa, j’étais persuadé qu’ils avaient fait une faute, parce que la prod ressemble beaucoup à une prod qu’AKH a déjà fait, mais que je ne retrouve pas là. Un artiste de plus à creuser :ok_hand:

(Tant que tu ne creuses pas les dernières prods d’IAM…) (Quel naufrage) :fantom_blue:

Jacques, le Vincent Lacoste du chamanisme flegmatique, le trublion de la cosmo-chanson française, revient en album le 11 février 2022. Je n’accroche pas trop au single, du coup je me réécoute en boucle son classique « Tout est magnifique » qui m’aura mine de rien beaucoup accompagné ces dernières années, en boucles infinies.

Ahhhhh, il faut trier ! Il y a des prods très cools qui se cachent derrière des trucs moins bien en effet.

Mais genre ça

Et surtout cette prod que j’adore (d’ailleurs c’est cette prod qui ressemble à la prod de l’autre AKH)

Moi c’est plutôt la position du groupe sur les vaccins qui me soule.

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Cette guitare !

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Je ne connaissais pas cette version, très relax (je l’ai eu en boucle aujourd’hui) :

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Dites donc, ça s’écoute tout seul, ce machin. Y a une petite vibe « allons faire du surf sur une plage d’Okinawa dans un clip des années 60 » qui n’est pas déplaisante.

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