Ce Tunisie-Australie, oyoyo, quelle purge ; j’ai passé la seconde mi-temps les yeux rivés sur Tactics Ogre.
@Kanu Non c’est probablement le même match puisque le film en question est justement mentionné dans l’article de So Foot.
Ce que ce dernier oublie d’expliquer, par contre, et je m’en étonne, c’est le contexte de la participation anglaise et pourquoi le mythe du match est si important : 1950, c’était la toute première fois que le Royaume-Uni daignait participer à la Coupe du Monde. C’est l’équivalent footballistique du moment où la Dream Team des joueurs NBA a débarqué à Barcelona ’92.
La FA (Football Association), la fédération anglaise de football qui est antérieure de plusieurs décennies à la FIFA, était opposée à la Coupe du Monde et à la FIFA dans son ensemble. Suite à la Première Guerre Mondiale, les Britanniques étaient tellement dégoûtés des Allemands (et globalement de toutes les autres nations) qu’ils avaient quitté la FIFA pour minimiser les rencontres internationales.
La Coupe du Monde (lancée en 1930) leur paraissait coûteuse, politiquement inutile, embêtante à caser dans leur propre calendrier national et redondante avec les Jeux Olympiques. Mais surtout, le pire des crimes : l’idée ne venait pas d’eux. Donc aucune raison de revenir dans l’association internationale et de se joindre au tournoi.
De toutes façons, les Britanniques se considéraient (probablement à raison) comme la meilleure équipe d’Europe (et donc de facto pour eux du Monde) dans la première moitié du siècle ; pourquoi aller s’emmerder à prendre un bateau pour aller filer des branlées à des peuplades inférieures (je reste poli mais rajoute tous les descriptifs racistes d’époque) ne faisant même pas partie de l’Empire ?
Après la Seconde Guerre Mondiale, dans l’atmosphère générale de réconciliation internationale et de création de l’ONU, les Britanniques ont enfin accepté de rejoindre à nouveau la FIFA et de participer à la Coupe du Monde 1950. Ils ont eu l’autorisation d’organiser leur propre tournoi UK pour choisir les deux équipes qualifiés (Angleterre et Écosse) et sont tous venus les pieds en éventail en pensant rouler sur la compétition. Et comme pratiquement personne n’avait joué contre eux depuis 30 ans, tout le monde croyait à la hype. Donc les Américains, OK, c’était des bons joueurs, mais c’est comme si Michael Jordan et ses copains s’étaient pris une tôle face à l’Angola en 1992.
Note d’ailleurs que juste après cette échec au Brésil, l’Angleterre ne s’est absolument pas remise en question, privilégiant la thèse de l’accident. Il a fallu attendre le fameux Match du Siècle en 1953 pour que l’Angleterre se regarde devant la glace et prenne plus au sérieux le reste du football international, à la fois d’un point de vue sportif mais aussi politique, en se débrouillant pour noyauter la FIFA, et se faire une Coupe du Monde à la Maison en 1966.
World Cup 1966 dont les Sud-Américains sont persuadés que l’Angleterre a complètement pipé les dés pour éviter une humiliation du genre Qatar 2022 (arbitres véhéments contre les Argentins, amnistie sur les fautes contre Pelé etc.).
C’est suite à cette présumée entourloupe anglaise que João Havelange (un Brésilien) a mis la main sur la FIFA, en convaincant les autres confédérations que les Européens se comportaient encore en bons colonialistes et donc qu’il ne fallait pas d’Européens à sa tête, et ainsi créé la FIFA « moderne » que l’on connaît aujourd’hui, beaucoup plus realpolitik et corrompue (mais corrompue plus équitablement).