Merci @Barbo ! Je voulais d’abord revenir sur cette histoire de football auriverde…
À ce titre, excellente émission de RMC (qui date d’avant la finale de Libertadores) sur le renouveau du foot brésilien et la domination actuelle de Flamengo et Palmeiras sur le continent.
On jouait ce week-end la dernière journée de J-League. Sans doute au grand désespoir de @Mister_Pinkounet , je n’ai pas trop mentionné cette saison de J1 parce que Kawasaki Frontale a (encore une fois) roulé sur la saison pour leur quatrième titre en cinq ans. Je crois qu’ils finissent avec quelque chose comme douze ou treize points d’avance sur les Yokohama F. Marinos mais franchement le championnat semblait plié dès le mois d’avril.
Le seul truc intéressant dans l’affaire est que Kawasaki et le bled banlieusard voisin de Machida ont longtemps été le berceau du football japonais chez les jeunes (un peu comme la banlieue parisienne et la région Rhône-Alpes en France) mais la ville de Kawasaki avait un peu disparu du radar pro quand les Yomiuri Verdy, la première grande équipe de football japonaise professionnelle, avaient cyniquement déménagé au nord-ouest de Tokyo pour récupérer plus de fans à la fin du XXème siècle. Truc que les fans locaux n’ont jamais vraiment pardonné, d’autant que le petit club de Kawasaki Frontale (ancienne équipe des employés de Fujitsu), alors récemment formé, s’était tout de suite bien plus investi localement.
C’est donc sans doute une bonne chose pour la J.League de revoir le championnat dominé par un club pro du coin, avec des attaches locales très fortes, une gestion économique rationnelle, et un effectif construit sur un mélange de jeunes de la région et d’une filière brésilienne facilitée par un jumelage de longue date avec le Grêmio (d’où les couleurs du club). Ça me rappelle un peu la grande époque lyonnaise et il faut espérer que le reste du foot japonais va s’en inspirer.
Si vous suiviez un peu de loin la seconde vie d’Iniesta au Vissel Kōbe (le club de Rakuten), le club a connu la meilleure saison de cette nouvelle ère en finissant troisième. Un type moins classe que moi pourrait souligner que c’est la saison où Iniesta a le moins joué et que tous les Espagnols ont dégagé du staff technique, mais je ne me permettrais pas.
Notez aussi que quatre clubs descendent en J2 cette année, pour seulement deux montées, car les rétrogradations avaient été suspendues l’année dernière en réaction au COVID.
Ces deux montées seront pour le Júbilo Iwata, ancienne gloire de la J.League au tournant du siècle, et surtout pour le Kyōto Sanga FC, éternel loser du football japonais qui avait touché le fond fin 2019 avec un match devenu légendaire : alors déjà qualifiés pour une montée en J1, les Kashiwa Reysol accueillaient Kyōto pour la dernière journée de championnat et un match a priori sans enjeu…
13-1 dont un octuplé (!) du Kenyan Michael Olunga, la plus grosse baffe de l’histoire du foot pro japonais, à tel point que les commentateurs des autres matches du multiplexe croyaient à un bug d’affichage. 13-1 se prononce “jū-san tai ichi” mais je pense que vous l’auriez déduit tout seuls.
Deux ans plus tard, Kyōto s’est un peu écroulé sur la fin de la saison et ne gagne finalement pas le championnat de J2 qui leur semblait promis cet été, mais ils réussissent tout de même à remonter en J1 pour la première fois depuis onze saisons et plusieurs désillusions entretemps (ils ont échoué trois fois en Play-Offs). Ils y retrouveront d’ailleurs les Reysol qui végétaient au milieu du classement de J1 cette année. Le club de Kyōto appartient à Kyocera, géant industriel du coin, et est soutenu en sponsoring par les trois autres grosses boîtes connues du bled : Kyōto Bank, Nintendo et Wacoal.
Mes petits chouchous du Matsumoto Yamaga FC repartent malheureusement en J3, trois ans après avoir connu une sympathique mais a posteriori inexplicable saison en J1. Loin des habituelles racines industrielles et médiatiques du football japonais, c’est une équipe fondée à l’origine par quelques potes fans de foot dans un bar de la ville (désormais détruit) qui a donné son nom au club.

C’est un peu comme si le PSG s’était appelé Aux Trois Obus FC. Ils avaient bâti leur récent succès sur les prêts de jeunes prometteurs qui sont depuis tous repartis dans leurs clubs.
Sachez enfin que le minuscule club du Tegevajaro Miyazaki, étonnant troisième (un seul petit point derrière le premier) de la J3 cette année pour sa première saison professionnelle, ne pourra pas – en tout cas à l’heure actuelle – monter en J2 faute d’homologation de son stade (tout au sud du Japon sur l’île de Kyūshū), ce que je trouve personnellement scandaleux mais conforme aux méthodes du football moderne.