Comme je vous jalouse. 2h30 de jeu, et mon Yowamushi, samouraï malingre de son état, s’est péniblement hissé au niveau 11 après une bonne heure passée tantôt à essayer de pexer, comprendre le système de pex du jeu (et l’utilité salvatrice des feux de camp), intégrer le mapping déroutant et surtout les règles tacites des combats - et souvent les quatre en même temps. Comme dit @aliochou, c’est vraiment une grammaire à part, je vois bien comment ça peut paraître indolore pour un habitué des From Software, et comment ça n’est que souffrance autrement.
Pour l’instant ma plus grande incompréhension, en venant d’autres systèmes de jeu, c’est vraiment cette inertie fatale quand on vient de se prendre un gnon, ou pire, que spectro-dada vient de disparaître : il m’est arrivé plusieurs fois de ne me faire enchaîner par des mobs a priori pas bien méchants juste parce que mon pauvre samouraï était encore en train de se relever et que manifestement l’animation n’était pas pressée de se finir. Beaucoup d’incompréhension, aussi, sur ce bouclier que j’ai vite cessé de sortir tant je me suis retrouvé plusieurs fois à appuyer sur le bouton pour le brandir - en vain - sans comprendre pourquoi ce satané samouraï de mes deux refusait de se protéger alors que je lui en intimait l’ordre. D’une manière générale, j’ai toujours l’impression qu’il y a dans les From Software une latence assez déconcertante, qui doit certainement faire partie du plaisir quand on la maîtrise, mais qui rend la prise en main très ingrate au début.
Je vous passe les morts absolument ridicules, imputables à des réflexes rebelles, souvent des souvenirs fantômes de mes trop longues heures récentes sur divers Assassin’s Creed : pour moi le bouton d’attaque c’est carré ; les gâchettes, c’est un truc de FPS. Quand à l’idée de devoir gérer l’armement de chaque main avec deux boutons différents, et de ne pas pouvoir switcher de l’arc à l’épée d’un coup, ça me dépasse. Bref, pour l’instant je suis bien perdu, entre de vieux réflexes parasites et un mapping très particulier, donc c’est pas évident évident de rentrer dedans. Rajoutez à ça que l’amboisse poisseuse et lugubre à souhait des passages en intérieur me fout la pétoche… Vivement un Kirby en open world, quand même. (notez que j’ai compris très tard comment appeler le dada, et que je me force à monter de niveau par trouille avant d’aller explorer tranquillement)
Par contre, quelques moments wow quand même, et notamment, forcément, la sortie de la cave qui sert de tuto : le monde est assez estomaquant, à la fois de lourdeur, de mélancolie et d’étrangeté ; le chara design est remarquable ; les paysages s’imbriquent les uns dans les autres avec une organicité admirable, et respirent d’autant mieux que le HUD est redoutablement épuré. Je ne me suis pas assez aventuré pour apprécier vraiment le sentiment de liberté et d’ivresse du vagabondage, mais le sentiment d’être livré seul à soi-même dans un monde désolé, les poches vides de tout indice, est immédiat.
Concernant l’univers, pour l’instant je le trouve un peu convenu. Ne serait quelques teintes sepia, c’est quand même de la dark fantasy assez classique, avec un lore qui semble aussi abondant que revêche : pour l’instant, j’ai l’impression que le jeu se contrefout royalement que je comprenne quoique ce soit à son lore et c’est assez réciproque. A ce stade je suis assez curieux de savoir comment ça se passe pour un habitué des From Software : est-ce qu’il y a le même sentiment d’univers aussi foisonnant qu’hermétique ou des références croisées permettent de se sentir en terrain familier malgré tout ?
Je rejoins sinon les quelques remarques sur la radinerie d’Elden Ring en matière d’explications, notamment des objets en tout genre : il y en pleut de partout sans la moindre once d’épaisseur ni de fonction évidente. Comment voulez-vous vous cuisiner une fricassée de bolée avec ça ?
Je ne sais pas dans quelle mesure il est possible de parcourir le jeu en mode touriste, comme on pourrait le faire dans un Breath of the Wild ou un Red Dead Redemption 2, mais en tout cas ça donne envie.
(mais purée, qu’est-ce qu’il me fout les pétoches)