♪ Quaaand je jouuue ♪ Impressions, questions et discussions JV

J’allais partager ça dans le topic musique mais finalement j’ai moins envie de parler du morceau en lui-même que de son empreinte synesthésique. Je vous encourage à lancer la vidéo et lire la suite dans la foulée.

En désespoir de pause de Xenoblade 3 alors que j’atteins les 100h au chrono et qu’apparemment j’en ai encore pour un tiers de gâteau, j’ai préféré profiter d’un nouveau set-up rien que pour la PS2 près de la cuisine et j’ai passé la dernière insomnie fortuite sur Kenran Butōsai ; un jeu auquel je n’avais pas touché depuis quinze ans et alors armé d’un niveau de japonais bien plus modeste.

C’est une espèce de simulation d’interaction sociale, mâtinée de stratégie et de gestion, développée par une grosse partie de l’équipe qui avait auparavant œuvré sur le jeu-culte Gunparade March de la PS1. On passe bien 80% du jeu à errer dans un long couloir stérile au cœur d’une base sous-marine extraterrestre (imaginez Babylon 5, sur la planète Mars, entièrement submergée par une terraformation foireuse) pour discuter avec les autres humanoïdes, céphaloïdes, delphinoïdes et autres nawakoïdes qui squattent le même xenobled que nous. Bandai et Sony Music avaient produit une série animée parfaitement anonyme en parallèle mediamix à deux sous. « C’était la mode à l’époque. »

La mécanique centrale du jeu, c’est que littéralement chaque conversation – plus souvent le sujet choisi que les réponses données – influence les statistiques de notre interlocuteur, interlocutrice ou interlocutruc. Ces stats, en retour, vont influencer le comportement du personnage lors de situations de crise ultérieures scriptées dans le calendrier du jeu – car le temps passe bien vite pendant qu’on ne branle pas grand chose – et les différents aléas de la base causeront des embranchements selon les embrouilles, les romances, les jalousies, les coups de traîtres ou carrément les trépas qui émailleront progressivement l’aventure de l’équipage.

Tout au long de ce blabla parfois léthargique, on entend quasi-uniquement ce morceau ♪Broadside Rest (on duty) qui est à la fois simplet mais attachant, lancinant mais relaxant, rébarbatif mais hypnotique. Et bien sûr, l’interface n’en peut plus de se regarder pisser. Le jeu est sorti en 2005 mais c’est peu dire qu’il transpire encore le panache insouciant et l’arrogance insupportable des premiers jeux PS2 qui se croyaient tout permis, à un carrefour artistique important du milieu multimédia japonais.

Le jeu comme le morceau sont objectivement chiants comme la pluie acide d’un février sur Mars mais dans les bonnes conditions, dans la bonne torpeur décompressée, à la bonne cinquième heure du matin, pile quand l’aurore citadine percute le bitume et transperce les rideaux, avec le bon câble D-Terminal branché sur le bon téléviseur LCD 480p, tandis que s’enclenche la bonne conversation absurdement mondaine avec le bon PNJ modélisé par les bons polygones douillets de la PS2 en 60 images/secondes, on se surprend à penser qu’on est exactement là où il faut.

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