[ré] animation !

Si vous l’avez en « VHS », je suis preneur. Le pire c’est que j’aimerais vraiment le trouver en VHS.

Hum. C’était mieux avant quand on foutait pas inexplicablement de l’EDM de flan périmé sur Honneamise ? Je suis d’accord. C’est plutôt un film à voir en Laser Disc qu’en VHS, si tu veux la vibe de l’époque. Et voilà ce que tu devrais entendre :

@Howardphilips Je ne sais pas si on peut résumer Anno au mechadesign (il a fait bien plus pour le film), ni le mechadesign à Anno (bien plus d’artistes sont venus créer leurs machines au fil de la production).

C’est un projet légendairement foutraque, avec un million de collaborateurs avançant dans l’inconnu sans gouvernail, qui a failli tuer la Gainax : ce fut un four commercial monumental et cet échec a profondément impacté la production de dessins animés adultes au Japon jusqu’à possiblement Innocence (le film d’art et d’essai déguisé en suite de GitS).

Perso j’aime beaucoup la musique, même si je conçois qu’elle est parfois impénétrable. J’ai toujours interprété la démarche de Sakamoto comme une volonté de créer une musique populaire (rock ou pop ou traditionnelle selon les scènes) « alternative » à celle de notre univers, de la même manière que le film représente une conquête spatiale alternative à la nôtre.

Je soupçonne d’ailleurs qu’elle (et plus généralement le taf de Sakamoto de cette époque) a profondément influencé des compositeurs et compositrices JV comme Hamauzu Masashi ou Kobayashi Saori.

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Okada Toshio disait récemment que le film n’avait pas si mal marché (je ne sais plus s’il parlait de l’exploitation salles ou des ventes de vidéos ensuite). Le problème c’était le budget pharaonique qu’ils ont cramé au cours de la prod : il aurait fallu des résultats de dingue pour rattraper ça…

Oui, il me semble que c’était le film le plus cher de l’Histoire de l’animation japonaise avant Mononoke, ce qui est complètement timbré quand tu vois le film et la bande de gamins à qui on a filé ce pognon, en comparant par exemple le budget et l’exécution du film avec un truc comme Akira ou le premier film Patlabor. C’est d’avantage une soustraction budget – recettes = catastrophique qu’un véritable bide absolu au box office.

Yasuhiro Takeda, fondateur et ancien DG de Gainax, nuance pas mal l’échec légendaire du film u box-office dans sa biographie, Notenki Tsushin.

It’s commonly believed that while Oritsu Uchugun was a well-made film, it was a failure at the box office. That’s completely untrue. It may not have been a huge hit, but it certainly wasn’t a flop. Not a single theater canceled its run, and at some locations, it actually had a longer run than initially planned. I think a false apprehension probably emerged because a few people voiced their own unfounded assumptions—that a story as complex and subtle as this couldn’t possibly draw crowds, and from there the rumors just took on a life of their own.

Regardless, this was a big-budget production. For an animation budget in Japan at the time, ¥800 million was a huge chunk of change. It would have been large even for a live-action Japanese film. The budget scale meant that reclaiming all the production costs at the box office simply wasn’t feasible.

C’est connu que les sorties vidéos successives ont permis au film de devenir bénéficiaire. Et Bandai, qui produisait Honneamise, a directement rempilé avec Gainax pour produire ensemble Top wo Nerae!/GunBuster. Donc quelque que soit l’ampleur du déficit laissé par le film dans les poches de Bandai, ça n’avait pas entamé leur confiance dans le talent des jeunes fondateurs de Gainax.

On peut aussi ajouter que le film a été produit en pleine bulle spéculative, les boites japonaises nageaient dans le pognon gratuit à cette époque et finançaient un peu n’importe quoi pour s’en débarrasser. Dans l’animation ça nous a donné une série de projets pharaoniques qui ne pouvaient espérer se rentabiliser dans le circuit d’exploitation normal, comme Manie-Manie ou Robot Carnival mais apportaient un prestige certain à ses producteurs. Aujourd’hui encore Honneamise est un des joyaux les plus étincelant du catalogue Bandai Visual/Emotion, à tel point qu’ils avaient nommé Honneamise leur (défunt) label destiné aux œuvres patrimoniale.

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De ce que j’ai compris, c’est effectivement au moment de sa sortie que le film s’est planté, les frais engagés étant trop importants (même s’il me semblait qu’Akira avait un budget plus important). Je suppose que l’autre facteur à prendre en compte dans ce relatif échec est le fait que Gainax ne faisait pas où peu de bénéfices sur les films, séries et OAV produits avant Evangelion, et ce malgré le succès d’une série comme Nadia. C’est la branche jeux vidéo qui rapportait le plus au studio dixit Okawa, et il me semble que c’est confirmé dans Notenki Tsushin (qui n’hésite pourtant pas à casser Okada et la légende qu’il s’est construite).

J’ai essayé d’aimer ce film mais je ne suis jamais parvenu à rentrer dedans. Vu l’univers, le sujet et le casting, ça devrait complètement être ma came, mais la sauce n’a jamais pris malgré plusieurs essais.

En parlant d’Honneamise, Mahiro Maeda va enfin faire l’objet d’un artbook réunissant ses différents travaux en fin d’année. Son annonce a plus ou moins coïncidé avec la sortie de Furiosa (qui se plante aux US), personnage sur lequel il avait travaillé.

[Euh mince j’ai édité/effacé ce message par erreur, mais en gros je disais que Takeda a bon dos de minimiser l’échec du film car on parle d’un déficit de près de ¥500M et Ufotable avait autrefois mentionné dans une table ronde qu’il avait quand même fallu quinze ans pour rembourser le film (donc circa 2002). Mais il y a peut-être aussi des histoires d’Hollywood Accounting et peut-être que cela arrangeait bien certains comptables de Bandai que pouf pouf l’argent disparaisse. Et ensuite un truc du genre « finalement il a fallu attendre Evangelion (mais par la télévision, et via un financeur qui pensait vendre des maquettes, et conjugué avec l’affaire Aum) » pour concrétiser l’ambition de Gainax de proposer un film intelligent et à message envers les otaku au sujet de leur place dans la société japonaise.]

Puisque ça parlait du taf d’Anno en tant que directeur des effets spéciaux sur le film, j’ai fait un peu d’archéologie de disque dur pour retrouver ces scans du livret du blu-ray avec un fantastique article d’Hikawa Ryûsuke qui en parle en détails.





Je me souviens encore comment l’analyse image par image de l’explosion du tank en page 4 avait été un de mes déclics de sakuga otaku. Réaliser toutes les intentions, la préparation et le travail qui ont été investis dans ce qui à l’écran ne dure même pas 5 secondes.

Je ne remet pas en cause le raisonnement dans son ensemble, mais petite précision : une des particularité d’Evangelion c’est justement qu’à l’origine du projet il n’y a pas de fabriquant de jouets. Anno, qui co-designait les Evangelions avec Yamashita, ne voulait pas d’un producteur qui viennent lui dire comment concevoir ses robots et donc la série n’a été proposée aux fabricants de jouets qu’une fois ces derniers créés et finalisés. Bien sûr ces designs trop anthropomorphes, avec un torse et des membres trop fins, ne leur convenait pas et ils ont tous refusé de financer les uns après les autres. Au final c’est SEGA qui a fini par accepter, j’imagine en se disant qu’ils pourraient produire des figurines pour les UFO catchers en plus de l’exclusivité des jeux sur Saturn. Et ils ont ensuite licencié la chose à Bandai & co et s’en sont mis plein les fouilles au passage.
Aujourd’hui c’est normal, mais à l’époque un robot anime à la télévision qui se montait sans fabriquant de jouet derrière c’était du jamais vu.

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(Oups, j’ai édité l’autre message par erreur.)

L’histoire, ce n’était pas plutôt que cela devait être un truc de jouets mais qu’Anno et ses copains avaient délibérément saboté ça en concevant délibérément un robot qui ne tiendrait (littéralement) pas debout en maquette, et du coup Bandai a abandonné le projet en cours de route ? C’est peut-être une légende urbaine ou Bandai qui tente de passer un peu moins pour des totos dans l’affaire (qui a grandement contribué au projet de fusion Sega-Bandai), mais c’est ce que j’avais entendu de la part de Bandai.

Pas à ma connaissance.
Pour moi tel que ça s’est passé, après la fin de la prod de Nadia Gainax est dans le rouge. Ils étaient sous-traitants mais ont dépensé sur la série plus que ce que la NHK et Group TAC leur avait filé, comme si ils détenaient le gensaku et allaient toucher des royalties. S’ensuit une période difficile pour le studio où ils n’arrivent pas à monter leurs projets en animation (Aoki Uru, Olympia…) et où les trucs hors animation, genre Gainax USA, ne sont pas rentables. Du coup le studio arrête de payer les salaires de ses employés, la moitié de ces derniers se barrent fonder Gonzo et c’est Akai et ses Princess Maker qui assure de quoi maintenir la boite à flot.
Au milieu de tout ça Anno retrouve un de ses amis qui bosse chez King’s Record/Starchild et lui avait fait la promesse entre bros qu’un jour il produiraient un anime ensemble. Otsuki rappelle sa promesse à Anno un soir où ils se revoient pour boire un coup et Anno lui parle de comment il aimerait créer une œuvre qui rend hommage à la fois aux tokusatsu de son enfance, Ultraman en premier lieu, mais aussi aux séries de SF anglo-saxonnes de cette même époque. Ils commencent par établir les bases de la séries ce soir là, se mettent d’accord pour la développer et Anno rentre au studio où tout le monde n’a tellement rien à faire que presque instantanément tous les employés encore à Gainax vont suivre Anno pour débuter la pré-prod de la série.

Je cite à nouveau Takeda :

Anno knew a guy from King Records named Otsuki, and as the story goes, the two were out drinking one day when Otsuki suggested to Anno that they work on a TV anime project together. Anno agreed on the spot, came back to the office and promptly announced it to everyone. Nobody even batted an eyelash. We all just accepted it without further thought. I remember thinking OK, so Anno’s made the decision then, and that was that. No surprise, nothing out of the ordinary.

et aussi

When Otsuki brought the proposal to a certain unnamed toy company, the guy there told him a robot with a design like that would never sell. He said the legs were too skinny, and then proceeded to give Otsuki a lecture on the principles of robot design. Otsuki is bitter about the incident to this day. In the end, Sega acquired licensing rights to the merchandise, and the other toy company would later license from Sega or work through them to distribute Evangelion models.

Pour moi le projet que Bandai devait financer pour accompagner des jouets c’était Cowboy Bebop, sur lequel Watanabe avait négocié une liberté totale tant qu’il y avait le quota de vaisseaux spatiaux. Bien sûr 6 mois plus tard quand les mecs de Bandai viennent voir où ça en est et voient les 4 pauvres vaisseaux de la série, ils font la gueule et retirent leurs billes et c’est Bandai Visual qui viendra sauver la série et lui donner le budget de ses ambitions.

Capito ! Honnêtement c’est aussi possible que je commence à confondre les anecdotes (mais cela m’étonnerait d’avoir discuté de Bebop avec ces gens).

En tout cas, j’y pensais sous la douche mais je me demande si on = je ne sous-estime pas un peu trop l’importance de Production I.G. dans la transition Honneamise → Mononoke ; surtout que, question timing, la fondation du studio fin 1987 colle exactement avec la sortie des films ci-dessus (Manie Manie, Honneamise, Robot Carnival = 1987).

Pour reprendre mon propos effacé par mégarde ci-dessus, l’échec d’Honneamise marque un peu la fin d’une époque « intellectuelle » pour le long-métrage d’animation japonaise et la reconcentration de l’industrie vers un cinoche plus commercial, mais I.G. va justement profiter de ces adaptations pour continuer à diffuser une critique idéologique du Japon – et avec plus de succès que le deuxième film Urusei Yatsura pour Oshii – dans des prods en théorie mieux calibrées pour le marché de l’animation locale.

C’est sans doute Evangelion puis le succès colossal de Mononoke qui remettent le cinéma d’animation d’auteur sur les rails, mais on n’aurait sans doute pas eu des films Digimon post-modernistes (et donc Hosoda) sans le refuge de cette mouvance dans les films de Production I.G. (sans parler de l’héritage Kon via Patlabor 2, etc.).

Wow, j’adore ces échanges qui commencent par une innocente vidéo pour devenir une avalanche d’informations ! Et je suis content de voir que Tetho est toujours vaillant.
Merci beaucoup !
Je reviens juste sur quelques points :

La musique de Sakamoto
Je n’ai pas de problème avec la composition en elle-même, même sur les morceaux les plus atonaux. Ce qui m’a gêné, dans le genre presque sorti du film, c’est que certains morceaux, parfois très courts sont mixés ultra forts par rapport au reste, parfois sur des scènes complètement anodines. Peut-être que ça passe beaucoup mieux au ciné ou sur du 5.1 (que je n’ai pas) mais j’en doute un peu. Après your milage may vary

Le rôle d’Anno
Merci encore à Tetho pour avoir indiqué qu’il était superviseur des effets spéciaux. Je ne savais pas que ça existait en animation mais j’ai bien compris l’intérêt maintenant. Alors, évidemment il avait un rôle de superviseur, avec sûrement une tetrachiée d’animateurs sous son égide, et son rôle, comme celui de l’ensemble des membres de l’équipe était sûrement bien plus organique qu’un titre sur le papier. Néanmoins, quand on voit le souci du détail dont il a fait preuve, tel qu’indiqué dans le document de Tetho, il y a sa patte sur beaucoup d’éléments mécaniques du film et ça a dû nécessiter un travail de dingue. Je me rends compte aussi que quelqu’un d’aussi perfectionniste travaillant dans l’industrie de l’anime ne pouvait que faire une belle dépression et c’est étonnant que ce ne soit pas arrivé avant Nadia ou qu’il soit encore dans le milieu.

J’ai aussi lu la fiche du film sur Wikipédia US et j’ai beaucoup aimé l’anecdote du patron de Bandai qui a donné son feu vert parce qu’il n’avait rien compris au pitch et que ça plaira donc sûrement beaucoup aux jeunes des générations suivantes. Merci pour sa prescience artistique, à défaut d’être commerciale mais c’est la beauté de nager dans la thune.

PS : j’ai aussi fini de regarder Robot Carnival. Je suis beaucoup moins enthousiaste même si, là encore, c’est un beau festival en matière d’animation. Belle performance mais je pense qu’à part l’histoire de la gynoïde « amoureuse » je n’en retiendrai rien.

En rapport avec les dessous de productions anime 80’s emblématiques, la dernière parution d’Animation Obsessive revient sur la genèse du projet Neo-Tokyo / Manie-Manie et la manière dont Otomo s’est formé à l’animation presque seul aidé d’un épisode de Lupin III.

J’ignorais au passage que l’anthologie avait été bouclée en 1985.

According to Rintaro, Neo Tokyo was designed as a double bill with the little-known Time Stranger (1986), also adapted from Taku Mayumura’s work. Plans changed after a poor internal response to Neo Tokyo — specifically, investor Haruki Kadokawa wasn’t happy. The anthology was too out-there, he said. It was shelved.

(En plus de tous les films mentionnés plus haut que vous me donnez envie de revoir, j’ajoute ce Time Stranger à la liste).


Oublié d’en parler en début de semaine mais Johan et Pirlouit préparent leur come-back, près de 80 ans après leur création (1947).

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Je ne sais que penser de cette annonce.
En grand fan de Johan et Pirlouit devant l’éternel, convaincu que c est le chef-d’œuvre de son créateur, malheureusement à jamais dans l’ombre de son bien plus populaire spin-of, je me réjouit de voir la série remise en avant d’une façon qui n’est pas un jeu vidéo produit par Microids.
De l’autre le key visual là me fait vraiment peut sur la direction du projet. Le groupe de 5 héros, avec un troll, une gamine à fourrure et un smurf, qui tape la pose devant la forteresse maléfique du méchant, ce n’est pas Johan et Pirlouit, c’est une partie de JDR.

Je viens de réaliser que les Lapins Crétins sont en quelque sorte les Schtroumpfs du XXIème siècle. Dios mío.

Je m’en voudrais de vous laisser là-dessus, donc rajoutons que Guilty Gear StrIVe va avoir droit à son dessin animé, Guilty Gear StrIVe: Dual Rulers.

Ce serait cocasse que la série soit moins bien animée que le jeu.

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Le ton de cette vidéo ne sera pas au gout de tout le monde mais les extraits maboules de l’anime One Piece, décortiqués ici, réactivent ma frustration de ne pas avoir la bande passante pour écluser cette série (à l’instar de Naruto, dont la mise en scène de certains combats est remarquable d’inventivité mais qui sont perdus au milieu d’un désert de fillers).

Vivement une version redux.

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Si l’idée de t’enfiler plus de 1000 épisodes te rebute, tu peux toujours passer par des sites comme Sakugabooru qui sont justement là pour isoler certaines séquences d’animation remarquable tout en créditant autant que faire ce peut l’animateur en charge de telle ou telle séquence.

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Petit retours d’Olivier Fallaix sur quelques films présentés à Annecy 2024.

Curieux de voir The Birth of Kitaro - The Mystery of GeGeGe.

toussetrente-cinq

Je dois certainement oublier une pub Honda ou Nissin à la con mais sinon c’est la première fois qu’ils et elles reprennent leur rôle dans une œuvre d’animation depuis 2008 (depuis seize ans, donc).

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C’est … C’est pas ouf’ mais j’admire l’abnégation de se jeter à corps perdu, à ce point, au bout du gag.

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